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Archives LVE. 1973 : test réussi pour la nectarine
Il y a 50 ans, le Maroc venait de planter les premiers arbres. Expérience réussie puisque la production a atteint 1.200 tonnes, dont la moitié va à l’export.

Pour la nectarine, 1973 sera vraiment l’année de démarrage. Certes, depuis plusieurs années déjà les agriculteurs marocains, en collaboration avec les ingénieurs agronomes et les services techniques de l’OCE, s’efforçaient de produire ce fruit qui est promis à un bel avenir sur les marchés locaux et européens, mais il ne s’agissait que des premiers tests.
Or, durant la campagne qui commencera dans les tout prochains jours, on prévoit que le Maroc pourra produire de 1.000 à 1.200 tonnes de ces nectarines contre 200 tonnes seulement l’an dernier. Grâce aux quelque 350 hectares plantés, notamment dans le Gharb et dans la région de Béni-Mellal, on réussit une production très précoce qui permettra au Maroc de prendre une position très favorable sur la plupart des marchés européens.
Si la France constitue actuellement notre principal débouché dans ce domaine, il faut souligner que la production française commence entre le 15 et le 20 juin. Elle est tout d’abord timide, mais à fin juin les arbres donnent à plein et il n’y a plus alors de possibilité d’écoulement pour les fruits importés au Maroc.
Par ailleurs, dès le 15 juin, nous nous trouvons en concurrence avec l’Espagne et autres pays méditerranéens. L’idéal donc pour les producteurs marocains est de pouvoir exporter dès fin mai et durant la première quinzaine de juin.
On pense que ce sera le cas en 1973, cette conjoncture constituant un excellent test pour souder avec exactitude les réactions d’une clientèle qui nous est encore mal connue. S’il y a une place à prendre, il faut cependant constater qu’en raison des prix élevés de ces fruits, les marchés sont limités. En début de saison, les prix de gros, rendus en France, sont de l’ordre de 15 FF, soit de 20 à 25 FF au détail.
En pleine campagne, ces prix sont respectivement de 4 et 6 FF et les nectarines entrent alors en concurrence avec d’autres fruits comme les pêches ou les abricots beaucoup plus accessibles à la masse des consommateurs. Les estimations sont donc basées cette année sur 500 à 600 tonnes d’exportations et l’on s’efforcera de procéder à une diversification des marchés non pas qu’elle s’impose pour écouler ce nouveau produit mais surtout pour prendre position dans les années à venir. L’OCE, chargé de la commercialisation, se propose donc d’exporter vers la Grande-Bretagne, la Belgique, les pays scandinaves, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Autriche et le Canada.
Une prudente expérience
La nectarine devrait prendre une position intéressante dans nos exportations de fruits bien que limitée, tout au moins dans un proche avenir en raison des prix élevés. Dans cet esprit, il est donc nécessaire d’agir avec prudence et c’est pourquoi cette année aucune plantation nouvelle n’a été faite. Les arbres plantés il y a trois ans commencent à produire à plein. C’est en fonction des résultats obtenus cette année que l’on décidera de poursuivre et d’accroître la production si le besoin s’en fait sentir. Dans l’état actuel de la production, les responsables de cette expérience considèrent qu’en cas d’échec de la commercialisation à l’exportation, il sera toujours possible de faire absorber les surplus par le marché local. La situation deviendrait beaucoup plus précaire si le volume de la production devait brutalement augmenter.
Le problème de transport
Comme chaque année, pour les produits précoces, on se heurte à quelques problèmes de transport. Les lignes régulières prennent très peu de fret et les charters affrétés par l’OCE conviennent assez peu à ce genre de fruits. En effet, à l’exception des livraisons assurées sur Paris, d’où l’écoulement de quantités importantes est relativement facile, les autres points de chute ne doivent être approvisionnés que par des quantités limitées. Or, il est très difficile de transformer les charters en «laitiers». Des centres comme Bordeaux, Nice, Toulouse sont difficiles à desservir. C’est un handicap supplémentaire. On parvient certes à le surmonter, mais après bien des tergiversations.
