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Archives LVE. 1994, l’information en temps réel
Il y a 30 ans, alors que le marché boursier marocain «bouge», deux entreprises, l’une canadienne, ESM, l’autre marocaine, Wafa Systèmes, proposent l’informatisation et la modernisation de la Bourse des valeurs. Objectif : donner à l’information financière ses lettres de noblesse…

Le marché financier marocain est-il à la veille de mutations profondes ? Assurément, répondent tous ceux que l’actualité financière intéresse et qui ont pu apprécier les diverses opérations qui se sont effectuées au travers de la Bourse des valeurs de Casablanca ces derniers mois et semaines. En outre, depuis l’été 1993, la réforme de la Bourse est entrée dans les faits, comme le prouve l’existence, sur le papier du moins, du Conseil déontologique des valeurs mobilières. Mais la Bourse c’est aussi un cadre physique, des méthodes de cotations, un système d’information et, à ce niveau, force est de reconnaître qu’elle fait figure de vieille dame fatiguée… Les nouvelles missions qui lui sont imparties, l’importance que l’on veut accorder au marché financier dans la perspective d’une croissance soutenue, tout cela commande une transformation profonde du cadre, de la conception et des moyens que l’on veut donner à l’information financière, afin d’en faire un outil moderne, performant, adapté à toutes les évolutions futures, un attrait de plus en somme, pour amener les épargnants et les investisseurs à la fréquenter de façon assidue… Conscientes de ces mutations et de leur impérieuse nécessité, deux entreprises, ESM (Canada) et Wafa Systèmes (Maroc) ont constitué un groupement dans le but de proposer aux responsables marocains les moyens concrets de cette réorganisation profonde. C’est pour évoquer cette proposition que «ESM apporte la technologie et Wafa Système toute la logistique sur place», précise d’entrée Henry H. Danan, conseiller d’ESM au Maroc. «Le but de ce groupement est de présenter une étude de faisabilité pour informatiser et moderniser la Bourse des valeurs de Casablanca afin d’offrir en fin de course les équipements et logiciels nécessaires à la concrétisation de cet objectif», dixit Danan. Mais l’entreprise n’est pas mince et le groupement en question cherche actuellement à obtenir une aide substantielle de l’Agence canadienne pour le développement international (ACDI) afin de financer cette étude de faisabilité. L’accord de principe de cette agence gouvernementale canadienne, spécialisée dans les opérations avec les pays en développement, est acquis, mais les procédures techniques d’acceptation prennent quelques semaines.
En outre, l’ambassade du Canada au Maroc, informée de la démarche, soutient le projet.
D’autre part, afin de sensibiliser les décideurs gouvernementaux et autres, les opérateurs et les futurs éventuels utilisateurs, le groupement organisera le 15 juin à Casablanca, «une journée sur la Bourse, conçue comme la démonstration de l’opérabilité du système EMS, en présence notamment d’utilisateurs canadiens actuels».
La présence de ces derniers s’explique par le fait qu’ESM Canada opère en tant que maître d’œuvre à la Bourse de Montréal, ce qui lui donne les qualités, la compétence et l’expérience nécessaires et requises pour prétendre au même rôle au niveau de celle de Casablanca, en partenariat, il est vrai, avec Wafa Systèmes, première entreprise d’ingénierie informatique au Maroc.
Comme l’annonce l’un des administrateurs d’ESM, le développement extraordinaire des techniques de communication et de télécommunication a trouvé une application concrète au niveau de l’information financière qui permet de mesurer le «pouls d’un pays». Celle-ci est dynamique, variée, multisectorielle. «Dans ce contexte, EMS a su conquérir des marchés internes au Canada où elle est en passe de représenter 80% du marché de ce pays dans la niche informatique qu’elle a choisie. Cette niche sectorielle, c’est toute l’interface avec l’usager pour l’échange et le traitement de l’information financière. Cela permet d’aller jusqu’à la transaction, c’est-à-dire l’achat et la vente d’actions par ordinateur. ESM a donc mis au point et développé un système transactionnel qui a très peu de concurrents aujourd’hui», précise l’administrateur de l’entreprise québécoise. Mais ces logiciels sont-ils adaptés à la situation d’une bourse qui connait encore un volume transactionnel assez faible, des liquidités limitées, une offre aussi restreinte que peu diversifiée ?
