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Archives LVE. 1973, les vins du Maroc cartonnent

Il y a 50 ans, devant le succès obtenu par ses vins, le Royaume envisage de replanter de la vigne. Après des difficultés sur le marché français (1,3 million d’hectolitres), d’autres marchés se sont ouverts.

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Le Maroc s’apprête à redevenir un pays largement producteur et exportateur de vin. La conjoncture actuelle est excellente et les récents résultats très encourageants. Cette situation privilégiée, il l’a doit certes à des circonstances internationales très favorables, mais aussi à l’active politique commerciale menée ces dernières années par l’Office de commercialisation et d’exportation.
Après une période particulièrement faste, le Maroc avait connu dans ce domaine de graves difficultés. Il avait perdu brusquement le marché français qui lui assurait chaque année l’écoulement d’un contingent d’un million d’hectolitres auxquels s’ajoutaient quelque 300.000 hectolitres de produits spéciaux. Or ce marché nous a été brusquement fermé par les protections douanières dressées par le Marché Commun, mais aussi en raison de l’arrêt par la France de toutes les importations de vins aussi bien en provenance du Maroc que d’Algérie ou de Tunisie. Le premier effort de l’OCE fut donc de rechercher une diversification de ses débouchés qui devait aboutir à la réalisation de transactions avec la Réunion, les Antilles (200.000 hectolitres), les pays de l’Est, notamment la Russie (50.000 hectolitres), la Hongrie (40.000), les pays scandinaves, la Suède (35.000 hl), et même des pays comme la Yougoslavie, la Grèce, l’Espagne qui sont eux-mêmes exportateurs de vins, mais actuellement importateurs du Maroc après avoir été parmi ses principaux concurrents. Enfin, des marchés tout à fait nouveaux et inhabituels se sont ouverts avec les États-Unis et le Japon qui, l’an dernier, nous achetait 30.000 hectolitres, soit les trois quarts de ses importations.
La conjoncture actuelle est très favorable, car, d’une part, la consommation mondiale est en accroissement et, d’autre part, la production est pratiquement stationnaire, voire en légère régression.
En premier lieu donc, les populations consomment davantage de vin dans des pays comme l’Allemagne, la Scandinavie, les États-Unis, le Canada, les pays de l’Est.
Au regard de cette consommation en sensible augmentation se présente une production stationnaire n’ayant pratiquement pas évolué depuis les dix dernières années. Ainsi, actuellement, la France plafonne à 65 millions d’hectolitres et l’Italie dans un cadre identique. En Algérie, il avait été produit en 1962 18 millions d’hectolitres. Or, en raison des méventes et d’une reconversion, la production est tombée à 6 millions, les responsables ayant décidé de limiter les quantités pour se consacrer essentiellement à la qualité. C’est donc dans le cadre de cette tendance générale que le Maroc se prépare à faire un effort pour donner un nouvel essor à la viticulture (…).

Les coupages
Il reste des problèmes à résoudre, tels que ceux qui conditionnent nos rapports avec les pays de la CEE. Nous avons les possibilités d’exporter des vins personnalisés en payant des droits qui sont actuellement de 50 FF l’hectolitre avec ristourne de 40% pour les pays du Maghreb, mais il nous est absolument impossible d’expédier vers la France notamment des vins de coupage, ces espèces étant fournies uniquement par la production italienne. Des pourparlers en cours tendent donc à reprendre les exportations de ces vins de coupage et l’on espère qu’ils pourront déboucher sur un résultat positif. C’est pourquoi dans les années 70-72, le Maroc n’avait livré à la France que très peu de ses produits. Or, l’an dernier, la récolte française a été largement déficitaire et les producteurs marocains furent sollicités pour combler ce déficit. 700.000 hectolitres furent expédiés et la demande restait beaucoup plus forte encore. Cette année, en dépit même d’une récolte française qui s’annonce bien meilleure, le Maroc a obtenu dès à présent des engagements pour 500.000 hl qui viendront s’ajouter à toutes les demandes faites par d’autres pays en particulier par l’Espagne contrainte de s’approvisionner à l’extérieur pour répondre à une demande locale constamment accrue et accentuée par la consommation de ses millions de touristes.
Les cours pratiqués en Europe sont suffisamment rémunérateurs tout en permettant au Maroc d’appliquer des prix très concurrentiels (…).