Société
Les besoins urgents du secteur de l’artisanat…
Avis de Ghalia Sebti Co-fondatrice des ateliers Aït Manos zellige. Younes Duret Co-fondateur de Younes Duret Design et de Fouad El Bernoussi Directeur pôle Client chez Artco.

Selon…
Ghalia Sebti
Co-fondatrice des ateliers Aït Manos zellige et fondatrice et présidente d’honneur de la Fédération des Entreprises d’Artisanat (CGEM).
Création de Zones d’activités. L’accès à la matière première et aux espaces dédiés à la production est prioritaire. Les zones d’activités d’artisanat étaient actés dans le contrat programme 2015 sans jamais être réalisés, malgré l’engagement de notre fédération. Hélas, le prix du foncier, étant prohibitif, n’aide pas, car l’artisanat est un travail à plat qui nécessite de larges espaces.
La promotion. Les grandes campagnes de promotion et les efforts de design ont indéniablement changé l’image de l’artisanat aux yeux des consommateurs marocains. Aujourd’hui, nous avons besoin de promotion de l’artisanat du Maroc aussi bien au niveau national qu’international à l’instar du modèle de promotion sectoriel choisi par les Français, les Italiens et les Espagnols. A l’export, la Maison de l’artisan est un outil extraordinaire pour accompagner les artisans dans les salons internationaux. Cependant, un meilleur choix des salons doit être effectué. Nul besoin de vision ni d’engager des budgets colossaux. Un simple rafraîchissement suffirait.
Le suivi des normes à l’international et la protection des produits «Made in Morocco». Il est impératif de protéger le produit marocain dans le cadre des accords de libre-échange ( ALE). Les nouvelles guerres commerciales se mènent sur le terrain des normes, du respect de la responsabilité sociale de l’entreprise, de l’hygiène et de la sécurité… Pour ce faire, un cadre gouvernemental est indispensable pour accompagner nos entreprises pour une mise à niveau globale.
La formation de nos maâllems. Elle est prioritaire pour la sauvegarde des métiers, sans omettre un accompagnement à la structuration des entreprises. Aujourd’hui, il est nécessaire de faciliter l’accès au e-commerce pour les jeunes artisans et réduire les coûts.
Younes Duret
Designer diplômé de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle et co-fondateur de Younes Duret Design.
Surtout ne pas standardiser l’artisanat. Le design prend ses racines dans l’industrie liée à la production en série. Le discours de la standardisation détruit l’artisanat, qui, de par sa fabrication à la main, crée des produits différents. La standardisation permet certes de diminuer au maximum le coût de la matière mais détruit l’essence de l’art. Pour remédier à cela et garder le caractère unique du produit artisanal, il faut changer la perception du label de qualité (sans le dénaturer à l’instar des normes de sécurité imposés au produit artisanal européen). Une prise en charge de la matière première par le ministère est tout aussi importante.
Glorification du savoir-faire du maâllem marocain. On reste toujours émerveillé face au savoir-faire du maâllem qu’il faut absolument glorifier par un grand travail d’image et de marketing.
Fouad El Bernoussi
Directeur pôle Client chez Artco.
Financement. On doit remédier à la sous-capitalisation des entreprises artisanales par un financement adapté au secteur de l’artisanat et des subventions étatiques.
Adapter les produits de Maroc PME (primes à l’investissement, expertise…) aux entreprises artisanales. Plus de 95% des entreprises du secteur ne sont pas éligibles aux produits de Maroc PME. L’agence exige un niveau de structuration de l’entreprise, des employés déclarés à la CNSS ainsi qu’un taux d’encadrement minimum rares dans les entreprises d’artisanat.
Accompagnement de l’Etat et de ses structures telles que l’OFPPT dans la commercialisation, la promotion et le marketing. A titre d’exemple, le programme 2013- 2016 d’acteur de référence dans l’accompagnement des entreprises à fort potentiel de croissance nous a beaucoup aidés dans la communication, le recrutement et la croissance mais n’a malheureusement pas été reconduit. Cela est dû probablement au non-respect de certaines entreprises de leurs plans de développement. Un réajustement du programme aurait suffi afin de permettre à d’autres entreprises sérieuses d’en bénéficier.
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