Affaires
Les cabinets français de conseil juridique bousculés par la concurrence anglo-saxonne
Les cabinets américains et anglais veulent occuper le podium d’ici 2018. Ils sont attirés par le hub financier CFC. Le marché marocain du conseil en droit des affaires se rétrécit.

Les cabinets de conseil juridique sont de plus en plus incontournables dans les prises de décisions stratégiques des entreprises, raison pour laquelle nombre de firmes internationales sont venues s’installer au Maroc. