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Au Royaume

Bouazza El Kharrati, un défenseur du consommateur au Conseil de la concurrence

PORTRAIT: El Kharrati a fait de la protection des consommateurs son cheval de bataille en fondant, en 1997, l’Association Marocaine de Protection et d’Orientation du Consommateur (AMPOC), le plus vieil organisme du mouvement consumériste.

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Depuis deux décades, Bouazza El Kharrati, nommé membre du conseil de la concurrence, est l’interlocuteur privilégié des médias dès qu’il s’agisse de s’attaquer à une question relevant de la protection du consommateur. Expert de renommée en la matière, il a posé les bases du mouvement consumériste aux côtés de quelques amis et spécialistes dans le milieu des années 90.

Après avoir décroché son doctorat en médecine vétérinaire à l’IAV Hassan II de Rabat, il devient enseignant à la même institution. S’en suit un passage sous les drapeaux au sud du Royaume où il effectue son service militaire, après lequel il regagne le ministère de l’Agriculture et y grimpe les échelons. C’est à cette époque que son intérêt pour la protection du consommateur naquit du fait de sa fonction au ministère, celle d’inspecteur vétérinaire.

« J’ai été attiré par une problématique récurrente, celle de constater que les gens achetaient fréquemment des produits exposés dans des marchés non réglementés. Le besoin de les sensibiliser s’est fait ressentir », nous relate El Kharrati. Il en fait alors son cheval de bataille en fondant, en décembre 1997, l’Association Marocaine de Protection et d’Orientation du Consommateur (AMPOC), le plus vieil organisme du mouvement consumériste. « Cette aventure a duré grâce au bénévolat et à l’abnégation des membres de l’association, malgré les difficultés qui se sont présentés à nous. Nous avions les administrations et les professionnels sur le dos, car la protection du consommateur était un concept nouveau et suscitait la méfiance de ces derniers à l’époque », se souvient-il. Si le mouvement consumériste est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est en partie « grâce aux médias de masse qui ont embrassé cette cause et ont véhiculé nos messages, nous aidant à faire entendre notre voix», poursuit El Kharrati.

En effet, il était une époque où l’AMPOC était isolée. « Nous étions les seuls à écrire et finaliser, avec le ministère du Commerce, les prémisses de la loi sur la protection du consommateur entre 1999 et 2000 », se rappelle-t-il, une loi qui « est restée dans les méandres des tiroirs du Secrétariat général du gouvernement pour ne voir le jour qu’en 2011. Là, nous étions dans l’obligation de nous fédérer ».

L’intérêt pour la question a pris un nouvel élan. Les acteurs de ce domaine ont commencé par créer la confédération des associations de consommateurs, qui s’est scindée en deux par la suite. « En 2011, nous avons créé la Fédération Marocaine des droits des consommateurs, composée de 15 associations, dont l’AMPOC a été l’instigatrice. Nous étions même à l’origine de l’Union Maghrébine des Associations de Consommateurs et de l’Union Arabe des Associations de Consommateurs » retrace El Kharrati. Aujourd’hui, la Fédération compte 65 associations membres réparties à travers le Maroc.

C’est ce parcours de combattant et d’interlocuteur crédible qui lui auront valu de siéger au Conseil de la Concurrence, « une mission qui ne va pas être de tout repos », estime-t-il, d’autant plus que « le Conseil sera le gendarme de toutes les transactions commerciales afin que la concurrence loyale soit instaurée et in fine, la protection de la consommation devienne respectée au quotidien ». En effet, de l’avis de l’expert, veiller à une concurrence saine et honnête réside en amont de l’achèvement d’une protection efficace du consommateur.

Pour mener à bien sa mission, El Kharrati compte s’entourer de conseillers expérimentés. « Ignare est celui qui croit tout connaitre. Dans la protection du consommateur, il y a du politique, du social, de tout. Il faut ainsi recourir aux grandes compétences et toujours demander conseil, livrer des données aux professionnels pour recueillir leurs avis, en faire la synthèse et la proposer au Conseil qui en discutera par la suite », admet-il.  » Toutes les questions seront traitées en concertation avec les parties concernées », promet-il.

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