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Société

Droits des enfants : les grands projets que prépare le Maroc

Avec le Canada, le Royaume est un des deux pays choisis pour le projet pilote d’implémentation de la plateforme de suivi du respect des droits des enfants développée par la Global Child Right Dialogue. Les modalités de mise en place ont été examinées lors d’un séminaire organisé le 8 juillet, à Rabat. Le projet est porté par l’Observatoire national des droits de l’enfant.

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Droits des enfants

C’est lors du séminaire international dédié aux droits de l’enfant qu’a été lancée la nouvelle plateforme globale pour le suivi des droits de l’enfant. Un système d’information qui permettra d’évaluer selon plusieurs indicateurs, dans chaque pays, les réalisations nationales en matière des droits de l’enfant. Développée par un comité d’experts de Global Child Right Dialogue, cette plateforme est basée sur les principes de la Convention internationale des droits de l’enfant et des Objectifs de développement durable (ODD) et permettra, selon les responsables de l’Observatoire national des droits de l’enfant (ONDE), de voir si tous les chantiers garantissant les droits des enfants ont été mis en œuvre dans les pays ayant ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant. Les travaux de ce séminaire se sont aussi focalisés sur la définition des modalités de l’implémentation pilote au Maroc et au Canada. Et ce n’est pas un hasard si le lancement pilote se fera dans ces deux pays. En effet, c’est le Canada qui a financé ce projet et le Maroc a été choisi parce que la mise en place d’un dispositif national intégré d’observation, de veille, de suivi et d’évaluation de l’enfance au Maroc, mené par l’ONDE, s’inscrit dans le cadre du partenariat avec les services du chef du gouvernement et la coopération allemande (GIZ).

Et c’est dans un mois, annonce Lamia Bazir, directeur exécutif de l’ONDE, que «démarrera le chantier de construction de l’architecture de cette plate-forme qui intégrera tous les indicateurs mondiaux adoptés aux réalités marocaines. L’objectif est d’avoir donc un dispositif national qui servira de base de référence pour l’évaluation des droits de l’enfant». Cette plate-forme sera à la disposition de tous les départements ministériels producteurs et utilisateurs des données et informations relatives aux droits des enfants. Elle constituera également un outil de travail pour les acteurs engagés pour la défense des droits de l’enfant. Plus tard, les conclusions du suivi et de l’évaluation des diverses réalisations permettront, poursuit Lamia Bazir, «d’élaborer une feuille de route et la mise en place d’un plan d’action pour le Maroc. Ainsi, tous les acteurs impliqués dans cette cause travailleront avec l’Observatoire national des droits de l’enfant tous les acteurs impliqués dans cette cause».

L’Observatoire national des droits de l’enfant qui porte ce projet joue, faut-il le rappeler, un rôle important qui se décline en deux missions globales : d’une part, faire le suivi de la mise en œuvre des dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant que le Maroc a ratifié en 1995, et, d’autre part, fédérer et impulser tous les projets relatifs à la protection de l’enfance. Et c’est dans ce contexte qu’il a contribué à la réalisation de plusieurs projets depuis 1999.

Initiative inscrite dans l’agenda des ODD

Ainsi peut-on citer le projet d’harmonisation de tous les textes juridiques relatifs aux droits des enfants ou encore les actions de sensibilisation à la lutte contre la violence à l’égard des enfants, notamment la mise en service d’un numéro vert dédié. Par ailleurs, l’ONDE a aussi plaidé pour un programme d’intégration, de protection et de formation des enfants travailleurs domestiques. Et ceci en vue d’un «Maroc digne de ses Enfants». L’observatoire avait approché, faut-il le rappeler, le ministère du travail en vue de mettre en place des partenariats pour la protection des droits de l’enfant. Et cela ne peut se faire, selon les responsables de l’ONDE, «qu’à travers l’enseignement et la formation professionnelle. Et bien sûr aussi par l’interdiction du travail des enfants». Et, plus récemment, en novembre 2018, l’Observatoire a lancé le projet «Villes sans enfants des rues». Un programme qui devra être généralisé à l’ensemble des villes du pays après une expérience pilote à Rabat. La ville a en effet lancé la phase opérationnalisation de l’initiative «Rabat, ville sans enfant en situation de rue». Cette phase comprend la mise en place d’un guide et d’une boîte à outils.

Eradiquer le phénomène des enfants des rues

Ce projet de «ville protectrice de ses enfants» est adaptable à toutes les autres villes marocaines mais aussi aux villes africaines. Ce programme permettra, selon l’ONDE, de dresser un état des lieux en matière de protection de l’enfance, en particulier les enfants en situation de rue. Il servira également à mettre en place une stratégie «préventive, corrective et prospective» afin de définir les orientations et les axes d’intervention, en plus de l’élaboration du plan d’action triennal.

