SUIVEZ-NOUS

Pouvoirs

Fête du Trône. Eau, la bataille de demain

Deux années successives de chocs pluviométriques ont incité le Maroc à changer complètement de vision. Le cap est mis sur le dessalement de l’eau de mer, tout en continuant à construire de nouveaux barrages.

Publié le


Mis à jour le

L’eau est une denrée qui revêt un caractère stratégique. Vital pour tout dire. Que le Maroc ait mis en place un programme spécifique, surtout après une succession d’années à faible pluviométrie, cela découle de soi. Le Royaume voyait venir la crise de l’eau, depuis déjà une décennie, mais il ne s’attendait pas à deux années de «choc pluviométrique», pour reprendre les termes du ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki. Il est donc tout à fait logique que, ces deux dernières années, l’approche ait complètement changé.

Il fallait une intervention ferme, et surtout en finir avec dix ans d’un laxisme dont on paie aujourd’hui les frais. D’où cette séance du travail, présidée par le Roi, le 9 mai, qui a été consacrée à cette thématique. Cette réunion, pour reprendre un communiqué du Cabinet royal, s’inscrit dans le cadre de l’intérêt et de la haute sollicitude qu’accorde le Souverain à la question stratégique de l’eau. Laquelle question, preuve en est, a été déjà l’objet d’importantes orientations royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement, en octobre dernier, et de trois séances de travail présidées par le Souverain.

Ainsi, conformément aux instructions royales visant à accélérer ce programme et à en actualiser la consistance, un investissement supplémentaire important lui a été consenti, portant son budget global à 143 milliards de dirhams. Ce qui représente plus de 10% du PIB. Enorme ! Tout aussi énormes les projets programmés. Projet dont il a d’ailleurs été question d’accélérer la réalisation. Ce à quoi le gouvernement s’est attelé sans plus tarder. Il a été notamment souligné dans ce cadre l’accélération du projet d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km. Une première partie du programme est en cours d’achèvement, les premiers mètres cubes devraient déjà être transférés. Il sera finalisé en octobre prochain.

Il a été question de programmation de nouveaux barrages et l’actualisation des coûts d’une vingtaine de barrages prévus, permettant ainsi d’augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards m3 d’eau douce. Le plan d’action d’urgence porte également sur l’accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles, à travers la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer et l’augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées. Le renforcement de l’approvisionnement en eau potable du monde rural était aussi à l’ordre du jour. Et ce, en élargissant la couverture à plus de douars et en renforçant les moyens logistiques et humains mobilisés.

Changement d’approche
On retiendra de ce programme que le Maroc a changé de vision. En gros, pour l’eau potable et à usage industriel, et dans un second lieu pour l’agriculture, le Royaume compte essentiellement sur le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres. Une vingtaine de stations sont prévues d’ici 2030. Des stations mobiles seront également mobilisées. Les retenues des barrages seront consacrées en grande partie à l’agriculture et à la reconstitution des nappes phréatiques et des réservoirs souterrains. Les eaux usées recyclées seront destinées à l’arrosage des espaces verts et à l’industrie. Voilà. La mise en œuvre du programme a nécessité une mobilisation du gouvernement ainsi que d’autres acteurs concernés. Cette mobilisation a déjà commencé à donner ses fruits.

Début juillet, la capacité globale installée de 12 stations existantes de dessalement de l’eau de mer s’élevait déjà à 179 millions m3 par an, auxquels s’ajoutent quelque 37 millions de m3 issus du dessalement des eaux saumâtres. Cette capacité de production vient d’être renforcée par 110 millions de m3 à la faveur des apports de deux stations de Safi et Jorf Lasfar réalisées par l’OCP en vue d’approvisionner les villes de Safi et d’El Jadida en eau potable et industrielle. Cette capacité se développera dans les prochaines années avec des projets en cours de lancement ou de mise en service, notamment à Sidi Ifni, Tarfaya, Dakhla et Casablanca. Notons que plusieurs stations sont actuellement en cours de réalisation, la plus importante étant celle de Casablanca-Settat, avec une capacité de 300 millions m3/an et dont la première phase de construction se fera dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Selon le ministère de l’Équipement, d’autres projets futurs de dessalement devraient voir le jour à travers des PPP. Lesquels modes de financement constituent un moyen efficace pour mettre à profit les compétences créatives du secteur privé dans ce domaine, développer le niveau des études et des ouvrages en la matière et s’assurer d’une offre de services et de prestations de qualité dans un cadre contractuel tout en les livrant dans les délais impartis. L’objectif fixé est de porter la capacité de production d’eau de dessalement à 1 milliard m3/an à l’horizon 2030.