Agriculture
Irrigation, subventions, exportations d’eau… Les précisions de la Comader
La Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader) a émis des recommandations pour continuer à assurer la rentabilité, la durabilité et la compétitivité des agriculteurs.

L’agriculture continue de souffrir de la pénurie d’eau. Il est vrai que le pays a connu des précipitations pluviométriques et neigeuses importantes. Mais, elles n’ont contribué qu’à une certaine mesure à améliorer les réserves hydriques nationales. C’est le constat fait par Rachid Benali, président de la Comader, lors d’une conférence de presse tenue sous le thème «Les grands défis du secteur agricole au Maroc : enjeux, contraintes et perspectives» qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la décision du conseil d’administration de la Confédération, concernant l’activation des recommandations issues de la première rencontre nationale des professionnels du secteur agricole, tenue le 19 février dernier, sous le slogan « L’agriculteur entre les enjeux de la résilience et les défis de la durabilité ».
Il ajoute : « De plus, la hausse des coûts des intrants exerce une pression considérable sur les agriculteurs et les investissements agricoles, sans oublier les difficultés d’accès au financement et la volatilité des marchés, qui affectent fortement la rentabilité, la durabilité et la compétitivité du secteur ».
Force est de constater que ces contraintes constituent un véritable obstacle à la continuité des activités agricoles, menacent les équilibres économiques et sociaux en milieu rural et fragilisent la capacité des agriculteurs, notamment les petits et moyens, à prendre des décisions d’investissement basées sur une vision claire et sécurisée.
Les recommandations de la Comader
Ainsi, la Comader appelle à garantir à l’agriculture au moins 80 % de ses besoins en irrigation en toutes circonstances, tout en renforçant la coordination et la cohérence entre la politique hydrique et la politique agricole, à réviser les quotas d’irrigation alloués à partir des barrages et les augmenter en fonction des besoins des zones menacées par une perte totale de production ainsi qu’à offrir aux agriculteurs, une vision claire et prospective concernant les volumes et les calendriers de mise à disposition des quotas d’eau, particulièrement dans les périmètres irrigués, et ce, avant le début de la saison agricole, afin de programmer efficacement les activités agricoles. Il s’agit aussi d’associer les organisations professionnelles aux comités régionaux et provinciaux chargés de la gestion des ressources hydriques telles que les quotas d’eau pour l’irrigation des périmètres.
«La Confédération a aussi constaté la persistance de la diffusion d’analyses inexactes ou partielles, qui imputent au secteur agricole des responsabilités infondées, qui manquent de données scientifiques précises», estime Benali. Allusion faite, entre autres, aux subventions qui étaient allouées pendant deux ans aux producteurs de tomates. Ce ne sont pas seulement deux « grands » agriculteurs qui ont bénéficié de ces subventions, comme ce qui a été colporté ci et là. Benali précise : « 3.849 agriculteurs en ont tiré profit, pour une superficie totale de 11.900 hectares pendant la saison agricole 2023-2024. L’année suivante, pour 11.170 ha, le nombre de bénéficiaires a totalisé 2.735». Il est à préciser que la filière de la tomate est un pourvoyeur important d’emplois au Maroc et est cultivée à hauteur de 85% dans les régions du Sud, dont essentiellement Agadir et Dakhla.
Autre point important : la consommation et l’exportation de l’eau. « L’eau «indirecte» importée à travers les importations de céréales, d’huiles et d’autres produits alimentaires de base dépasse de loin la quantité d’eau utilisée pour produire les exportations agricoles, soit de 8 fois», ajoute Benali.
Youssef Alaoui, président de la FISA, a de son côté précisé que la filière avicole est un secteur qui trouve son équilibre par lui-même, sans subventions ni aides étatiques. «Les hausses de prix qu’a connues le secteur l’année dernière reviennent à une orientation des consommateurs vers les viandes blanches en raison du renchérissement des prix des viandes rouges».
In fine, l’agriculture doit être traitée comme une priorité stratégique nationale, au même titre que des secteurs vitaux comme la santé et la défense, en tant que pilier de la sécurité alimentaire et sociale, et «non comme un secteur uniquement perçu sous l’angle du fardeau financier ou des recettes fiscales», conclut Benali.
