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Archives LVE 1955 : Métallurgie, difficile relance

Il y a 70 ans, complètement anéantie par la crise économique de 1931-1932, l’industrie métallurgique tentait de se reprendre. Toutes les usines installées entre 1914 et 1930, avaient disparu.

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Avant la Seconde Guerre mondiale, il n’existait dans l’Empire Chérifien que deux grandes entreprises industrielles de construction métallique installées à Casablanca : la Société africaine des ateliers de construction Schwartz-Hautmont, 8, rue du Colonel Sacal, et la Société marocaine de construction métallique (anciens établissements J. Barbié), 96, boulevard du CEF, fondée en 1913.

Toutes les autres usines qui s’étaient installées dans l’Empire Chérifien, entre 1914 et 1930, avaient disparu pendant la crise économique qui désola le Maroc de 1931 à 1936.

Seuls quelques ateliers de faible importance, en majorité d’allure semi-artisanale, avaient réussi à subsister à côté des deux grandes usines citées plus haut. Cette situation ne connut aucune modification sensible pendant la guerre de 1939-1945, encore qu’à partir de 1942, il se produisit une recrudescence de l’activité de tous ces établissements.

Les besoins du pays, coupés du fait du blocus de tous ses fournisseurs habituels, durent être satisfaits par les ressources locales et notamment ceux des chantiers navals qui avaient à assurer la remise en état de nombreux bâtiments de guerre et de commerce.

Le débarquement allié vint poser de nouveaux problèmes de tous genres. Malgré l’extrême pénurie de matières premières, les constructeurs locaux s’ingénièrent à donner satisfaction à la plupart des demandes, si bien que l’on pût atteindre l’armistice sans que le Maroc ait par trop à souffrir de son isolement économique.

Mais il restait encore beaucoup à faire et les demandes affluèrent dans les années qui suivirent immédiatement la fin de la guerre. Ces possibilités n’échappèrent pas aux grosses firmes de la Métropole qui, désireuses d’installer hors d’Europe une partie de leurs usines dans un but de décentralisation industrielle et aussi pour échapper à un régime fiscal qu’elles jugeaient écrasant, se mirent à créer dans le Moghreb occidental des filiales, en nombre exagéré, semble-t-il.

L’expérience a en effet démontré que les espérances qu’elles avaient mises dans la capacité d’absorption du Maroc en matériel de construction métallique ne reposaient sur aucune réalité. Cette industrie connut rapidement de graves difficultés, en raison même de son suréquipement.

La chose surprendra d’autant moins nos lecteurs lorsqu’ils sauront qu’il existait, en 1948, dans l’Empire Chérifien, et tout particulièrement dans la périphérie de Casablanca, une cinquantaine d’entreprises d’allure plus ou moins industrielle : certaines d’entre elles étaient équipées d’un matériel important.

Mais, alors qu’elles avaient réussi, péniblement il est vrai, à se maintenir jusqu’en 1950, on n’en comptait plus qu’une trentaine en 1952 et 24 en 1953, dont 10 à Casablanca et 8 à l’intérieur du Maroc.
D’après les chiffres de la Production industrielle, leur production s’était élevée en 1952 à un ordre de 25 à 30.000 tonnes de matériel fini, charpentes de bâtiments, hangars, réservoirs, poutrelles, pylônes, etc.

En groupant toutes les activités-citernes, annexes (wagons, chaudronnerie industrielle, etc.), la construction métallique, à l’époque de son plein développement, était arrivée à fabriquer 44.000 tonnes de produits divers, d’une valeur de 1.760 millions de francs et avait utilisé dans l’ensemble un effectif de 2.800 à 3.000 ouvriers. Mais, sur ce total, 30.000 tonnes environ ressortaient seulement de la construction métallique pure.

Nous sommes loin aujourd’hui de ces chiffres et l’on ne trouve plus actuellement au Maroc que 7 entreprises industrielles de construction métallique en activité : encore certaines d’entre elles connaissent-elles de sérieuses difficultés.

Il est possible d’affirmer que ce sont encore les deux maisons les plus anciennes, nous voulons parler de Schwartz-Hautmont et de la Société marocaine de construction métallique, d’égale importance, qui ont le plus facilement résisté aux conséquences d’un suréquipement dont nous parlions ci-dessus.

Si l’on ajoute à ce suréquipement le manque de protection offert par la législation douanière chérifienne à son industrie locale, on connaîtra les deux raisons majeures de la crise actuelle. Tant que cet état de fait durera et tant que des mesures efficaces ne seront pas prises pour rétablir la situation, il y a peu de chances qu’une amélioration sensible vienne à se produire…
Pierre d’ASPE

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