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Archives LVE. 1973, ouverture de l’Hôtel Casablanca
Il y a 50 ans, ce joyau architectural, devenu au début des années 80 Hyatt Regency, ouvrait ses 255 chambres sur 12 étages pour la première fois aux touristes et aux conférenciers.

L’ouverture à Casablanca d’un hôtel de près de 600 lits bouleverse sensiblement les données du problème touristique à la ville. En une autre époque, un tel événement n’aurait pas manqué d’avoir des conséquences néfastes pour les autres établissements, mais depuis longtemps Casablanca avait besoin d’un nouveau et grand hôtel, d’autant plus que la disparition de l’hôtel d’Anfa avait créé un vide. Mais c’est surtout l’essor remarquable du mouvement touristique et économique dans la grande cité qui exigeait depuis plusieurs années déjà cette réalisation. Il faut d’ailleurs se persuader que le mouvement touristique dépend, dans une grande mesure, de l’infrastructure hôtelière disponible. Les agences de voyages n’envoient leurs clients dans telle ou telle ville qu’en fonction des possibilités d’hébergement.
Or, depuis plus d’un an, les grands hôtels de tourisme de la capitale économique sont complets d’un bout de l’année à l’autre. En outre, la mise en service des gros porteurs, comme le Boeing 747 qui relie maintenant régulièrement les États-Unis au Maroc, permet l’arrivée à chaque voyage d’assez de touristes pour remplir la moitié d’un établissement comme l’Hôtel Casablanca. On peut donc conclure que ce nouveau fleuron de l’hôtellerie marocaine va permettre d’accroître très largement le mouvement touristique dans la ville. Autre point important, le Crédit immobilier et hôtelier a fait preuve dans cette affaire d’un remarquable dynamisme.
On sait que la construction de l’hôtel s’est heurtée à un délicat problème. Le CIH avait financé les travaux de démarrage. Il en a assumé la finition. Pour la gestion, une heureuse formule a été mise au point avec la société allemande Europa Hôtel, associée au CIH et à des privés marocains au sein de la société Europa-Maroc. Il reste également à souligner dans cette affaire, une fois de plus, les remarquables possibilités de l’industrie locale. La qualité du travail réalisé et celle des aménagements techniques ou décoratifs témoignent que le Maroc dispose d’un outil efficace pour son équipement dans ce domaine comme dans tous les autres. On regrettera qu’il ne soit pas sollicité plus intensément, notamment dans le cas des grands ensembles industriels.
L’imposante façade des douze étages de l’Hôtel Casablanca domine sans l’écraser la place Mohammed V. C’est d’ores et déjà un des éléments architecturaux les plus marquants de la capitale économique du Maroc, et lorsque la place sera dégagée des échafaudages qui entourent le chantier du passage souterrain, lorsque l’avenue de l’Armée Royale sera prolongée au-delà de la place, le centre de gravité de Casablanca sera légèrement déplacé puisqu’un nouveau pôle d’attraction et d’animation aura été créé.
Une remarquable réalisation
L’hôtel en effet pourra accueillir au maximum 600 personnes. Il comprendra un important centre commercial orienté certes vers des activités touristiques, mais qui intéresseront tout aussi bien les Casablancais. C’est ainsi que le grand coiffeur londonien Pierre Alexandre doit ouvrir un salon au centre commercial de l’hôtel. C’est ainsi également que le coffee-shop de l’hôtel sera ouvert 24 heures sur 24 et qu’il constituera à toute heure du jour et de la nuit un centre d’animation comme il n’y en a malheureusement pas assez à Casablanca. L’hôtellerie, il est inutile de le rappeler, s’apparente beaucoup plus à une activité industrielle que commerciale. Un hôtel doit répondre à des normes de rentabilité extrêmement strictes, être conçu pour assurer le maximum de services avec le minimum de dépenses, disposer d’un matériel de premier ordre, car la moindre panne dans un ensemble où vivent où travaillent près d’un millier de personnes peut avoir des séquences catastrophiques. Ces dispositions sont absolument indispensables quand il s’agit d’un hôtel de la catégorie 5 étoiles, comme l’Hôtel Casablanca où tout doit être parfait puisque la réputation d’un établissement de cette catégorie repose essentiellement sur la satisfaction des usagers et sur l’impression qu’il peut faire sur ses visiteurs. À cet égard, l’Hôtel Casablanca constitue une remarquable réussite (…).
