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Archives LVE 1994. Fiat, voiture économique
Il y a 30 ans, pour environ 70.000 DH, le prototype était disponible. Nom de code : 178. Fiat a présenté pour la première phase (1995-1997) la Uno, nouvelle version, avec un objectif de taux d’intégration locale de départ de plus de 15%.
Comme on s’y attendait dans certains milieux, c’est Fiat Auto, parmi les cinq constructeurs automobiles ayant soumissionné au projet de la voiture économique, qui a été choisi comme adjudicataire. L’information a été donnée par voie de presse suite à l’exposition des trois prototypes de voiture économique Fiat à l’attention de S.M. HassanII le lundi 1er août au Palais royal de Skhirat.
Pour A. Degreve, le représentant de Fiat au Maroc, le choix du gouvernement marocain s’explique par le fait que le groupe Fiat Auto ait présenté un dossier bien ficelé et convaincant. Il faut rappeler que depuis le lancement de l’appel d’offres, le 25 mars 1994, le bureau de représentation de Fiat, installé à Somaca, usine marocaine de montage, a mis le paquet et s’est beaucoup investi dans le projet (exposition de la Fiat Uno démontée et présentation de 800 plans techniques, des pièces détachées aux équipementiers locaux). Du côté du ministère du Commerce et de l’industrie, on indique que Fiat a été choisi «parce qu’il répond le mieux aux critères demandés – prix compétitif, taux d’intégration industrielle, économie de devises et évolution technologique – et s’est engagé à remédier aux points faibles, tel le circuit de distribution».
Car il y a lieu de faire remarquer que sur le marché national des voitures, la part de Fiat à juin 1994 s’élève à 13,2% – soit une augmentation de 30% par rapport au premier semestre de l’année précédente. Le groupe italien se place toutefois en troisième position après Renault (48,3%) et Peugeot (32,8%), ce qui ne semble pas le décourager outre mesure, d’autant plus que le groupe envisage, dans le cadre de la voiture économique, de créer, en association avec Somaca, une société de distribution et d’être plus agressif commercialement.
L’atout majeur de Fiat semble avoir été la présentation d’un prototype modulaire à même de limiter l’investissement industriel. Contrairement à Peugeot et Renault qui ont respectivement présenté la 205 Peugeot et la Renault 9 et la R 19, Fiat a présenté pour la première phase (1995-1997) la Uno, nouvelle version, avec un objectif de taux d’intégration locale de départ de plus de 15% puis 25% et pour la deuxième phase (1998-2003) le passage à la 178 (nom de code du véhicule économique) avec 50% d’intégration dès son lancement. Construite sur la base de la Uno, la 178 avec son aspect modulaire offrant trois combinaisons – 2 volumes (3 et 5 portes), 3 volumes (4 portes) et break – offre une possibilité d’utilisation beaucoup plus large pour les clients.
Le lancement de sa production devrait se faire après la signature de la convention entre le groupe Fiat Auto et l’État prévue dans un mois, après examen et approbation de la convention par le Parlement. Néanmoins, le coût de l’investissement est jugé, tant par le ministère concerné que par Fiat Auto, peu coûteux compte tenu du fait que la production va être initiée à partir de la ligne Uno existante déjà à Somaca. Toutefois, celle-ci doit répondre à l’évolution technologique demandée par l’État marocain durant la période de convention de huit ans. La production ne devra pas s’accompagner d’une robotisation de la production, parce que, d’une part, le volume prévu pour ladite période varie entre 10.000 et 30.000 véhicules par an et, d’autre part, la production manuelle des 900 ouvriers de Somaca est jugée de bonne qualité. Avec la réduction des modèles – Somaca poursuivra la construction des autres modèles Peugeot, Renault et Citroën –, l’unité de montage aura plus de chances de se spécialiser.
Même les fournisseurs sont, dans le sillage de Somaca, appelés à se diriger vers cette spécialisation. Autre avantage : l’exportation, tant des composants que des véhicules économiques, vers des marchés ciblés en dehors de l’Europe, tels ceux de l’Afrique. Le groupe Fiat s’inspire des expériences réussies qu’il a eues avec la Turquie, le Brésil et l’Afrique du Sud, pour faire montre d’autant d’optimisme quant au projet de la voiture économique marocaine. De plus, il s’engage sur le plan du transfert technologique grâce à un vaste programme de réorganisation des structures des fournisseurs, de l’usine de montage et de formation professionnelle, lancé en coordination entre ISVOR, institut spécialisé italien, et l’OFPPT (Office de formation professionnelle et de la promotion du travail). Un pari difficile, quand le consommateur marocain juge la voiture économique inabordable à 70.000 DH, soit plus de cinquante fois le SMIG, comparée à une grosse cylindrée acquise pour 40.000 DH sur le marché de l’occasion.