Page 23 - La Vie éco - 12 Juin

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en direct Grand entretien

économie L'évè nement

Opinion ADIL EL JOUALI société
politique

Professeur chercheur en
économie internationale,
Université Ibn Zohr
culture échos

Intégrer la CEDEAO garantira-t-il une

indépendance économique vis-à-vis de l’Europe ?
carrières

antôt réfléchi tan- l’avance l’essor des écono- dont l’importation est commerce intra-régional. tions intra-régionales. Pour
votre argent
tôt passionné, mies locales qui ne sont coûteuse sur le marché En Europe, en Asie et en le reste des pays membres
T un long débat a pas armées pour affronter mondial. En outre, dans Amérique du Nord, le de la CEDEAO, le com-
été engagé autour des la concurrence de l’éco- une période marquée par commerce intra-régional merce régional joue un
différents enjeux d’une nomie marocaine. En cas une production d’énergie représente une part impor- rôle beaucoup plus impor-
éventuelle adhésion du d’adhésion du Maroc à la vulnérable aux conditions tante des exportations. tant, avec des ratios élevés
Maroc à la Communauté CEDEAO, la communauté climatiques, l’intégration En Europe, le commerce pouvant atteindre 59% au
des Etats de l’Afrique de pourrait devenir la 16 régionale des marchés de intra-régional a représenté Togo, 41% au Sénégal et
e
l’Ouest (CEDEAO). Si la puissance mondiale devant l’énergie est susceptible en moyenne plus de 70% 31% au Niger.
légitimité de la demande la Turquie. Cet argument, de réduire considérable- des exportations totales de En guise de riposte, avec
du Maroc n’est plus à jus- souvent mis en avant par ment les coûts, diminuer marchandises de la région ou sans crise, il est primor-
tifier, compte tenu de ses les défenseurs du dossier les émissions, et amélio- au cours des 20 dernières dial que le Maroc élargisse
relations diplomatiques et de candidature du Maroc, années. En Asie, 52% des ses horizons sur le plan
son ancrage économique est tout à fait justifié par exportations ont été ven- de commerce internatio-
dans la région, sa concré- les synergies et les avan- EN CAS D’ADHÉSION DU dus en Asie. La part de nal. Une libéralisation des
tisation ne pose visible- tages comparatifs dont dis- MAROC À LA CEDEAO, LA l’Amérique du Nord dans échanges avec ses frères
ment pas problème, du pose chacun des pays de la le commerce intra-régional africains demeure une né-
fait que plusieurs facteurs région. COMMUNAUTÉ POURRAIT a été légèrement infé- cessite à ce stade là. Aussi,
plaident pour un effet Et si on part de cet argu- DEVENIR LA 16 PUISSANCE rieure, soit 50% des expor- accroître la productivité
E
stimulateur sur le posi- ment de 16 puissance tations totales qui sont agricole, diversifier les ac-
e
tionnement continental et mondiale, force est de MONDIALE DEVANT LA écoulées dans la région. tivités à forte intensité de
international de la région. noter que bon nombre de TURQUIE. CET ARGUMENT, Le bloc régional CEDEAO main-d’œuvre et renforcer
La demande du Maroc a pays de la région jouissant occupe la seconde place ainsi les activités à forte
été en train de question- d’une richesse énorme SOUVENT MIS EN AVANT en termes de volume des valeur ajoutée, s’avère un
ner les fondamentaux de pourrait soutenir un ter- PAR LES DÉFENSEURS DU échanges dans le continent plan d’urgence pour une
l’intégration régionale en rain propice pour le climat africain, indique un rap- intégration réussie et une
Afrique. Lors de la tournée des affaires. Selon un rap- DOSSIER DE CANDIDATURE port de la BAD. Malgré les indépendance économique
de conférence organisée port élaboré par «Policy DU MAROC, EST TOUT avancées réalisées sur la et commerciale assurée.
par l’Institut Amadeus Center for the New South», voie d’une intégration éco- Dans un cadre d’actions
en Afrique de l’Ouest, l’intégration régionale est À FAIT JUSTIFIÉ PAR nomique accrue, la part du stratégiques, l’améliora-
plusieurs intervenants se une priorité essentielle de LES SYNERGIES ET LES commerce régional dans la tion d’un système bancaire
sont également félicité de la stratégie de dévelop- CEDEAO est restée plus ou et financier apte à sou-
l’opportunité de réunir pement de l’Afrique, où AVANTAGES COMPARATIFS moins constante et nette- tenir le financement des
une CEDEAO des Africains le libre-échange entre les DONT DISPOSE CHACUN ment inférieure à l’objectif investissements au profit
à deux couleurs, brisant membres constitue l’une de 40% que le bloc ambi- du secteur privé pourrait
ainsi la séparation entre des pierres angulaires de DES PAYS DE LA RÉGION tionne d’atteindre à l’hori- contribuer à la mise à
Africains «blancs» et Afri- l’agenda 2063, récem- zon 2030. Eventuellement, niveau du tissu productif
cains «noirs» qui perdure ment adopté par l’Union l’adhésion du Maroc à qui constitue le noyau
depuis bien des années. africaine. Le commerce la CEDEAO va changer la dur de l’économie et du
Par ailleurs, ces ruptures intra-régional devrait rer l’accès aux ressources donne et le volume sera commerce. Enfin, il est
sont assez pesantes pour générer des gains de pro- énergétiques. Les éco- meilleur que ce chiffre an- nécessaire de combler les
solliciter les décideurs à ductivité considérables nomies africaines riches ticipé. Toutefois, ce chiffre lacunes des infrastructures
adopter une approche pour le continent. Dans le en ressources naturelles global est largement do- dans les secteurs de trans-
transversale et participa- contexte africain, de tels peuvent aussi dévelop- miné par le poids du Nige- port, de télécommunica-
tive dans la concrétisation gains permettront d’amé- per des chaînes de valeur ria dans les exportations tions, particulièrement au
du processus d’adhésion liorer la sécurité alimen- régionales axées sur des totales de la région. Ces sein des pays ou des zones
du Maroc. taire globale en achemi- produits de base, tels que exportations se composent qui restent à la traîne. S.M.
Comme l’a souligné Massa nant, à moindre coût, les le minerai de fer et de l’or. principalement de pétrole Mohammed VI avait déjà
Mara, ancien premier produits alimentaires et En effet, le commerce au et de produits de base qui rappelé lors du discours
ministre du Mali, «il faut agricoles des zones excé- sein de l’Afrique a atteint sont largement destinés d’Abidjan en février 2014
casser l’image de l’envahis- dentaires vers les zones 17,7% du total des expor- au marché mondial. Les que «l’Afrique dynamique
seur derrière toute initia- déficitaires. De nouveaux tations de la région au autres exportations des et développée n’est pas un
tive d’une puissance écono- débouchés existent éga- cours des dix dernières produits de base au sein simple rêve pour demain,
mique qui arrive dans un lement pour le commerce années, contre seulement de la CEDEAO, à savoir cela peut être une réalité
pays donné». En effet, les transfrontalier, des indus- 10% entre 1995 et 2000. la Gambie et la Guinée, d’aujourd’hui, mais à la
pourfendeurs de l’adhé- tries manufacturières de Cependant, le continent se rejoignent le Nigeria avec condition d’agir, c’est donc
sion du Maroc estiment base, tels que les produits trouve encore loin derrière des nombres à un seul le temps de le faire ou de
que celle-ci condamne à en métal et en plastique les leaders mondiaux du chiffre de part des exporta- l’entreprendre» n
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