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Archives LVE. 1983, poisson congelé à portée de tous
Il y a 40 ans, le Maroc voyait déjà grand : chaîne du froid ininterrompue du chalutier au consommateur. Vente directe par des camions frigorifiques. Conditionnement en sachets de 1 à 4 kg.

Il y a quelques années, l’ONP avait créé l’ASMAQ, société pour la commercialisation du poisson à des prix compétitifs et en réduisant au maximum le circuit commercial. Des points de vente fixes avaient été créés en diverses villes. Malheureusement, cette opération a capoté à la suite de l’irrégularité des apports et, il faut bien le dire, d’un manque de motivation de la part des responsables qui prirent le relais des dynamiques promoteurs de cette opération.
Aujourd’hui, l’ONP relance cette opération destinée à créer un véritable marché intérieur du poisson. Il s’agit d’une nécessité impérieuse, car il est anormal de voir un pays disposer d’une telle source d’approvisionnement et en consommer si peu. Certes, le poisson ne fait pas partie des habitudes alimentaires du Marocain, parce qu’il s’agit d’un produit de conservation difficile. Aujourd’hui, les problèmes de conservation sont résolus.
Par ailleurs, l’alimentation de la plupart des habitants du pays est caractérisée par un manque de protéines. Le poisson est en mesure de pallier cette carence. Saluons donc avec intérêt cette initiative de l’Office national des pêches et espérons qu’elle réussira. Décidée il y a plus de deux ans, la commercialisation du poisson congelé vient d’être lancée par l’Office national des pêches qui s’est fixé comme objectif le doublement de la consommation nationale de poisson. Rappelons que le Maroc ne consomme actuellement que 100.000 tonnes par an, soit 5 kg par an et par habitant. Selon les responsables de l’office, cette opération est la seule, peut-être l’unique possibilité d’augmenter la consommation de poisson au Maroc dont les richesses halieutiques sont considérables. Ce choix obéit à trois principaux critères. Tout d’abord, le poisson congelé est un poisson de qualité puisque la chaîne de froid est ininterrompue du bateau au consommateur en passant par l’entrepôt et le camion frigorifique.
En deuxième lieu, les prix fixés pour une durée de six mois et révisés en cas de baisse du prix de poisson sont moins chers que ceux du poisson frais dont personne ne garantit la qualité. Enfin, le troisième point consiste en la régularité de l’approvisionnement.
Selon les propos d’un responsable de la chaîne de distribution du poisson congelé, le poisson frais est un poisson de rencontre. Le poisson congelé est un poisson de rendez-vous. A côté de ces points déterminants qui garantissent un approvisionnement constant et une bonne conservation du poisson, on peut noter que cette opération, grâce à une gestion de commercialisation simple, permettra de faire des prévisions à moyen et long terme pour les 15 espèces toujours disponibles. Pour mener à bien cette opération, l’Office national des pêches s’est doté de 10 bateaux de pêche hauturière de 80 tonnes de capacité de cale. Il dispose également de 5 camions frigorifiques de 20 tonnes, d’un camion de 10 T, de 2 de 5 T et de 8 de 3 tonnes. L’Office a réalisé aussi à Casablanca un entrepôt frigorifique de 200T. Depuis le début du mois, l’Office a déjà commercialisé 30 tonnes de poisson congelé et dispose d’un stock de 70 T pouvant être augmenté si la demande est importante. Si cette opération réussit, l’Office envisage la possibilité d’étendre cette expérience à toutes les provinces du Royaume.
Un programme est déjà établi et il prévoit la construction de chambres frigorifiques de moyen tonnage dans tous les chefs-lieux des provinces qui seront alimentés en poisson congelé provenant des grands ports de débarquement (Agadir et Tan- Tan) dans des camions frigorifiques. Des petits camions frigorifiques prendront le relais pour faire la commercialisation au sein de chaque province.Signalons ici que l’Office a décidé de ne pas créer de points fixes de vente et comme c’est le cas actuellement à Casablanca, la vente du poisson congelé qui est conditionné dans des sachets en plastique de 1 à 4 kg se fait à partir des camions frigorifiques. Avec cette campagne, l’apport nouveau de poisson congelé fera baisser la pression de la demande sur le poisson frais et le rendra accessible à toutes les bourses. Mais le fait le plus important est qu’avec cette opération, la commercialisation du poisson a atteint un stade industriel qui ne sera pas sans incidence sur la pêche maritime.
