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Vidéo. Saïd Mouline décortique les enjeux de l’hydrogène vert pour le Maroc
Pour le patron de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique, le Maroc a tout à gagner à développer la filière de l’hydrogène vert. Les raisons sont écologiques, mais surtout économiques.
La course mondiale à l’hydrogène vert est lancée, et le Maroc compte bien faire partie du peloton de tête. Pour cela, il planche, sous l’impulsion du souverain, sur l’élaboration d’une offre compétitive en matière d’hydrogène vert, afin de se positionner comme un acteur de référence de cette filière promise à un essor sans précédent au cours des prochaines années, notamment dans le secteur de la mobilité.
Les enjeux pour le Maroc sont colossaux. Au-delà des aspects climatiques liés à la réduction des émissions de carbone, le développement de la filière revêt une importance stratégique sur le plan économique, et fait figure de «game changer».
«Notre pays est aujourd’hui un importateur net d’énergie grise dont la facture énergétique a atteint l’an dernier 15 milliards de dollars. Nous pouvons devenir demain exportateur d’énergie verte», a affirmé Saïd Mouline, lors des Industry Meetings Days, organisés ce week-end à Tanger.
Pour le patron de l’AMEE, l’atout numéro un du Maroc pour s’imposer comme un leader dans le secteur de l’hydrogène vert réside dans son potentiel «exceptionnel» en énergies éoliennes et solaires et à sa capacité à en produire à un prix compétitif.
«L’hydrogène vert devient aujourd’hui intéressant parce qu’il devient moins cher d’en produire», explique-t-il. «Grâce à la vision royale, il y a eu un programme pour les énergies renouvelables, qui fait qu’aujourd’hui nous avons au Maroc parmi les prix les plus compétitifs au monde. Avec cette énergie renouvelable beaucoup moins chère, on peut produire de l’hydrogène vert beaucoup moins cher».
Selon Mouline, le travail qui est fait actuellement consiste à créer tout un écosystème créateur d’emploi autour de l’hydrogène vert, avec un impact sur des régions et des territoires. «Nous avons beaucoup à y gagner au niveau économique», insiste-t-il. Par ailleurs, ajoute-t-il, «nous voulons une souveraineté énergétique, avec le renouvelable, nous pouvons l’avoir».
L’hydrogène vert permettra également de produire de l’ammoniac vert. «Au lieu d’importer de l’ammoniac gris, dont la facture s’est élevée l’an dernier à 1 milliard de dollars, l’OCP va en produire localement pour décarboner son process. Géostratégiquement c’est très important», affirme-t-il.
Selon Mouline, «de nombreux projets, pilotés par l’OCP, L’Iresen, ou encore Masen, montrent qu’aujourd’hui nous savons maîtriser la production. Et d’autres grands projets arrivent, pas seulement au Maroc, parce que la demande est très forte». L’Allemagne par exemple, qui mise gros sur l’hydrogène vert, prévoit d’importer 50% de ses besoins de pays où les renouvelables ne sont pas chers, comme le Chili, le Canada, l’Australie ou le Maroc, avec un impact économique considérable sur ces futurs pays exportateurs.
L’explosion de la demande mondiale en hydrogène vert est surtout attendue dans le secteur de la mobilité où de grands changement auront lieu dans les 5 prochaines années. «Nous vivons un tournant dans ce domaine», selon le DG de l’AMEE. Il y a certes la voitures à hydrogène, appelée à un grand essor, mais aussi les camions, les trains, les avions et mêmes les porte-conteneurs qui sont en train de s’orienter vers cette énergie propre.
Au final, résume notre interlocuteur, «le Maroc a des raisons climatiques, économiques, et géostratégiques» de développer cette filière d’avenir et d’en devenir un acteur incontournable.