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Marrakech, berceau du renouveau de l’agriculture africaine…

Plus de 26 pays ont signé une déclaration visant à mettre l’agriculture africaine au cœur des débats de la COP22. Le continent est l’un des moins pollueurs mais le plus précaire. Passer à une agriculture «smart climate», une urgence.

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COP22 Afrique

L’Afrique est l’un des continents les moins pollueurs (4% des émissions de gaz à effets de serre) mais aussi celui qui souffre le plus des changements climatiques. Raison pour laquelle plus de 26 ministres africains ont signé la «Déclaration de Marrakech», le 30 septembre à la ville ocre, qui marque la création d’une coalition visant à mettre l’agriculture au centre des négociations climat et à appuyer le principe d’un financement climat plus important, plus efficace et plus efficient pour l’agriculture africaine. Cela passe par le renforcement du «financement public et privé accompagné d’un suivi des fonds effectivement déboursés pour l’Adaptation, l’Agriculture et l’Afrique, ainsi qu’un accès facilité des projets africains aux fonds climat (dont le continent ne perçoit que 5%)», selon les déclarants. Il s’agit également de contribuer au Plan Mondial d’Action pour le Climat (Global Climate Action Agenda) et tout autre cadre pertinent, en mettant en avant des projets et bonnes pratiques africaines dans des domaines tels que la gestion des sols, des risques climatiques et du financement des petits exploitants, qui constituent l’un des groupes les plus vulnérables, et en contribuant également à faire valoir les efforts de recherche et développement dans le secteur agricole. Aussi, les signataires comptent œuvrer au renforcement des capacités africaines en matière de politiques et de programmes agricoles, de montage et de gestion de projets agricoles durables et résilients face au climat. «Cette initiative constitue non seulement une réponse clé aux changements climatiques, mais également à l’insécurité alimentaire, en se donnant pour objectif notamment de mettre l’adaptation de l’agriculture africaine au cœur des débats et des négociations climatiques, de capter une partie substantielle des fonds climat et de promouvoir la mise en œuvre de projets agricoles concrets et innovants», indique Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et de la pêche maritime.

L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes d’utilisation des ressources naturelles

Le constat des experts concernant l’état de l’agriculture africaine est paradoxal. Au moment où six des dix pays les plus menacés par le changement climatique se trouvent en Afrique, 65% des terres arables dans le monde s’y trouvent également. D’ailleurs, le continent exploite jusque-là moins de 2% de ses ressources en eau renouvelable. En réalité, l’Afrique possède une grande variété de zones agro-écologiques, qui vont des forêts ombrophiles marquées par deux saisons des pluies à une végétation relativement clairsemée, sèche et aride, arrosée une fois par an. Si cette diversité constitue un énorme atout, elle représente tout de même un grand défi pour le développement agricole. D’une part, elle offre un immense potentiel en termes de denrées et produits agricoles susceptibles d’être produits et commercialisés sur les marchés intérieurs et extérieurs. D’autre part, cette diversité exclut toute solution générale aux problèmes que pose le développement agricole sur l’ensemble du continent. Par conséquent, la programmation et la mise en œuvre d’interventions dans ce secteur doivent être adaptées aux conditions propres à chaque zone agro-écologique et à la situation socioéconomique des ménages ruraux vivant dans les différents pays du continent.

Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture. L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes d’utilisation des ressources naturelles. L’une des conséquences de ce phénomène a été la destruction rapide des ressources forestières par le défrichement et la surexploitation des terres aux fins de production de bois de feu et d’autres utilisations domestiques. Un autre effet plus subtile de cette situation est la détérioration des systèmes de transhumance du bétail, provoquée par l’utilisation à des fins de culture de superficies de plus en plus étendues de terres autrefois réservées au pâturage de saison sèche. La surexploitation des ressources halieutiques constitue aussi un problème grave quand les ressources communautaires sont exploitées pour générer des profits personnels. Pour les experts, il est important de passer à ce qu’ils définissent comme une agriculture «climate smart». Autrement dit, assurer la résilience de l’agriculture afin de créer des richesses tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et en conservant les nappes phréatiques et les forêts pour plus de durabilité…

Com’ese

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