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Archives LVE. 1963 : Le Maroc entre dans l’ère parlementaire

Il y a 60 ans, le 18 novembre, le Parlement entrait en activité. Les élections ont eu lieu en mai, des députés sont élus pour quatre ans.

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Bien que l’histoire ait bon dos et qu’on lui prête souvent des intentions qu’elle n’a pas, il n’est pas excessif d’affirmer que le Maroc vient de vivre des heures historiques.

La Chambre des représentants, élue le 17 mai, même si ses pouvoirs sont relativement limités, aura une influence décisive sur la vie politique du pays. Même si certaines élections restent contestées, il n’est pas douteux que cette Chambre donne assez justement la physionomie de l’opinion.
La tendance conservatrice, respectueuse des traditions de l’islam, des classes dirigeantes et des grandes positions nationales, s’exprime dans l’Istiqlal. Le petit commerce et les professions libérales, surtout dans les grandes villes de la côte, trouvent dans le programme de l’UNFP une réponse à leurs aspirations vers des formes de gouvernement plus modernes.

En dehors de ces deux fractions dont un sociologue pourrait, avec une relative précision, donner les limites intellectuelles et géographiques, il restait une masse flottante, déçue par les partis ou restée étrangère à leur influence, une masse particulièrement attachée à la Monarchie mais en même temps plus soucieuse d’efficacité que d’idéologie, c’est elle dont le FDIC a emporté l’adhésion.

Sa création récente, l’absence de passé, en quelque sorte la «disponibilité» du Front l’ont ainsi largement servi, et en ont fait le premier parti du pays. Dès ses premiers débuts dans le chemin de la démocratie, le Maroc s’engage ainsi dans la voie du tripartisme si caractéristique des démocraties méditerranéennes.
Sur le fond, on ne peut que se féliciter de cette nouvelle orientation donnée à la politique marocaine. Il est bon que les vrais problèmes soient débattus au grand jour des assemblées.
Devant des textes précis, engageant ceux qui les proposent et ceux qui les votent, certaines attitudes démagogiques sont plus difficilement acceptables. La critique se fait plus sérieuse lorsqu’elle est apportée du haut d’une tribune officielle. La vie commune des assemblées oblige aussi à un minimum de courtoisie dans les rapports sociaux.
Certains abus sont enfin plus difficilement couverts lorsqu’ils risquent d’être dénoncés dans un Parlement et officialisés dans le B.O. Bref, on ne peut que gagner à cette mise en question des idées et des programmes dans la mesure surtout où le pouvoir laissé au Souverain garantit la sauvegarde des grands intérêts nationaux. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine économique où les avantages d’une libre confrontation l’emportent de beaucoup sur les conforts illusoires de l’autoritarisme.
Nous sommes convaincus que les grandes démocraties sauront apprécier à leur juste valeur l’expérience audacieuse tentée par le Roi. En un temps où les États, jeunes ou vieux, cèdent si souvent aux tentations de la dictature et du monolithisme politique, le Maroc donne au monde un exemple de maturité, de confiance en soi qui mérite le respect.
Les premiers pas du nouveau régime seront suivis avec intérêt, par toutes les nations qui, confrontées aux exigences de l’indépendance, sont encore à la recherche de la forme de leur destin. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler le rôle que les représentants jouent dans le futur Parlement. Celui-ci (art. 36 de la Constitution) se compose, on le sait, de la Chambre des représentants, qui vient d’être élue le 17 mai, et de la Chambre des conseillers, dont les élections doivent avoir lieu le 4 octobre.
Les représentants ont été élus au suffrage universel au scrutin uninominal à un tour pour quatre ans. Les membres de la Chambre des conseillers seront élus pour six ans et renouvelables par moitié tous les trois ans, les sièges faisant l’objet du premier renouvellement devront être tirés au sort.
F.G.

Com’ese

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