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Pouvoirs

Justice : Les femmes magistrates représentent près de 27 % du corps judiciaire

Le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire a réussi, au cours de son mandat actuel, à augmenter le nombre de femmes responsables dans le secteur judiciaire, passant de 10 en 2021 à 24 actuellement. La première femme procureure du Roi auprès d’un tribunal de droit commun a été nommée en 2022.

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La présence des femmes aux postes de responsabilité judiciaires n’est guère révélatrice de leur potentiel et leurs compétences professionnelles avérées, a souligné, lundi à Salé, le premier Président de la Cour de cassation et Président délégué du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire (CSPJ), Mohamed Abdennabaoui.

Intervenant à l’ouverture d’une session de formation sur « la gestion judiciaire, le leadership et les soft skills », M. Abdennabaoui a relevé que si les femmes magistrates représentent près de 27 % du corps judiciaire, force est de constater que 10 % d’entre elles occupent des postes de responsabilité dans les tribunaux.

Le CSPJ a réussi, au cours de son mandat actuel, à augmenter le nombre de femmes responsables dans le secteur judiciaire, passant de 10 en 2021 à 24 actuellement, sachant que la première femme procureure du Roi auprès d’un tribunal de droit commun a été nommée en 2022, a-t-il précisé. Ce chiffre a été multiplié par quatre au titre de l’année en cours, permettant à la femme juge d’investir avec succès un champ longtemps réservé aux hommes.

M. Abdennabaoui a souligné, lors de cette session de formation organisée en partenariat avec la Commission européenne pour l’efficacité de la justice, l’Institut supérieur de la magistrature et l’École nationale de la magistrature française, que le Conseil soucieux de mettre en application les dispositions constitutionnelles en matière d’égalité et de parité, œuvre à surmonter les obstacles entravant les femmes magistrates dans l’accès aux postes de décision.

Les postes de responsabilité confiés aux femmes magistrates « ne sont aucunement des postes de rente attribués de manière arbitraire ou sans mérite », a-t-il noté, précisant que le CSPJ veille à ce que seules y accèdent les magistrates disposant des qualifications requises et capables de diriger les institutions judiciaires et d’améliorer leur performance.

Il a rappelé à cet égard que le Conseil a opté pour une démarche axée sur la formation et la qualification afin de permettre aux femmes juges désireuses d’assumer des responsabilités administratives au sein des tribunaux d’acquérir les compétences de leadership nécessaires.

De son côté, le procureur général du Roi près la Cour de cassation et président du Ministère public, Hicham Balaoui, a souligné que la femme magistrate a démontré son potentiel d’expertise, son sérieux, sa solide compétence juridique et son rôle actif dans la consolidation des valeurs de justice et d’équité. Ces qualités, a-t-il ajouté, se sont révélés au grand jour dans l’exercice des responsabilités judiciaires dans les différents tribunaux du Royaume.

Dans son allocution, il a indiqué que depuis la nomination en 1998 de la première présidente d’un tribunal de première instance, la confiance dans les femmes du corps judiciaire s’est nettement renforcée, ouvrant la voie à une augmentation continue du nombre de femmes juges occupant des postes de responsabilité.

Dans ce sens, M. Balaoui a fait état de 15 femmes responsables exerçant dans les parquets aujourd’hui, de même qu’au niveau de la présidence des juridictions de première instance (premier degré) et de second degré, ainsi que dans la présidence de chambres et de départements à la Cour de cassation.

Il a expliqué que cette évolution illustre l’intérêt porté par le CSPJ, à travers son plan stratégique, à la promotion des principes de parité et d’égalité des chances entre hommes et femmes dans l’accès aux postes de responsabilité judiciaire.

Pour Daniel Dotto, vice-chef de la délégation de l’Union européenne au Maroc, une telle évolution s’inscrit dans le cadre du programme MA-JUST, financé par l’UE et le Conseil de l’Europe, faisant savoir que « la justice ne pourrait être pleinement équitable sans être inclusive et représentative ».

Dans cette perspective, il est nécessaire d’accorder aux femmes magistrates les moyens de devenir des actrices du changement institutionnel, formant le vœu de voir émerger une nouvelle génération de femmes leaders dans le domaine judiciaire.

Les femmes magistrates sont capables de démontrer leur excellence professionnelle, leur vision stratégique et leur engagement personnel, a-t-il dit, ajoutant que la diversité des compétences dans les postes de responsabilité judiciaire ne peut qu’enrichir les pratiques de gestion judiciaire.

Cette session de formation vise à permettre à 50 femmes magistrates, adjointes de responsables judiciaires, d’acquérir des outils théoriques et pratiques nécessaires pour améliorer la gestion des tribunaux, renforcer les capacités de prise de décision stratégique et renforcer leur impact institutionnel.

Le programme de cette session de deux jours prévoit des ateliers axés notamment sur la gestion judiciaire, la gestion des relations humaines au sein des tribunaux, l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ainsi que les outils et méthodes de gestion judiciaire.