Page 15 - La Vie éco - 12 Mars 2021
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débats
en direct Grand entretien
économie L'évè nement
ficie aménagée. Actuellement, politique société
ils satisfont à peine 55% des
besoins.
L’on croit, à tort, que
l’agriculture est prioritaire
en termes de satisfaction des culture échos
besoins en eau. Il est vrai
que ce secteur consomme
beaucoup d’eau. Mais il n’en
demeure pas moins qu’il se
place en dernier lieu. Autre-
ment dit, ce n’est qu’après
la satisfaction de la demande carrières
de la population en eau por-
table (en assurant aussi des
réserves équivalentes à 2 ou 3
années de consommation) et
des besoins de différents sec- votre argent
teurs, comme l’industrie, le
tourisme, certains usages pour
assurer le paysage urbain, que
les besoins de l’agriculture
sont satisfaits. D’ailleurs, «les
barrages ne fournissent que 4
milliards de m d’eau au maxi-
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mum à l’irrigation et ce, dans
les années difficiles de sécheresse.
Ils en procurent nettement moins nique ne permet pas une éco- la consommation reste incon-
évidemment pendant les années nomie d’eau, mais plutôt une trôlable, malgré l’existence de
On fastes», nuance notre profes- meilleure valorisation, dans contrats de nappes, ou encore
n’exporte seur. «Plus clairement, ajoute le sens, davantage de valeur de police de l’eau. «Ces eaux
ajoutée, de rendement et de souterraines qui constituent une
notre source, l’agriculture est
pas autant irriguée d’abord par les eaux sou- qualité. En revanche, «l’irri- sorte d’assurance en cas de séche-
resse, sont renouvelables certes,
terraines, ensuite par les petites et
gation gravitaire est caractéri-
d’eau moyennes hydrauliques et en der- FACE AU STRESS HYDRIQUE sée par une perte d’eau allant mais pas en totalité. Les agricul-
teurs ne doivent prélever que ce
jusqu’à 50%, entre son prélève-
nier lieu par les barrages».
En gros, donc, l’agriculture QUE VIT LE MAROC,
qu’on n’en est la 1 à souffrir de cette ment du barrage et son arrivage qui est renouvelable. Certaines
à la plante», souligne le Pr d’entre elles s’en trouvent même
ère
importe raréfaction d’eau. D’où l’at- LES AGRICULTEURS SE Doukkali. Et d’ajouter : «Ce à un niveau alarmant», prévient
constat est à relativiser, puisqu’il le Pr Doukkali. Tel est le cas
tention portée vers la valori-
RABATTENT SUR LES EAUX
sation de cette ressource. «Les ne s’agit pas d’une perte sèche. de la nappe de Berrechid qui
Des voix s’élèvent niveaux de valorisation de l’eau SOUTERRAINES, DONT LA En effet, l’eau perdue est récu- est menacée d’assèchement.
ci et là, affirmant d’irrigation sont très variables CONSOMMATION RESTE pérée par les nappes souterraines D’ailleurs, le ministère de
que le pays pourrait d’un périmètre d’irrigation à et contribue donc à leur alimen- l’agriculture œuvre, avec les
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substituer des l’autre. Il varie de 22 DH/m à INCONTRÔLABLE, MALGRÉ tation». Chose que ne permet parties concernées, à l’arrêt
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cultures fortement 1,7 DH/m avec une moyenne L’EXISTENCE DE CONTRATS pas la technique du goutte-à- de toutes les autorisations de
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consommatrices en de 2,8 DH/m aux niveaux des goutte. Elle contribue à rele- creusement ou de prélève-
eau, par d’autres qui périmètres d’irrigation de grande DE NAPPES, OU ENCORE DE ver le niveau et la qualité de la ment pour le moment. Cette
le sont moins. Encore hydraulique», précise Moha- production, mais ne favorise situation revient notamment à
un «cliché» à évincer. med Alamouri, président de POLICE DE L’EAU pas l’infiltration de l’eau, pour l’accès à cette eau qui est sou-
Le Maroc continue la Comader, dans ce même le renouvellement des eaux vent libre et peu régulée. «Plu-
d’importer du blé, du webinaire. «L’irrigation, à tra- souterraines. sieurs dysfonctionnements sont
maïs, du sucre, des vers le goutte-à-goutte, a permis Ces dernières, justement, enregistrés dont le développement
graines oléagineuses…, de valoriser près de 2 milliards sont surexploitées. Face au des pompages au-delà des limites
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cultures qui requièrent de m d’eau, dans la région de stress hydrique que vit le autorisées, l’absence de système de
beaucoup d’eau. En Tadla, par exemple», avance Maroc, les agriculteurs se suivi pour recueillir les volumes
termes d’eau, le pays M. El Bouari. Cette tech- rabattent sur ces eaux, dont prélevés et autorisés et la faible
importe 9 milliards responsabilisation des usagers», se
de m et exporte entre désole M.Alamouri. Somme
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500 et 600 millions de toute, il est plus qu’urgent de
m , par an, de produits trouver des solutions palpables
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à forte valeur ajoutée et rapidement mises en place
et qui rapportent plus afin de pallier ces difficultés. Il
de 20 milliards de DH faut dire que plusieurs actions
annuellement aux ont été menées par le minis-
agriculteurs. Le bilan tère de l’agriculture dans le
ressort alors positif cadre du PMV afin de limiter
et en faveur du pays, la surexploitation des nappes.
surtout qu’il ne dispose Les interventions ont concerné
pas des ressources El Guerdane à Agadir, Azem-
en eau suffisantes mour/Bir Jdid, au Saïss…
pour produire ses Cela, à côté de programmes
besoins alimentaires de formation dispensés auprès
dont notamment les des agriculteurs pour assurer
céréales n une gestion durable de la res-
source n I.B.
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