Une convention multipartite a été signée par l’ONDE, le ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le ministère de la santé, le ministère de la famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social, le ministère de la jeunesse et des sports, la coordination nationale de l’INDH et le Conseil communal de la ville de Rabat pour le lancement pilote. Cette initiative s’inscrit dans l’agenda universel des Objectifs de développement durable d’ici 2030.

Concrètement, chaque ville engagée mettra en œuvre une stratégie urbaine adaptée de réintégration des enfants en situation de rue. Une expertise méthodologique et programmatique pour l’opérationnalisation de cette dynamique sera préparée par l’ONDE.

Par ailleurs, l’UNICEF et la coopération internationale auront un rôle d’appui dans la mobilisation des expertises techniques et des ressources financières. L’objectif de cette initiative vise à intégrer la question de l’enfance dans la politique urbaine, la gouvernance, les programmes et plans de développement des villes et des territoires locaux et ainsi contribuer à protéger l’enfance et à éradiquer, à terme, le phénomène des enfants en situation de rue. Ce projet pilote doit impulser la dynamique non seulement dans tout le pays mais aussi en Afrique. C’est pourquoi il est prévu une vaste campagne panafricaine «Pour des villes africaines sans enfants en situation de rue». Pour la concrétisation de ce chantier, les villes seront soutenues par l’ONDE, le CGLUA (Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique), le Réseau des femmes élues locales d’Afrique (REFELA) afin de placer l’enfance au cœur de la politique urbaine en vue de leur garantir une dignité et mettre fin à leur marginalisation socio-économique. Déclinée sous le slogan «30 millions d’enfants africains vivent dans les rues, cités et gouvernements locaux unissez-vous et agissez en faveur de cette enfance en danger», cette initiative nécessitera l’union de l’ensemble des acteurs engagés et un plan d’action s’appuyant sur la mobilisation d’un grand nombre de villes et territoires locaux et régionaux africains. L’engagement sera, selon l’ONDE, formalisé par des protocoles d’entente avec les présidents des Conseils des villes et des collectivités territoriales d’Afrique. L’objectif principal étant de contribuer à la baisse d’au moins 25% du nombre d’enfants de la rue en Afrique à l’horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, tous les trois ans, un rapport global sera élaboré et ses conclusions seront présentées lors de chaque édition du Sommet Africités. Les résultats seront également soumis aux organismes panafricains et de l’Organisation des Nations Unies et autres organismes africains et internationaux impliqués dans la protection et la défense des droits des enfants africains.

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[tab title=”Droits des enfants : le Maroc peut mieux faire…” id=””]Le Maroc arrive à la 75e place du classement mondial sur les droits de l’enfant publié par la Fondation néerlandaise KidsRights, en coopération avec l’Université Erasmus de Rotterdam et l’Institut international d’études sociales.
Le Royaume se situe ainsi dans la première moitié de cet index qui classe les 181 pays ayant ratifié la Convention internationale de l’ONU sur les droits de l’enfant.
L’indice KidsRights se base sur cinq domaines censés montrer le degré d’implication des pays en faveur des droits de l’enfant et les moyens dont ils disposent pour les améliorer. Le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à la protection et l’existence d’un environnement favorable aux droits de l’enfant ont ainsi été pris en compte.
Chacun de ces critères est évalué en fonction de plusieurs indicateurs, comme l’espérance de vie à la naissance, le pourcentage d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’insuffisance pondérale, la différence d’accès à l’école entre filles et garçons, le travail des mineurs ou encore le respect des opinions de l’enfant.
Le Maroc enregistre un score global de 0,753 (1 étant le maximum et 0 le minimum). S’il obtient des notes plutôt bonnes concernant le droit à la vie (0,829, 93e place), le droit à la santé (0,884, 92e place) et le droit à la protection (0,888, 70e place). La situation est problématique en matière de droit à l’éducation (0,651, 109e place) et en ce qui concerne l’existence d’un environnement favorable aux droits de l’enfant (0,571, 85-93e place). Au niveau des pays maghrébins, la Tunisie arrive à la 15e place du classement, l’Algérie à la 64e place, la Libye à la 73e et la Mauritanie à la 140e. La Tunisie est en tête du classement africain devant l’Egypte (36e au niveau mondial) et l’Ile Maurice (47e).
Il est à noter qu’en tête de classement, on trouve les pays européens avec l’Islande en première place : elle obtient un score de 0,967. Elle est suivie du Portugal, de la Suisse, la Finlande, l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Belgique, la France, la Suède et du Danemark. En bas du classement, on trouve l’Érythrée, la Guinée-Bissau, le Salvador, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, la Guinée Equatoriale, le Tchad, la Sierra Leone et enfin l’Afghanistan.[/tab]
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