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Intelaka : c’est parti !
Les agences bancaires sont en train de mettre en place le dispositif nécessaire. Les banquiers commencent par présenter au client une liste de documents à réunir pour constituer le dossier.

Le programme de financement des porteurs de projets, «Intelaka», ne semble pas encore susciter l’engouement attendu d’une opération d’une telle envergure. Ce qui est, après tout, normal puisque le dispositif est en train de se mettre en place. Un tour au niveau des agences bancaires de Rabat et Casablanca, ainsi qu’auprès du CRI, de l’Anapec ou encore de l’OFPPT nous ont rapidement poussés à conclure que ce programme est sur le starting block et sa vraie «Intelaka» n’est plus loin.
Et si ces institutions n’affichent pas encore une grande affluence, c’est sans doute par manque de communication sur les produits proposés, à moins qu’il ne s’agisse d’un départ timide. Cela d’autant que les quelques institutions visitées sont loin d’être représentatives de tout le dispositif. En tout cas, plusieurs banquiers ne sont pas encore rodés à la tâche. Nous ne parlons évidemment pas ici de la déclinaison de ce programme dans le monde rural. Cela dit, il faut signaler que chaque banque a fourni un guide pratique à ses collaborateurs expliquant étape par étape le déroulement du processus. Ceci étant, il faudrait formuler quelques interrogations pratiques et détaillées, pour que les responsables se fassent une idée précise de la nature des besoins en financement du client. Pour l’heure, il semble que les gens sont encore un peu perdus. Ils n’ont toujours pas de vision claire de l’ensemble du processus. Les demandeurs de crédit ignorent les étapes de création. Pour s’informer donc, quoi de plus naturel que de se diriger vers leur banquier ?
Ce dernier, après présentation de la consistance du programme, demande au client de fournir un certain nombre de documents nécessaires pour la constitution de son dossier. Entre autres pièces demandées, les projets de statuts de la société à créer et un business plan. Et parmi les questions sur lesquelles s’attardent les clients, figurent ces deux points. Pour leur faciliter la tâche, les banquiers n’hésitent pas à recommander aux clients de se diriger vers telle ou telle institution. Le CRI de Casablanca est logiquement la première institution vers laquelle on se dirige. Ce qui révèle un choix judicieux. Un personnel accueillant, réceptif, généreux en informations et conseils. D’ailleurs, la personne en charge du dossier a pris le temps d’expliquer et de détailler chaque étape de la création d’une société et tous les frais que cela nécessite, soit au moins 1 400 DH, sans compter les charges annexes à l’instar du nombre de copies par pièce à fournir, de la légalisation de la signature….
Nous avons intercepté un client sur notre passage qui souhaite ouvrir un café en louant un local ; le coût d’acquisition étant conséquent. Parmi les papiers requis, existe un compromis de location. «Le propriétaire du local cible demande une caution pour s’assurer de ma bonne foi et me réserver le local», se plaint notre client. C’est normal quand on sait que l’instruction du dossier de financement risque de prendre quelque temps et que le client pourrait changer d’avis s’il tombe sur une meilleure opportunité. «C’est compréhensible parce qu’à travers cette caution, nous sommes tous les deux prémunis. Mais, mes moyens financiers sont réduits». Autrement dit dans certains cas, avant de contracter le montant demandé, le porteur de projet est obligé de disposer d’une assise financière pour faire face aux dépenses liées à ce même financement. Par ailleurs, il est une question qui préoccupe particulièrement les porteurs de projets potentiels, c’est la durée maximale du crédit qui est plafonnée à 7 ans. «Même avec un taux de 2,2% TTC, comment peut-on rembourser un prêt de 1MDH par exemple en 7 ans, sachant qu’en début d’activité, le chiffre d’affaires généré ne couvre même pas les charges !», se demande un client. Cela dit, un différé de paiement est accordé, allant de 3 mois à 2 ans en moyenne, selon les directeurs d’agences interrogés (hors crédits d’honneur qui sont assortis d’une durée de remboursement de 5 ans, in fine). Sauf que ce délai de grâce est compris dans la période de remboursement. Du coup, la traite risque d’être légèrement plus lourde une fois ce délai arrivé à terme. En tout cas, plusieurs questions sont posées par les clients intéressés par ce programme. D’où, sans doute, la nécessité de mettre en place un chef d’orchestre ou de communiquer davantage sur les produits et les étapes y afférentes. Un processus qu’il faut certainement développer surtout que les banques sont dans une optique d’attirer le maximum de clientèle. Certaines se sont fixé comme objectif d’instruire au moins un dossier d’ici la fin de ce mois-ci.
Sous notre casquette de journalistes cette fois-ci et en prenant contact avec des banquiers du secteur, ceux-ci nous ont assurés que les clients intéressés par le programme ont toujours plusieurs interrogations. Il faut savoir que les personnes ayant demandé un financement avant le lancement d’Intelaka peuvent bénéficier de ce programme à condition que les fonds ne soient pas encore débloqués, les garanties non encore signées et de refaire une demande rectificative. De même, les personnes déjà engagées dans une affaire (supérieure à 5 ans) peuvent tirer profit du programme, si la nouvelle activité, objet de la demande, est différente de l’activité initiale. Cette offre n’exclut pas les professions libérales. Toutefois, le financement octroyé se limite juste à la création. Qu’en est-il alors du déblocage des fonds ? En fait, sous acceptation du dossier, la banque débloque les fonds au fur et à mesure de l’avancement de la création et non en one-shot, et cela est conditionné évidemment par la présentation de factures définitives et de tout justificatif des montants engagés. En revanche, pour les crédits inférieurs à 200 000 DH, le déblocage se fait sans justificatifs.
Les banquiers affirment que tout client est éligible au financement, pourvu que son dossier soit complet et acceptable. Cela dit, des restrictions existent. Les clients ayant un dossier de crédit en contentieux ou qui sont frappés d’une saisie conservatoire ne peuvent accéder, naturellement, à un financement quelconque.
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