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Culture

Mawazine 2025 : ElGrande Toto pulvérise OLM Souissi

ElGrande Toto a enflammé OLM Souissi, galvanisant pas moins de 320 000 fans en furie (un record). Flow incandescent, « Blue Love » à 1 milliard : le prodige de Casa porte le rap marocain au sommet du game mondial. Légende vivante !

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La scène OLM Souissi, cœur battant du Festival Mawazine, vibre encore des échos d’une nuit historique. Pour la clôture de cette 20e édition, ElGrande Toto, l’enfant terrible de Casablanca, a transformé la place en un chaudron bouillonnant, porté par une foule de plus de 320 000 âmes, venues crier leur amour pour le rappeur qui réinvente le son du Maroc. Premier rappeur marocain à tenir seul cette scène mythique avant de passer le relais à l’américain Lil Baby, Toto a livré un show magistral, une grand-messe où la darija, le français et l’anglais se sont mêlés dans un flow virtuose, à la fois outrancier et poignant.

Taha Fahssi, alias ElGrande Toto, n’est pas seulement un rappeur. C’est un phénomène, un miroir tendu à une génération qui se reconnaît dans ses rimes trilingues et dans son flow qui slalome entre mélancolie et bravade. Hier, dès les premières notes de Maghribi, le public est entré en transe. Les basses lourdes ont fait trembler le sol, les lumières stroboscopiques ont déchiré la nuit, et Toto, lui, a pris possession de la scène comme un général haranguant ses troupes. « C’est pour le Maroc, c’est pour vous ! », a-t-il lancé, déclenchant une vague d’euphorie qui a fait vaciller les barrières.

Le show était à l’image de l’artiste : un mélange de spontanéité et de maîtrise. Entre Mghayer, Staline, Salade Coco et Pablo, chaque morceau était une déflagration, un uppercut lyrical qui racontait la rue, les espoirs brisés, mais aussi l’ambition dévorante d’un gamin de Casa devenu superstar. Les fans, suspendus à ses lèvres, reprenaient chaque mot, chaque inflexion, comme s’ils vivaient à travers lui. Et puis, il y a eu ce moment suspendu, presque irréel : Toto, soudain vulnérable, a fait monter son fils sur scène, un instant d’émotion brute qui a figé la foule avant de la faire rugir à nouveau.

Du quartier aux palmarès, le king indiscutable

Au sommet de son set, Toto a lâché une bombe : son single Blue Love vient de franchir le cap historique du milliard d’écoutes en ligne, une première pour un titre marocain. La foule, déjà en fusion, a explosé de fierté. « On l’a fait, le Maroc l’a fait ! », a-t-il hurlé, les larmes aux yeux. Ce milliard, c’est plus qu’un chiffre : c’est la preuve que le rap marocain, porté par Toto, s’est frayé un chemin jusqu’aux cimes du game mondial, rivalisant avec ceux et celles qui font vibrer les charts.

ElGrande Toto, c’est l’histoire d’un gosse de BNJ (Benjdia) qui a conquis l’Olympia, le Zénith, et même le top mondial de Spotify avec plus d’un milliard d’écoutes. Premier rappeur marocain à décrocher un disque de platine en France avec Qui sait (en duo avec Niro) et un disque de diamant pour Love nwantiti avec Ckay, il incarne l’audace d’une scène marocaine qui ne se contente plus des marges. À Mawazine, il n’était pas seulement un artiste, mais un symbole : celui d’un Maroc jeune, pluriel, qui ose s’affirmer sur la scène mondiale.

Né en 1996 à Casablanca, Taha Fahssi n’a pas suivi un chemin tracé. Nourri au reggae de Bob Marley, au blues de B. B. King, au rock de Pink Floyd, au métal de Metallica et au rai de Cheb Khaled ou encore Bilal, il a grandi dans un monde où la poésie côtoyait la violence. Cancre assumé, plus à l’aise dans les battles de krump que sur les bancs du lycée Fatima Ezzahra, il a forgé son style dans les ruelles de Casa, entre flâneries et galères. C’est sous le nom de 7 Boo qu’il commence à rapper avant de devenir ElGrande Toto et lance 7elmat Ado et Smou7at. Mais c’est Pablo qui le propulse, un morceau où il lâche les chevaux, imposant un style détaché, des mélodies entêtantes et une plume crue, sans filtre.

ElGrande Toto : flows, records, gloire

Hier soir, sur la scène OLM Souissi, il a porté cette ambition avec une énergie féroce. Les jeux de lumière, les projections visuelles…tout concourait à ancrer son show dans une identité marocaine, tout en dialoguant avec l’universalité du hip-hop. Quand il a enchaîné sur Razones, le public a explosé, les smartphones brandis comme des flambeaux, capturant l’instant où le rap marocain s’écrivait en lettres capitales.

Le public, lui, était un personnage à part entière. Des ados en sweat oversized aux familles venues découvrir la vibe, tous étaient unis par une même ferveur. Les pancartes «Toto, notre fierté» et les drapeaux marocains brandis dans la foule disaient tout : ElGrande Toto n’est pas qu’un rappeur, il est une voix, un porte-étendard, un gamin du peuple devenu icône. Et quand il a conclu son set par un vibrant «Vive le Maroc !», c’est tout un peuple qui a répondu, dans un grondement qui résonnera longtemps après la fin du festival. Mawazine 2025, pour son 20e anniversaire, ne pouvait rêver meilleur ambassadeur.

Alors que les lumières s’éteignaient sur OLM Souissi, une chose était claire : ElGrande Toto n’a pas seulement donné un concert. Il a écrit une page d’histoire, celle d’un rap marocain qui n’a plus de frontières, porté par une jeunesse qui rêve grand. Rabat, cette nuit, était la capitale du rap made in morocco. Et Toto, son roi incontesté. C’est cela être ElGrande !