Page 16 - La Vie éco - 28 Août
P. 16

débats
             en direct                       Grand entretien


           économie L'évè nement





              2020 SERAIT UNE ANNÉE DIFFICILE POUR LES BANQUES
            politique
                                               société
           Le secteur bancaire restera résilient, malgré


           la montée prévue du coût du risque
               culture
                                                    échos



           n L’assouplissement des conditions de provisionnement et la garantie étatique des nouvelles distributions
           de crédit devraient atténuer la montée des risques n Ils devraient s’alourdir de 50 à 100 pbs n 2021 serait
            carrières
           catastrophique si la machine économique ne redémarre pas.



                 e secteur bancaire est
       votre argent
                 fortement plébiscité
           L pendant cette crise
           sanitaire, aussi bien pour
           réduire l’impact de cette si-
           tuation que pour permettre à
           nombre d’entreprises d’assu-
           rer la continuité de leur acti-
           vité et aux ménages de repor-
           ter les échéances de rembour-
           sement de leurs crédits.
             Les banques ont permis
           tant bien que mal en cette
           période à l’économie de tenir
           sur pied, mais, en face, elles
           sont impactées, que ce soit
           au niveau de la montée des
           risques, ou des bénéfices et
           de facto, la rentabilité.
             «Compte tenu de l’arrêt
           de plusieurs secteurs d’acti-
           vité économique comme le
           tourisme, la restauration, le
           BTP&Immobilier…, la mon-
           tée des risques est quasi cer-
           taine», explique un analyste.
           En effet, les contraintes éco-  tance de régulation a permis                          son impact, encore moins des  catégorie 1 de 11,5%, large-
           nomiques et financières dont  aux banques d’alléger le pro-                           décisions gouvernementales  ment supérieurs aux minimas
           souffrent les principaux sec-  cessus de constatation des                             quant à un éventuel reconfi-  réglementaires de 12% et 9%
           teurs de l’économie maro-    provisions, afin de réduire                              nement.                      respectivement. Toutefois, le
           caine se matérialisent méca-  l’impact sur les bénéfices.                               Cela dit, si les risques sont  risque de concentration sur
           niquement par des difficultés  Reste aux banquiers de dé-                             amenés à s’alourdir et les  les grands débiteurs auxquels
           de remboursement et donc  terminer le dosage nécessaire   À FIN JUIN, LES CRÉANCES    bénéfices à baisser, l’activité  sont exposées les banques, se
           un déficit de solvabilité, en-  des provisions à mettre en   EN SOUFFRANCE ONT        commerciale, elle, devrait  poursuit dans le contexte de
           traînant ainsi une hausse du  place en fonction du client.                            continuer à augmenter. C’est  crise sanitaire actuelle, de
           coût du risque. D’ailleurs, à  Le second élément, lui,  AUGMENTÉ DE 8,3% SUR          normal, puisque les banques  faire l’objet d’un suivi parti-
           fin juin (dernières statistiques  concerne les nouvelles distri-                      continuent à facturer l’oc-  culier.
           disponibles), les créances en  butions de crédit. Le gros des   LE 1ER SEMESTRE À 75,7   troi des crédits et les com-  Au final, 2020 serait une
           souffrance ont augmenté de  prêts distribués en cette pé-  MILLIARDS DE DH, CONTRE    missions… Qu’en est-il des  année difficile certes pour les
           8,3% sur le 1  semestre à  riode rentre dans le cadre de                              fonds propres ? Jusqu’à quel  banques. Toutefois, notre
                         er
           75,7 milliards de DH, contre  Damane Oxygène et Damane    UNE HAUSSE DE 3,8% À        point seraient-ils touchés ?  analyste estime que même si
           une hausse de 3,8% à la  relance qui sont garantis par    LA MÊME PÉRIODE, UNE        Un expert du secteur ban-    les banques vont jusqu’à pro-
           même période, une année  l’Etat à hauteur de 80% ou                                   caire contacté assure que les  visionner toutes les créances,
           auparavant. L’encours du  plus. Les banques ne sup-       ANNÉE AUPARAVANT            banques disposent d’un ma-   en appliquant la norme
           crédit (hors créances en souf-  portent pas la totalité du prêt                       telas de fonds propres solide,  IFRS, l’impact serait gérable
           france), lui, s’est amélioré de  en cas de défaillance du client                      qui ne serait nullement affec-  pour cette année. Mais si
           3,3% de janvier à juin 2020,  et le risque s’en trouve donc                           té, en dépit d’une baisse de la  cette conjoncture se poursuit
           pour atteindre 875 milliards  amoindri. Et même si des                                rentabilité. Dans un scénario  à l’année prochaine, l’impact
           de DH, soit de la même am-   clients se sont orientés vers                            pessimiste, leur croissance  serait plus important. Le
           pleur à la période observée de  les banques pour bénéficier                           devrait décélérer, mais elle ne  seul espoir pour redresser la
           l’année précédente.          de prêts, sans bénéficier de  à 100 points de base», prévoit   devrait pas baisser. D’ailleurs  barre et éviter la catastrophe
             La montée des risques est  la garantie de la CCG, ils ne  notre analyste. Par consé-  et pour rappel, le dernier  pour ce secteur est d’impul-
           déjà visible et devrait conti-  concernent que les crédits de  quent, les bénéfices devraient   stress test effectué par BAM  ser la machine économique.
           nuer à s’aggraver. Cela dit, il  trésorerie pour faire tourner  être plombés, au moins de la   a indiqué la résilience des  De toute évidence, cela ne
           faut relativiser, puisque deux  la machine et nullement des  même ampleur. Il faut dire   banques, malgré un contexte  dépend pas que des mesures
           éléments entrent en jeu. Le  prêts lourds de fonctionne-  qu’il est difficile de pronosti-  difficile dû à la Covid-19.  de relance et d’accompagne-
           1  est lié à l’assouplissement  ment. Dans tous les cas, «le  quer l’évolution d’ici la fin de   En 2019, les banques maro-  ment prises en interne, mais
             er
           des conditions de provi-     coût du risque devra se situer à  l’année, puisqu’on manque   caines affichaient un ratio  aussi de la reprise écono-
           sionnement par la banque  un niveau beaucoup plus im-     de visibilité et on n’est tou-  moyen de solvabilité, sur base  mique des pays partenaires
           centrale, en rapport avec la  portant que les dernières années  jours pas certain du compor-  sociale, de 15,6% et un ratio  du Maroc n
           norme IFRS. En effet, l’ins-  avec une variation allant de 50  tement de la pandémie et de   moyen de fonds propres de                     I.B.
          Suivez-nous sur    acebook.com/lavieeco                  16 La Vie éco – Vendredi 28 août 2020                       L’info continue sur lavieeco.com
   11   12   13   14   15   16   17   18   19   20   21