Archives LVE 1985 : Le Maroc voulait devenir membre de la CEE

«Le Monde», si peu enclin à manifester quelque sympathie au Maroc, en a lui-même convenu. Le discours royal de la Fête du Trône a été d’une fermeté sans faille pour ce qui concerne les principes, la totale disponibilité du Maroc à l’ouverture et au dialogue a été réaffirmée avec éclat.

«Le Roi, par la fermeté du rappel des principes, a découragé ceux qui, à l’extérieur, compteraient sur une lassitude marocaine», a écrit notamment le quotidien parisien.

Les choses sont plus que jamais parfaitement claires. Qu’Alger en tire donc les conclusions qui s’imposent… Autre élément très important du discours du Trône :
la candidature du Maroc comme membre à part entière de la Communauté économique européenne.

Voici le texte intégral de ce passage du discours royal :
«Au cours de l’année écoulée, Nous avons présenté la candidature du Maroc comme membre à part entière de la Communauté économique européenne. Notre demande était appuyée sur des motifs et des considérations que Nous estimons pertinentes. Certains de ces motifs tiennent à la position géographique de notre pays, d’autres relèvent du domaine politique et économique.

«Géographiquement, notre pays est très près de l’Europe. C’est là une position dont ne peuvent se prévaloir d’autres pays, associés à la Communauté économique européenne par de simples conventions.

Et nous serons encore plus près de l’Europe lorsque sera réalisé le projet d’une liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar, projet dont les études sont très avancées et dont des conclusions permettent d’espérer que la liaison pourra devenir effective au cours de l’actuelle décennie.

Par ailleurs, Notre demande a été justifiée par le fait que le Maroc dispose d’institutions politiques qui non seulement le rapprochent de l’Europe occidentale, qui a choisi un système de gouvernement démocratique parlementaire et libéral, mais encore lui permettent de s’y intégrer.

La monarchie constitutionnelle qu’organise la Constitution du pays instaure des institutions démocratiques, garantit aux citoyens les libertés fondamentales, et assure la pluralité des partis politiques et des organisations syndicales. Ce choix politique que nous avons fait avant même qu’il ne figure dans les lois écrites de notre pays et dans sa constitution constitue un choix de civilisation qui a fait l’unanimité de la Nation.

Nous formulons le vœu que Notre demande soit examinée avec compréhension et une vision profonde et lointaine qui dépassera les données limitées du présent pour déboucher sur les horizons d’un futur plus généreux, comme nous souhaitons que les responsables de la Communauté reconnaissent le bien-fondé et la légitimité des considérations et des mobiles que Nous avons détaillés et l’intérêt immédiat et futur de l’adhésion du Maroc à la communauté».

Cette nouvelle confirmation de la demande d’adhésion du Maroc souligne l’évolution du pays. On est bien loin de la fameuse affirmation de Abderrahim Bouabid au sujet des négociations à entreprendre avec la CEE Il est urgent d’attendre…
L’adhésion du Maroc n’est pas un contresens.

Il suffit de rappeler que le Traité de Rome était ouvert aux États associés, et que les pays liés au Danemark, tels que l’Islande et le Groenland, ont eu leur place dans la CEE. L’Islande a refusé et le Groenland vient de la quitter parce qu’il est beaucoup plus américain qu’européen.

Certes, l’adhésion du Maroc ne se fera pas demain. Il est de très nombreux problèmes à résoudre, en particulier ceux de l’industrie et de la main-d’œuvre marocaines. Mais le fait essentiel à retenir, c’est que le Maroc se considère aujourd’hui comme européen sans pour autant renier, au contraire, son arabité et son africanité.

Mais beaucoup plus que la géographie, ce sont les sphères économiques qui de plus en plus commandent à la définition des grands ensembles…
M.H.

CamScanner 28-02-2025 11.18