Page 16 - La Vie éco - 12 Mars 2021
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débats
en direct Grand entretien
économie L'évè nement
ENTRETIEN
politique
société
«La hausse des produits agricoles importés
ne sera pas répercutée sur le prix final»
culture
échos
n La consommation du lait a connu des baisses allant jusqu’à 18% en 2020, en raison des effets de la
pandémie n L’alimentation du bétail est à 90% importée et représente 65% dans le coût de production.
carrières
n Les usines de transformation marocaines n’ont rien à envier aux internationales en matière d’équipements.
n Comment se porte la
filière du lait ces dernières
votre argent Moulay M’hamed
années ?
Les deux dernières années
n’ont pas été clémentes vis-
à-vis du secteur. Le pays a Loultiti
connu deux années de sé-
cheresse successives qui ont Président de la Fédération
fortement impacté la pro-
duction laitière, mais aussi interprofessionnelle
le cheptel. L’effet était tel,
qu’en raison d’une alimen- Maroc Lait
tation insuffisante, certains
éleveurs ont dû vendre une
partie de leur bétail. Ce qui La filière fait face à de
a réduit naturellement la
production pendant une nombreux défis, en
certaine période, le temps
de reconstituer le bétail. commençant par l’informel.
Conséquence : un manque
à gagner considérable pour Ce phénomène reste toujours
les éleveurs de petite taille,
surtout ceux situés dans présent quoique nettement
les zones bour et qui natu- moins qu’auparavant
rellement dépendent de la
pluviométrie. En plus des
conditions climatiques, ces
éleveurs ont pâti également
des moyens financiers limi- mencent à surpasser cette La première chaîne de la hausse des produits agri-
tés et de l’éclatement des crise qui était passagère mais valeur qui subit directe- coles importés sera réper-
surfaces agricoles (lors d’un dont le coût des pertes reste ment l’impact de la hausse cutée sur le prix final à la
héritage), entraînant un important. En revanche, les AU-DELÀ DE L’ABAISSEMENT des matières premières agri- consommation.
taux de déperdition impor- effets de la crise sanitaire coles est celle de la produc-
tant. D’autres évènements se font toujours sentir et ils DE LA CADENCE, LES tion. En fait, l’alimentation n Quels sont les défis que le
ponctuels et imprévus sont restent différents d’un opé- INDUSTRIELS SONT des ruminants se compose secteur n’arrive toujours pas
ère
venus noircir le tableau, tels rateur à l’autre. Il faut savoir de deux volets : la 1 est à relever ?
que le boycott qui a énor- que les usines de transfor- OBLIGÉS DE REPRENDRE LES dite de base, dont la paille, La filière fait face à de
mément coûté aux produc- mation sont les premières à PRODUITS QUI N’ONT PAS qui est produite localement nombreux défis, en com-
teurs. payer les frais de cette crise. et impactée par le manque mençant par l’informel. Ce
A cette situation, se sont Au-delà de l’abaissement de ÉTÉ VENDUS AUPRÈS DES de pluie. La seconde, elle, phénomène reste toujours
rajoutés les effets de la pan- la cadence, les industriels COMMERÇANTS. est concentrée et est consti- présent quoique nettement
démie qui ont joué contre sont obligés de reprendre tuée de maïs, de tourteau de moins qu’auparavant (ndlr:
la faveur du secteur laitier, les produits qui n’ont pas DE FACTO, CELA SE soja, de tourteau de tourne- allusion faite aux laiteries
notamment pendant le été vendus auprès des com- RETOURNE CONTRE LES sol… Elle est à 90% impor- du quartier). Autant le lait
confinement. La fermeture merçants. tée et représente jusqu’à pasteurisé ou stérilisé ne
des cafés, restaurants, com- De facto, cela se retourne PRODUCTEURS, PUISQU’ILS 65% du coût de produc- pose pas de grands pro-
merces…, a tiré la consom- contre les producteurs, N’ARRIVENT PAS À ÉCOULER tion de lait. Actuellement, blèmes, autant le lait cru
mation vers le bas, en plus puisqu’ils n’arrivent pas à les usines spécialisées dans reste très risqué en raison de
de la création de perturba- écouler leur production to- LEUR PRODUCTION l’aliment du bétail ont déjà la transmission de certaines
tions dans la commerciali- talement. Les marges s’en TOTALEMENT. LES MARGES augmenté leurs prix. Et à ce maladies, du fait qu’il soit
sation. Il s’agit d’une baisse trouvent réduites de part stade, l’éleveur supporte le fabriqué de manière tra-
allant jusqu’à 18% en 2020 et d’autre, entraînant des S’EN TROUVENT RÉDUITES prix coutant, tout en com- ditionnelle et ne respecte
par rapport à 2019, selon pertes de revenus aussi bien DE PART ET D’AUTRE, primant sa marge de profit. donc pas toute la chaîne
nos estimations ; cela, sa- pour le transformateur que Cela dit, au vu de la position de froid et de conservation.
chant que la consommation pour le producteur. ENTRAÎNANT DES PERTES DE du lait, en tant que produit Pour le moment, il n’existe
moyenne est aux alentours REVENUS AUSSI BIEN POUR de 1 nécessité, des condi- pas de solution formelle.
ère
de 76 litres/habitant/an. n Une question toujours tions actuelles d’affaiblis- Mais nous comptons beau-
d’actualité : Est-ce que le LE TRANSFORMATEUR QUE sement du pouvoir d’achat coup sur la conscience des
n Comment réagit le secteur prix du lait augmentera suite POUR LE PRODUCTEUR et de l’historique de l’effet consommateurs.
afin de s’en sortir de tous ces au renchérissement des ma- de l’augmentation du prix Sur un autre volet, le Ma-
effets combinés ? tières premières agricoles à du lait de 20 centimes en roc reste un pays faiblement
Les entreprises com- l’international ? 2013, je ne pense pas que exportateur de lait et pro-
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