Au Royaume
Nadia Fettah : L’IA permet une montée en puissance de «l’audit augmenté»
L’intelligence artificielle (IA) constitue un levier majeur permettant à l’audit interne public de réinventer ses pratiques, ses outils et sa posture dans un secteur public en pleine numérisation et de plus en plus interconnecté, a souligné, vendredi à Salé, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah.

Intervenant à l’ouverture du Symposium international sur l’audit interne à l’ère de l’IA, tenu sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, à l’occasion du 65ème anniversaire de l’inspection générale des finances (IGF), Mme Fettah a indiqué que l’intelligence artificielle permet une montée en puissance de « l’audit augmenté ».
Il s’agit de l’audit dans lequel l’intelligence humaine collabore étroitement avec les systèmes algorithmiques capables d’analyser en temps réel des masses considérables de données, de repérer des anomalies, d’identifier des dangerosités et de suggérer des scénarios d’action, a expliqué la ministre.
Ce changement de paradigme, a-t-elle poursuivi, redéfinit le rôle de l’auditeur public, notant qu’il est question, en plus de contrôler le passé, de questionner les moyens, de veiller à la qualité et à l’intégrité des données, et de s’assurer de la robustesse des systèmes automatisés sur lesquels repose désormais une partie des décisions publiques.
Cette évolution n’est pas exempte de défis, a relevé Mme Fettah, citant à cet égard, le dépassement des biais algorithmiques, l’intégrité et la confidentialité des données, la montée en compétence des auditeurs et l’alignement constant des cadres normatifs et juridiques.
Pour elle, la réussite de cette mutation ne dépend pas uniquement de la technologie, mais repose aussi fondamentalement sur la capacité à tisser des partenariats solides, avec le secteur privé, les milieux académiques, les partenaires techniques internationaux, ainsi qu’avec la société civile, dont l’exigence de transparence et de performance ne cesse de croître.
Mme Fettah a rappelé que le Maroc a engagé une dynamique ambitieuse d’intégration de l’IA au cœur du système de gestion publique.
« Cette orientation stratégique s’inspire des meilleures pratiques à l’échelle internationale, tout en restant profondément ancrée dans nos priorités nationales. Elle répond à une ambition claire, celle de refonder notre gouvernance publique sur des bases plus modernes, plus performantes et plus réactives. Il s’agit, en effet, de mieux servir les citoyens, d’accroître la performance de l’administration et de préparer l’Etat à relever les défis de demain », a-t-elle détaillé.
Organisé par le ministère de l’Economie et des Finances, avec le concours du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, et du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, ce symposium international confirme l’IGF dans le rôle de chef de file de l’audit interne au Maroc.
Réunissant experts, décideurs et praticiens autour d’une réflexion approfondie et commune sur l’avenir de l’audit interne public à l’ère de l’IA, cet événement, qui a été l’occasion pour rendre hommage aux anciens ministres de l’Economie et des Finances, aux anciens Inspecteurs Généraux des Finances et aux Inspecteurs Généraux des Finances Africains, s’inscrit aussi dans un cadre plus général qui illustre l’urgence et l’importance d’une réflexion collective sur le sujet.
Plus qu’un espace d’échange, ce symposium se veut un véritable catalyseur de changement, offrant des réponses concrètes aux défis d’une gouvernance publique moderne, tout en projetant une vision ambitieuse pour l’audit interne dans un monde façonné par l’IA.
Ont notamment pris part à la cérémonie d’ouverture, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, l’Inspecteur Général des Finances, Mohamed Manchoud et la Vice-Présidente, Auditrice Générale de la Banque mondiale (BM), Anke D’Angelo.
