Page 20 - La Vie éco - 9 Mai

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UN REVIREMENT EXPLIQUÉ PAR «L’ACHAT DE PANIQUE»
politique
société
Le marché de l’industrie pharmaceutique chamboulé

par le Covid-19

culture échos

n Les ventes ont connu une hausse d’environ 30% en mars, suivie par une baisse de 40% en avril.
n Les difficultés d’approvisionnement n’ont pas empêché la production de maintenir un rythme régulier.
n Les exportations, qui représentaient 10% de la production l’année précédente, ont drastiquement baissé.
carrières

ur le devant de la scène
actuellement, le secteur
Spharmaceutique subit
votre argent
de plein fouet les répercus-
sions du Covid-19. Pour
l’instant, les effets de cette
pandémie mondiale sur
ce secteur restent mitigés.
Certes, l’Association maro-
caine de l’industrie phar-
maceutique (AMIP) ne dis-
pose pas encore de données
arrêtées, mais les estimations
indiquent une augmentation
de l’activité qui s’est traduite
par une hausse globale des
ventes, entre 20 et 30% au
mois de mars dernier. En
revanche, les profession-
nels ont déploré une baisse
de l’activité d’environ 40%
le mois suivant. Layla Sen-
tissi, directrice exécutive de
l’AMIP, explique ce revire-
ment par «l’achat de panique» un dysfonctionnement de la dis- caments, et ce qu’on appelle les répercutée sur leurs com- entre 100 et 200%. Cette
des médicaments, survenu tribution, laquelle a été très solli- médicaments de confort, la baisse mandes effectuées auprès des hausse a été exaspérée par
à l’annonce de la pandémie. citée fin mars», souligne Layla des ventes ne sera pas récupérée». industriels. En 2019, le mar- les difficultés logistiques que
Ce phénomène a concerné Sentissi. Et d’ajouter que «la En avril, les choses ont évolué ché pharmaceutique national connaît le monde actuelle-
surtout les médicaments rela- vente des médicaments relatifs autrement. Le confinement a connu une augmentation ment. On parle même au sein
tifs aux maladies chroniques. aux maladies chroniques a été et le zoning imposé aux phar- de 5% par rapport à l’année du marché de coûts d’ache-
«Cela a même provoqué des pé- équilibrée entre mars et avril. En macies ont causé une chute précédente où il a réalisé un minement aérien qui ont tri-
nuries de certains médicaments et ce qui concerne les petits médi- drastique des ventes qui s’est chiffre d’affaires de 15,5 mil- plé en l’espace de quelques
liards de dirhams, dont 10 semaines, ce qui entraînera
milliards pour le marché privé. un rétrécissement logique
AVIS D’EXPERT
«Nous ne pouvons pas La production des marges commerciales, vu
nous permettre d’arrêter est maintenue que les prix sont réglementés
au Maroc. «Mais il n’y a pas
Fabriquant la majorité des eu de pénurie complète, mal-
la production» produits qui entrent dans le gré les difficultés citées. En ce
protocole thérapeutique du qui concerne les produits finis
présent. La deuxième une cessation d’activité Covid-19, comme l’azithro- importés, certains médicaments
mesure importante en ce temps de crise. mycine et l’amoxicilline, seront probablement en rupture
prise par l’AMIP est Il fallait ainsi sécuriser l’industrie pharmaceutique dans le futur. Les restrictions
LAYLA SENTISSI la sécurisation de la l’approvisionnement s’est vue pousser des ailes. La d’importation imposées par les
n Directrice exécutive de production. Il fallait en équipements de production du secteur a ainsi pays producteurs vont dans ce
l’Association marocaine de
l’industrie pharmaceutique mettre en place un plan protection individuelle, maintenu un rythme régulier, sens», poursuit la directrice
(AMIP) de continuité d’activité ce qui n’était pas évident malgré une conjoncture mon- exécutive de l’AMIP.
en appliquant des avec la pénurie qui a diale caractérisée par des diffi- Autre effet direct de cette
mesures de protection précédé le lancement cultés d’approvisionnement en conjoncture, les plannings de
e premier effet draconiennes sur les de la production des matières premières. Certains production connaîtront une
Ldu Covid-19 sites de production. masques non tissés. opérateurs ont même eu une réorientation à la lumière du
était la suspension La contamination Ensuite, les opérateurs production plus soutenue au changement qu’a connu la
des déplacements d’une grande partie ont dû réduire les cours des deux derniers mois. demande. La part dédiée à
des délégués aux du personnel d’une effectifs pour pouvoir Mais l’approvisionnement l’exportation, qui constituait
centres médicaux et usine de fabrication des respecter les règles de n’est pas chose facile. Les 10% de la production, s’est
pharmaceutiques, une dispositifs médicaux distanciation au sein des pays fournisseurs, essentiel- amenuisée considérablement
décision qui a précédé située à Casablanca unités de production. lement l’Inde et la Chine, depuis fin mars. Il faudra
l’annonce officielle du a causé l’arrêt de son Toutes ces mesures ont ont privilégié leurs industries patienter pour voir si les
confinement général. Les activité. Cela devrait permis de poursuivre locales respectives après la exportations vont reprendre
salaires de cette force être évité car les usines la production et reprise de la production. Les dans les mois à venir. Pour
de vente sont toujours pharmaceutiques ne l’approvisionnement du matières premières ont ainsi l’instant, la priorité nationale
maintenus jusqu’à peuvent pas se permettre marché n connu une augmentation des semble primer n
prix à l’international, variant HICHAM AIT ALMOUH
Suivez-nous sur acebook.com/lavieeco 20 La Vie éco – Vendredi 8 mai 2020 L’info continue sur lavieeco.com