Archives
Archives LVE 1975. Une usine de traitement des déchets à Casa
Il y a 50 ans, la nouvelle usine de traitement des déchets urbains de Casablanca produisait 375 tonnes de compost par jour. Il s’agissait d’un excellent engrais, notamment pour le maraîchage.

L’usine de traitement des ordures ménagères de Casablanca, qui a été inaugurée dernièrement, est la première de ce genre à être installée au Maroc. Elle a fait l’objet d’un appel d’offres international et l’adjudicataire était la société Degremont SGEA.
Cette réalisation a bénéficié de l’aide française pour l’installation de l’appareillage technique. Les travaux, qui ont commencé en avril 1973 et qui sont prévus pour 2 ans, ont été achevés avec une certaine avance. La construction de l’usine a été financée par la ville de Casablanca, qui a bénéficié d’une subvention du ministère de l’Agriculture.
Cette usine s’avérait comme une impérieuse nécessité. La quantité quotidienne de déchets urbains est en effet de l’ordre de 700 tonnes actuellement et leur dépôt comme leur lieu de décharge posent des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre.
La création d’une usine de traitement des ordures ménagères permet de trouver une solution dans les meilleures conditions d’hygiène et surtout d’économie, puisque l’usine doit fournir un excellent engrais, le compost, dont le pouvoir fertilisant est analogue au fumier de cheval.
L’usine comprend deux parties : un bâtiment à proximité duquel sont déversées les ordures ménagères et où se fait le traitement physique des ordures, et une cellule de fermentation où a lieu la transformation chimique ou biologique des déchets.
Dès leur arrivée à l’usine, les ordures ménagères sont débarrassées tout d’abord des gros objets métalliques. Les déchets subissent une opération de déferraillage par électro-aimant, toutes ces ferrailles sont ensuite compactées à l’aide d’une presse extrêmement puissante et livrées aux consommateurs locaux, en particulier à Sometal qui, on le sait, transforme les ferrailles en fer à béton.
Après l’opération de déferraillage, les déchets sont triés à la main, notamment pour les débarrasser de la multitude de ferrailles, des emballages et de plastiques. On n’a en effet pas trouvé d’autre moyen de tri pour ces déchets de plus en plus envahissants. Les ordures sont broyées et c’est ce mélange qui va être ensuite transformé en compost par fermentation naturelle, accélérée par insufflation d’air.
Cette transformation se fait sous une cloche de fermentation mobile qui tourne lentement autour d’une aire cimentée. Les ordures broyées restent 6 jours en vase clos à l’intérieur de la cloche, pendant lesquels la température intérieure, du fait de la fermentation, atteint jusqu’à 70°.
De ce fait, tous les germes nocifs, les insectes et les graines sont détruits. Le compost reste encore 14 jours à l’air libre et c’est donc 20 jours après sa mise en fabrication qu’il peut être livré à la vente. En cas de besoin, il peut subir un nouveau broyage pour affinage, s’il est destiné à certaines cultures délicates.
L’usine dispose d’une vaste aire de stockage où le compost peut être conservé à l’air libre, sans aucun inconvénient pendant plusieurs mois. La pluie et le soleil ne provoquent aucune réaction chimique et il convient de souligner que cette usine fonctionne sans odeur désagréable. L’usine de traitement des ordures ménagères de Casablanca permet actuellement de traiter 700 tonnes par jour, soit la quantité moyenne collectée.
Bien entendu, le tonnage des déchets urbains va encore s’accroître et tout est prêt d’ores et déjà pour porter la capacité de traitement à 930 tonnes par jour. Cette extension se fera par la mise en place d’une 4e chaîne de traitement physique, parallèle aux trois chaînes actuellement installées.
La puissance installée de l’usine est de 1.890 kW. Elle emploie une quarantaine d’employés, dont une dizaine de techniciens ou spécialistes. Le montant global des travaux, y compris les aménagements de voirie, a atteint 15 millions de dirhams. L’usine produira environ 375 tonnes de compost par jour qui sera utilisé surtout dans les zones de maraîchage. C’est parce que l’utilisation de cet engrais est périodique qu’une aire de stockage a été prévue.
Le traitement des déchets urbains permet, on le voit, de fabriquer de l’engrais et de récupérer des ferrailles. Il reste à résoudre le problème (mondial) du plastique. Des recherches sont en cours, on a envisagé d’en fabriquer des revêtements muraux, des isolants, voire de les intégrer dans le revêtement des routes.
La Vie Économique
