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Archives LVE. 1994, la reprise est là !
Il y a 30 ans, après des décennies d’ajustements, l’économie marocaine entamait son décollage. Une situation constatée aussi par le patronat.
Assistera-t-on enfin, en 1994, à une reprise sensible de l’activité économique ? L’économie marocaine, après une décennie d’ajustement durant laquelle elle a d’ailleurs montré des signes évidents de vitalité, réussira-t-elle, en 1994, à concrétiser le potentiel qu’elle recèle ? La question mérite en effet d’être posée, et ce, à plus d’un titre.
L’économie mondiale devra rompre dès 1994 avec la morosité qui est la sienne depuis plusieurs années. Rompant ainsi un environnement international dépressif, l’économie marocaine, largement ouverte sur l’extérieur, pourra tirer profit du dynamisme retrouvé des pays partenaires. Les préalables au décollage, fruits de l’ajustement, militent pour un processus de relance. Ces indicateurs laissent penser que l’économie marocaine se meut dans un sens qui lui permet de capitaliser les fruits des efforts déployés une décennie durant et de dégager ainsi des taux de croissance en mesure de répondre aux besoins croissants dans le domaine social. La maîtrise de l’inflation, la réduction du déficit du compte courant de la balance des paiements et celui du Trésor constituent en effet des atouts pour la reprise, d’autant que la réorganisation du marché financier et les récentes mesures de la Loi de finances et du Conseil national de la monnaie et de l’épargne (CNME) peuvent constituer de véritables leviers de la croissance. Les allégements fiscaux entamés dans la Loi de finances 1993 et confirmés dans la Loi 1994, qui profiteront aux sociétés et aux personnes, contribueront, aux côtés de la progression de la demande publique, à une relance de l’investissement et de la consommation.
Bien sûr, un tel surplus de demandes ne pourra se concrétiser que sous la condition d’une parfaite maîtrise de l’inflation. Or, à ce sujet, aucune crainte n’est permise. Hormis le dérapage de 1991, la maîtrise de la hausse des prix est effective, et cet objectif a été retenu comme l’un des principaux buts de la déclaration de politique générale du gouvernement. L’allégement de la pression fiscale sur les sociétés devra leur permettre de disposer de moyens financiers plus larges, ce qui, ajouté aux dispositions prises par le CNME en sa réunion du 8 mars, au programme d’aménagements de zones industrielles et à l’encouragement de l’habitat social, devra favoriser la reprise de l’investissement.
La réduction du taux de l’IS de deux points, la baisse du taux de la TVA à 7% pour les opérations de crédit et la possibilité offerte aux entreprises d’opter pour un amortissement dégressif, d’une part, le réaménagement des taux d’intérêt débiteurs qui devrait se traduire par une baisse de ces taux de deux points, la suppression de certains emplois obligatoires des banques qui allégeront le coût du crédit, d’autre part, permettront à l’investissement de s’inscrire à nouveau à la hausse après deux années de recul sensible.
L’ensemble de ces mesures seront par ailleurs appuyées par le lancement d’un premier programme de zones industrielles sur 400 hectares offerts au prix coûtant. Dépendant pour une large part de leur disponibilité et de leur coût, l’investissement devra être favorisé par l’offre additionnelle de terrains industriels et de leur prix incitatif.
Enfin, le programme de construction de 200.000 logements profitera aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers. Secteur aux ramifications multiples, le bâtiment et travaux publics devra constituer le moteur pour une reprise dans les activités qui lui sont directement ou indirectement liées.
Last but not least, le niveau satisfaisant des précipitations devra conduire à observer des résultats prometteurs lors de la présente campagne agricole, dont la production, dit-on, pourra avoisiner les 75 à 80 Mq. Les effets de l’activité agricole sur la croissance n’étant pas à démontrer, il y a fort à parier que cette dernière s’en trouvera revigorée. La politique économique susceptible d’impulser une nouvelle dynamique de la croissance, un environnement international moins hostile et des conditions climatiques favorables font ainsi que le taux de croissance prévu pour 1994 (11%) est en définitive accessible. La croissance pourra être également servie par la relance de la demande publique, mais à condition de répondre par les moyens de financement adéquats pour réaliser les +12.6% de croissance de l’enveloppe destinée à l’investissement. Au-delà de toutes ces possibilités, il conviendra cependant d’apprécier la capacité de l’économie à répondre aux exigences sociales, dont l’emploi n’est que la manifestation la plus apparente.