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Al-Azhar salue l’initiative marocaine sur le «kadd wa sa‘aya»

Al-Azhar salue la démarche pionnière du Maroc en matière de reconnaissance du droit au «kadd wa sa‘aya» et appelle à un renforcement de l’équité financière au sein de la famille.

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Dans le cadre du colloque international de haut niveau organisé par le Ministère de la Justice du Royaume du Maroc, le mercredi 18 juin 2025 à Rabat, sur le thème : «La mise en œuvre du régime du kadd wa sa‘aya à la lumière de la réforme du Code de la famille», le représentant de l’institution d’Al-Azhar, Cheikh Dr. Hassan Salah Al-Saghir, professeur de fiqh comparé à l’Université d’Al-Azhar et secrétaire général adjoint aux affaires scientifiques au sein du complexe des recherches islamiques, a prononcé une intervention remarquable portant sur l’approche égyptienne en matière de droit au kadd wa sa‘aya.

Saluant, au nom d’Al-Azhar et de son Grand Imam Dr. Ahmed Al-Tayeb, l’initiative marocaine et la profondeur du débat engagé, Dr. Al-Saghir a souligné que le Maroc avait été un précurseur dans la codification de ce droit, en l’intégrant dès 2004 dans la Moudawana, sur la base des avis juridiques émis par les savants malikites marocains dès le Xe siècle de l’Hégire.

Dans son allocution, le représentant d’Al-Azhar a exposé les complexités juridiques que soulève cette question en Égypte, aussi bien dans les relations conjugales que dans les relations familiales élargies, notamment dans les contextes ruraux ou artisanaux, où des membres de la famille contribuent à l’enrichissement collectif sans que ces contributions ne soient formalisées, ce qui engendre de nombreuses disputes successorales.

Il a rappelé que l’imam Ahmed Al-Tayeb a appelé publiquement à raviver la notion du kadd wa sa‘aya, dans l’objectif de préserver les droits des femmes ayant contribué, par leur travail ou leurs biens, à la construction du patrimoine familial. Cette orientation a été réaffirmée lors de la Conférence d’Al-Azhar sur le renouveau du discours religieux en 2020, puis consolidée par des avis officiels de la Fatwa d’Al-Azhar en 2022.

Selon cette doctrine, le kadd wa sa‘aya n’est pas uniquement un droit de l’épouse, mais tout individu ayant participé activement à la constitution d’un patrimoine familial — qu’il s’agisse d’un fils, d’une fille, ou d’un frère — est en droit de demander réparation équitable. Il est fortement recommandé de documenter ces contributions par écrit, afin d’éviter les conflits futurs.

Le cheikh a également mis en garde contre les dangers d’une surjudiciarisation ou d’une marchandisation des relations conjugales, appelant à une législation équilibrée, respectueuse des spécificités sociales, des niveaux de vie, et des valeurs spirituelles qui fondent l’unité familiale en Islam.

Enfin, il a insisté sur l’importance de ne pas réduire l’émancipation des femmes à une seule logique économique, en soulignant que la reconnaissance du rôle des femmes doit aussi prendre en compte leur contribution morale, éducative et affective à la stabilité du foyer et à la cohésion sociale.

Par cette contribution éminente, Al-Azhar réaffirme sa volonté d’accompagner les réformes sociales et juridiques dans le monde islamique, en harmonie avec les finalités supérieures de la charia, fondées sur la justice, la miséricorde et la dignité humaine.