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économie L'évè nement
LE MAROC EST ENGAGÉ DEPUIS DES ANNÉES SUR LA VOIE D’UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
politique
La décarbonisation, une nouvelle contrainte société
aux multiples avantages ! culture échos
n Ce processus permettra de réduire la facture énergétique qui pénalise les petites et moyennes
entreprises (PME) et de renforcer ainsi leur compétitivité sur les marchés internationaux.
carrières
i la décarbonisation décarbonation du tissu produc-
peut paraître comme tif en priorité», à la lumière de
Sune nouvelle contrainte ce qui se passe dans d’autres
pour les entreprises maro- contrées, à l’instar de l’Eu-
rope.
caines pour accéder aux votre argent
marchés européens, elle peut Le Maroc est cité en réfé-
aussi être envisagée comme rence en matière de dévelop-
une opportunité dans la me- pement des énergies renou-
sure où elle réduira le coût de velables, que ce soit l’éolien
l’énergie, améliorera la quali- ou le solaire, s’est-il félicité,
té de vie et créera des emplois relevant que les engagements
durables. dans la production des éner-
Ce processus complexe gies renouvelables font du
qui désigne l’ensemble des Royaume une plateforme
mesures et techniques visant crédible pour accueillir des
à limiter l’empreinte carbone, investissements industriels
n’est pas sans coût. Pour dans de bonnes conditions de
aboutir, la décarbonisation productivité, de compétitivité
requiert la mise en place d’un tout en intégrant les préoccu-
système d’innovation et des pations environnementales.
investissements adéquats. Il M. Raouf estime pour sa
s’agit ainsi d’investir davan- part que la question fonda-
tage dans le développement mentale à laquelle font face
des technologies propres et les chercheurs aujourd’hui
d’encourager la finance verte. est celle de savoir comment
Pour se conformer aux réduire la consommation des
nouvelles règles de l’Union énergies fossiles sans compro-
européenne (UE) en ma- mettre la croissance.
tière de décarbonisation, les «A mon avis, il faut développer
entreprises marocaines, no- une stratégie de mix-énergétique
tamment exportatrices, sont bio-agriculture et en repen- différenciation par rapport tionaux afin que les entreprises pour être de moins en moins
appelées à modifier leurs sant la mobilité seront les à d’autres offres concurren- marocaines puissent accé- dépendant des énergies fossiles et
processus de production et plus performantes à l’échelle tielles existantes, eu égard der à l’utilisation des énergies surtout du pétrole», relève-t-il,
de consommation d’énergie. locale et internationale. aux investissements opérés propres», fait-il savoir. soulignant à cet égard que «le
En contrepartie, elles vont Toutefois, poursuit l’uni- par le Maroc dans le domaine Maroc est sur la bonne voie».
bénéficier d’un allègement versitaire, la transformation des énergies renouvelables, Le Maroc sur la bonne Le Royaume a été classé
sensible du fardeau du coût verte «ne doit pas être envi- la position géostratégique du voie... récemment à la 4 position
e
de l’énergie, en abandonnant sagée seulement comme une pays et les accords conclus Le Royaume s’est engagé, en termes de performance cli-
les combustibles fossiles au croissance verte par substitution avec des partenaires mon- depuis plusieurs années, à matique au niveau mondial,
profit d’énergies moins pol- énergie fossile/renouvelable. Il diaux. travers son ambitieuse stra- grâce à son fort engagement
luantes et renouvelables. s’agit de repenser notre manière Ce processus permettra, tégie énergétique, sur la voie dans le cadre de l’Accord de
Sur ce sujet, l’économiste de produire, de distribuer et de selon lui, de réduire sensible- d’une transition énergétique Paris, sa participation active
Radouane Raouf souligne consommer». ment la facture énergétique basée sur les énergies renou- dans les alliances climatiques
que la décarbonisation qui est Le vrai défi, selon lui, est qui pénalise le processus de velables qui vise la décarbo- mondiales ainsi que les initia-
une opportunité en soit, dans d’ordre technologique, régle- production au niveau des nisation de son industrie et tives régionales ambitieuses
la mesure où elle améliorera mentaire et de régulation. Il petites et moyennes entre- ce, à travers une panoplie de lancées sous l’impulsion de
la qualité de vie et créera des faut trouver les moyens inci- prises (PME) et de renforcer mesures comme la mise en S.M. Mohammed VI, ce qui
opportunités d’emplois de tatifs (subventions, fiscalité, ainsi leur compétitivité sur les place de centrales solaires et lui confère un rôle de lea-
qualité et de nouveaux mar- R&D, infrastructures, etc.) marchés internationaux. éoliennes et d’un écosystème dership en matière d’énergie
chés, «peut générer aussi des pour emmener les entreprises En revanche, note-t-il, de recherche et d’innovation. et de durabilité sur le conti-
perdants, si la formation, l’ac- vers cet objectif. l’obstacle majeur qui s’op- L’objectif étant de produire nent africain.
compagnement, la reconversion Il faut que la finance joue pose particulièrement pour de l’énergie nationale à par- Fortes de cet atout majeur,
et la question des territoires ne son rôle, au service de l’éco- les PME est le financement, tir de sources renouvelables à les entreprises marocaines et
sont pas bien pensés». nomie et de l’économie ajoutant que l’Asmex a pris hauteur de 42% en 2020 et à de par leur proximité géo-
L’économie du futur doit «verte», ajoute M. Raouf, ce facteur en compte en 52% à l’horizon 2030. graphique, peuvent tirer leur
être une économie raison- professeur à l’Université Mo- s’associant à des partenaires Dans ce sens, M. Sen- épingle du jeu et mettre à
nable, respectueuse de l’en- hammed V de Rabat. apportant et les solutions tissi souligne que le Maroc profit la réorganisation des
vironnement, dit-il, notant De son côté, Hassan Sen- technologiques et les finan- dispose d’une industrie en chaînes de valeur et de logis-
dans ce sens que les écono- tissi El Idrissi, président de cements nécessaires. mesure actuellement d’utili- tique mondiales et position-
mies qui saisiront l’oppor- l’Association marocaine des «Nous sommes en cours ser une énergie renouvelable ner le Maroc comme une
tunité en réorientant leurs exportateurs (Asmex), estime d’exploration d’autres solutions et compétitive, notant que le base industrielle décarbonée
politiques économiques vers aussi que la décarbonisation économiques proposées par des plan de relance de «l’indus- et circulaire n
la transition énergétique, la est un avantage et un axe de opérateurs bancaires interna- trie marocaine devrait placer la HASNAA ELAKKANI (MAP)
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