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Archives LVE. 1974, la masse monétaire explose

Il y a 50 ans, une hausse sans précédent de la masse monétaire du Maroc était prévue. Les crédits devraient être accordés «avec discernement et modération».

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Le Comité du crédit et du marché financier a tenu sa réunion habituelle de début d’année vendredi 22 mars à Rabat.
Il a noté qu’au cours de l’exercice qui vient de s’achever, la masse monétaire s’est développée d’une manière très accentuée au taux de 18%, pour atteindre 9.305 MDH environ à fin décembre 1973. L’origine des liquidités nouvelles est imputable surtout à l’expansion, au taux de 22%, des crédits à l’économie, tandis que l’influence des avoirs extérieurs et des créances sur le Trésor a été beaucoup moins déterminante qu’en 1972. Les réserves de change ont augmenté, en effet; de 11% seulement et les créances sur le Trésor de 14% environ.

Le développement remarquable des crédits, particulièrement à partir du 2e semestre, s’explique notamment par l’accroissement et le renchérissement des importations par la substitution des crédits internes aux crédits fournisseurs étrangers et, enfin, par la constitution de stockage de précaution face à la hausse générale des prix externes et internes.

Cette situation n’a pas manqué de se traduire par un resserrement des trésoreries bancaires qui n’ont pas été suffisamment reconstituées ni par les entrées de devises ni par les dépenses du Trésor. C’est pourquoi la banque centrale a été amenée à proroger à plusieurs reprises et à maintenir les facilités supplémentaires annoncées au cours de la précédente réunion du Comité du crédit et du marché financier, tenue le 3 juillet dernier. Sur le plan économique, l’exercice 1973, qui coïncide avec la première année d’exécution du plan, a été caractérisé par le déficit de la production céréalière, par la faiblesse de l’activité des travaux publics, en raison notamment du retard pris dans l’exécution des dépenses d’équipement, et par la hausse des prix.

Pour sa part, la balance des paiements s’est soldée par un excédent de 140 MDH environ, en dépit du renchérissement et de l’accroissement des importations, grâce au développement remarquable des exportations, des transferts des travailleurs marocains à l’étranger et grâce aux recettes touristiques, tandis que les opérations en capital se sont trouvées pratiquement en équilibre.

À la suite de cet exercice de transition, l’année 1974 s’est ouverte dans un climat de perturbations économiques internationales et de hausse générale des prix. Les dépenses d’équipement, tant publiques que privées, qu’il conviendrait de mettre en œuvre pour respecter les programmes tracés par le plan et pour compenser ainsi les retards accusés au cours de l’exercice passé, ne manqueront pas d’accentuer encore la pression sur la balance des paiements, sur les demandes de crédits internes et sur les prix.

En ce qui concerne la balance des paiements, on peut penser que la réévaluation du prix de vente des phosphates viendra compenser l’alourdissement de toutes les dépenses d’importation, qu’il s’agisse des produits énergétiques ou des biens de consommation et d’équipement.

En ce qui concerne la distribution des crédits à l’économie, le système bancaire a été invité à faire preuve de sélectivité et de modération dans l’octroi de ses concours, en développant au maximum les crédits à l’équipement.
Pour sa part, la banque centrale veillera à accorder un refinancement adapté, certes, à l’évolution des trésoreries bancaires mais compatible aussi avec le respect des équilibres fondamentaux et particulièrement au regard de l’évolution des prix internes qui demeure préoccupante.

À cet égard, les autorités monétaires ont annoncé au système bancaire qu’elles consolidaient les facilités supplémentaires qu’elles avaient accordées en juillet dernier et qu’en outre elles consentaient provisoirement une augmentation nette de 30% des plafonds actuels de réescompte.

Le Comité a été informé de la réforme que les autorités monétaires comptent introduire dans le régime du crédit à l’armement et à la pêche. Selon le nouveau système, la procédure d’instruction, de distribution et de refinancement de ces crédits sera simplifiée. Les banques ont été invitées à contribuer sans réserve, en association avec la BNDE, au développement de ces nouveaux crédits d’équipement qui touchent un secteur considéré comme prioritaire par les pouvoirs publics.