Budget
Capital Economics : «Les finances publiques du Maroc sont plus solides qu’il n’y paraît»
Pour la société de recherche économique indépendante basée à Londres, «la composition de la dette publique du Maroc suggère que les risques budgétaires sont moindres qu’il n’y paraît à première vue».

Malgré un déficit budgétaire croissant et un ratio dette/PIB élevé, les perspectives économiques du Maroc semblent rassurantes compte tenu de l’engagement du gouvernement en faveur des réformes structurelles, a souligné Capital Economics, dans une récente publication centrée sur les perspectives macroéconomiques du Royaume.
Intitulé «Les finances publiques du Maroc sont plus solides qu’il n’y paraît», le rapport analyse la soutenabilité de la dette du Royaume et la capacité du gouvernement à la ramener à des niveaux inférieurs. «À première vue, les finances publiques du Maroc commencent à paraître alarmantes», affirment les analystes de Capital Economics. Mais, ajoutent-ils, «une analyse plus approfondie suggère qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter».
Il est vrai que le niveau d’endettement du Royaume a augmenté ces dernières années, en lien avec les effets cumulés de la crise sanitaire, du conflit ukrainien et de la sécheresse. Le ratio dette publique/PIB est passé de 69,5% en 2021 à 71,5% en 2022. Le déficit commercial des biens a également bondi, passant de 14% du PIB en 2021 à 20% en 2022, selon le FMI.
«Comme la plupart des marchés émergents, l’économie marocaine est aux prises avec l’impact cumulé de la pandémie mondiale et de l’invasion russe de l’Ukraine. De plus, ce pays d’Afrique du Nord a été frappé par la pire sécheresse depuis 40 ans, qui a porté un coup dur à sa production agricole et mis encore plus à rude épreuve son approvisionnement alimentaire», écrit Capital Economics.
Pas de quoi tirer la sonnette d’alarme pour autant. Comme l’explique la société de recherche britannique, «la composition de la dette publique du Maroc suggère que les risques budgétaires sont moindres qu’il n’y paraît à première vue : d’une part, seulement un quart environ de l’encours total de la dette du gouvernement est libellé en devises étrangères. Et la plupart des remboursements à venir de la dette du gouvernement seront effectués en monnaie locale».
Un gouvernement crédible et volontaire
En outre, la maturité moyenne de la dette publique est de 6,5 ans, ce qui est suffisamment long pour protéger les finances du pays contre des changements brusques des taux d’intérêt, ajoute la même source.
Capital Economics s’attend même, à moyen terme, à une baisse du ratio dette publique/PIB, qui devrait reculer à 67% d’ici 2027, si le gouvernement marocain adopte une compression budgétaire de seulement 1,5% au cours des prochaines années. Sur ce point, Capital Economics semblent confiante : «La volonté et la capacité des responsables marocains d’entreprendre une réforme fiscale sont là et, contrairement à certains de leurs voisins, il est peu probable qu’ils se heurtent à des obstacles politiques», indique le rapport.
Capital Economics a d’ailleurs cité plusieurs politiques de réforme que le gouvernement du Maroc a annoncées pour réduire le déficit budgétaire, notamment la consolidation des taux de TVA, l’introduction d’une taxe carbone, la suppression des exonérations fiscales sur l’immobilier ou encore la maîtrise de la masse salariale.
Ces mesures sont, rappelons-le, au cœur des préoccupations du gouvernement pour l’exercice budgétaire 2024. Dans sa lettre de cadrage pour le PLF 2024, Aziz Akhannouch a placé la réduction du déficit budgétaire en tête des priorités, en vue de réduire le volume de la dette, renforcer l’équilibre financier et récupérer des marges budgétaires essentielles pour poursuivre les réformes. Dans ce sens, il est prévu que le déficit budgétaire recule à 4% en 2024.
