Culture
Musiques Amazighes : Un patrimoine à préserver pour construire une mémoire collective
Musique, cadre bâti, savoir-faire de maîtres maâlems de la région, des composantes du Souss Massa dont il faut prendre soin. C’est dans cette logique que s’inscrit le festival Timitar, un des 25 meilleurs rendez-vous du genre, selon le magazine anglais «Songlines».

En ce début d’été, les musiques amazighes accueillent dans le chef lieu du Souss les musiques du monde à l’occasion de la 16e édition du festival Timitar. Ce festival est bien plus qu’un rendez-vous annuel de l’expression musicale amazighe. C’est aussi un moyen de rayonnement de toute une région à travers le monde, souligne Brahim El Mazned, directeur artistique du festival Timitar. Le festival a été sélectionné à plusieurs reprises parmi les 25 meilleurs festivals internationaux par le prestigieux magazine anglais Songlines, rappelle fièrement El Mazned. «L’évènement depuis sa naissance contribue aussi au débat national autour de la question amazigh et sa place dans la diversité culturelle nationale», poursuit-il. Au-delà, il contribue au développement de la production musicale amazigh et l’inscription dans le patrimoine de l’humanité des folklores et productions musicales du passé de la région.
Cette année, c’est particulièrement à la musique des Rways qu’un hommage sera rendu dans le cadre de la programmation de Timitar Off. L’association Atlas Azawan, engagée dans la promotion du travail des artistes marocains afin de préserver et de renforcer l’identité plurielle du Maroc, réalise, justement sous la direction de Brahim El Mazned, une anthologie destinée à enregistrer les plus grands noms de cet art traditionnel. Il s’agit de le faire découvrir au grand public au Maroc et à travers le monde. A noter que ce travail intervient après la valorisation avec succès de l’art musical de l’aïta, toujours sous la direction de El Mazned. Pour le patrimoine musical des Rways, mélange de rythmes, de poésie, de chants et de danse, c’est la préservation d’un héritage immatériel souvent constitué de traditions orales, de chants et de musiques non écrites, qui le rend vulnérable. D’où l’importance de la démarche, pour bon nombre d’observateurs qui s’inquiètent du risque de disparition de cet art face à l’arrivée massive d’autres traditions musicales.
Concrètement, à l’instar du travail réalisé en faveur de l’art de l’aïta, il s’agit de «fixer sur support audio une anthologie de l’art des Rwâys afin de favoriser la diffusion à l’échelle nationale et internationale cet art éphémère et immatériel, notamment dans les bibliothèques nationales et internationales», explique le directeur du projet.
Dans l’arrière-pays, le travail de restauration des Igoudars du village d’Immchguiguen, dans la province de Chtouka Ait Baha, s’inscrit aussi dans cette optique de préservation d’un patrimoine matériel et d’un savoir-faire local ancestral. Le projet a bénéficié du loobying du parlementaire Saïd Dor, du soutien du Conseil régional Souss Massa et de l’accompagnement de la délégation régionale de la culture et des élus de la commune rurale Aït M’zal, sans oublier l’Agence de développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA). Les travaux de restauration, achevés depuis un an, ont nécessité un investissement de 1,3 MDH, entièrement financé par le Conseil régional du Souss Massa. Pour rappel, tout a commencé, en 2004, par l’intérêt porté par les femmes architectes du Sud (ASAS, association solidaire des architectes du Sud) à la restauration des Igoudars de l’arrière-pays qui en ont fait une de leur priorité. Pour le suivi et la conception du projet, c’est l’architecte Samira Saoudi qui a pris en charge le chantier bénévolement.
La réhabilitation du site de la Kasbah de la ville, Agadir Oufella, correspond aussi à cette préoccupation de préserver une mémoire collective. Le lieu est non seulement une symbolique de la ville d’Agadir, mais aussi le vestige d’une autre époque de l’histoire de la cité. Le fort qui a survécu à deux tremblements de terre en 1755 puis en 1960, est un facteur d’identité pour ses habitants. Ce projet est confié à l’architecte Salima Naji. Collaborent également un collège d’archéologues, d’historiens, de rescapés du tremblement de terre, la société civile et le ministère de la culture. «Le contexte est celui d’une situation post-catastrophe qui pose un certain nombre d’enjeux de réhabilitation. Le premier étant celui de respecter ceux qui reposent en paix après le tremblement de terre de 1960, sans pour autant empêcher les générations à venir de comprendre d’où elles viennent», expliquait à ce sujet Ahmed Hajji, wali de Souss-Massa, au cours d’une journée d’étude sur le dossier.
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