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Adnane Zerhouni : «Aujourd’hui, il n’y a plus de santé sans technologie»
Business model, positionnement, technologies, ambitions… Le directeur général de Vicenne revient sur les atouts du groupe qui s’apprête à faire son entrée à la Bourse de Casablanca, et sa stratégie de croissance.

Nommé Directeur général de Vicenne en mars dernier, Adnane Zerhouni siégeait déjà au sein du conseil d’administration en tant que représentant du fonds panafricain Amethis qui détient 31,29% du capital du groupe.
Désormais aux commandes, il aura notamment pour mission de piloter les opérations stratégiques de croissance externe prévues d’ici 2030.
Cela tombe bien, ce diplômé d’HEC est un spécialiste des fusions-acquisitions. Il a auparavant été directeur M&A du groupe Saham, où il a exécuté de nombreux investissements sur le continent africain, ainsi que banquier d’affaires à Londres au sein des départements M&A de Deutsche Bank et de Barclays Capital. Entretien.
Qui est Vicenne et pourquoi l’entreprise entre-t-elle en Bourse ?
Vicenne est un intégrateur de solutions médicales à fortes composantes technologiques. Nous accompagnons nos clients dans l’expression du besoin, la conception de leur projet, et nous mettons à disposition les technologies présentes dans notre portefeuille pour leur permettre de traiter les patients de la meilleure manière.
Nous assurons donc l’implémentation du projet avec la mise en place des équipements et nous organisons la formation des équipes et des utilisateurs. Enfin, nous assurons la maintenance et le service après-vente pendant plusieurs années tout au long de l’utilisation de nos équipements.
Nous accompagnons l’évolution du secteur de la santé au Maroc depuis trois décennies et avec tous nos partenaires, qu’ils soient fournisseurs ou clients, nos relations s’inscrivent dans la durée.
En ce qui concerne les clients, nous servons particulièrement les hôpitaux, les cliniques, les laboratoires de biologie, et tous les centres de soins.
Aujourd’hui, nous avons atteint un stade de développement qui nous permet d’accélérer notre développement. L’introduction en bourse s’inscrit dans cette dynamique. Cela va nous permettre d’accéder à des financements qui vont nous permettre d’accélérer notre croissance, notamment viala croissance organique, mais aussi par de la croissance externe.
Quels seront les moteurs de cette croissance pour atteindre les objectifs ambitieux du business plan à l’horizon 2030 ?
Le business plan est porté par une tendance de fonds du secteur qui est très positive si l’on considère les déficits actuels en infrastructures ainsi que les ratios de consommation de la population marocaine qui sont encore très faibles.
Vu le développement de notre pays, il y a une croissance mécanique du marché et nous sommes très bien positionnés pour bénéficier d’un effet accélérateur, puisque, aujourd’hui, il n’y a plus de santé sans technologies. Nous sommes sur des segments à forte composante technologique et donc non seulement nous accompagnons la croissance, mais nous allons aussi plus vite que cette croissance. Car la composante technologique aussi, en proportion, augmente.
Notre business plan anticipe un quasi-doublement de tous nos indicateurs sur les cinq prochaines années. Nous avons fait la même chose sur les 4 dernières années, donc ce n’est pas quelque chose qui nous surprend. En revanche, l’introduction en Bourse et les fonds que nous allons lever vont nous permettre d’aller au-delà de ce business plan, qui est un business plan «pre-money».
Les fonds que nous allons lever lors de cette IPO vont nous servir à déployer notre stratégie de croissance qui est très claire : d’abord, le renforcement de nos positions sur les modalités existantes et sur le marché, à savoir les équipements lourds et semi lourds, les consommables, les services, le traitement de déchets, et l’international qui, comme nous l’avons expliqué, consiste en l’Afrique de l’Ouest francophone essentiellement.
Le deuxième axe c’est l’élargissement de notre gamme de produits, avec toujours comme objectif de ramener les dernières technologies, les technologies les plus performantes, pour les mettre à disposition de nos marchés et soigner le plus grand nombre.
Enfin, il y a une forte composante en termes de croissance externe et nous avons prévu de faire quelques acquisitions sur les prochaines années. Je rappelle d’ailleurs qu’au cours des 5 dernières années nous avons réalisé deux opérations de croissance externe couronnées de succès.
Des cibles sont-elles déjà identifiées ?
Nous avons un pipeline d’acquisitions, au Maroc, mais pas que, sur différentes modalités. On ne peut pas en dire plus à ce stade, mais c’est clairement l’objectif. Les 500 millions de dirhams qui seront levés sur le marché, avec un effet de levier, nous permettent de financer jusqu’à un milliard de dirhams de projets de croissance. Sur ce milliard potentiel, nous avons déjà un pipeline de projets de l’ordre de 700 millions de dirhams.
Le marché des équipements médicaux est en pleine effervescence, avec d’autres acteurs qui se structurent. Qu’est-ce qui distingue Vicenne des autres protagonistes du marché ?
Ce qui nous différencie c’est notre focus sur la composante technologique. Cela fait 33 ans que nous faisons cela. Nos équipes ont développé une expertise en termes de technologies. Nos ingénieurs sont certifiés sur certaines technologies, ce qui n’est pas le cas d’autres acteurs.
Aujourd’hui, ces ingénieurs, ces certifications et cette expertise sont des éléments différenciateurs. Les acteurs qui peuvent installer et former sur nos technologies ne sont pas nombreux. Le marché est en ébullition, mais encore une fois, nous nous positionnons sur des segments à forte complexité. Ce qui fait que sur les différentes modalités nous retrouvons en général un ou deux acteurs.
Ces marchés ne sont pas ouverts à tous. Ils sont régulés et tous les produits doivent être enregistrés auprès des autorités compétentes. Les fournisseurs s’assurent que les équipes sont certifiées et formées, ce qui demande de l’investissement. Aujourd’hui, nous récoltons les fruits de tous les investissements passés, et de notre réputation sur le marché, auprès des fournisseurs. C’est véritablement l’élément différenciateur.
Pour résumer, pourquoi faut-il selon-vous souscrire à l’IPO ?
D’abord, c’est une entreprise de croissance, dans un secteur porteur, avec une gouvernance de qualité. La société est solide, performante. Donc investir dans Vicenne c’est faire un investissement de croissance.
Deuxièmement, cela a du sens d’investir dans une entreprise de santé, parce qu’il y a aussi le fait de participer à quelque chose de beau, à un effort global, collectif pour non seulement contribuer à l’amélioration de ce secteur au Maroc mais également participer à l’élargissement de l’accès à des soins de qualité pour tous nos concitoyens.
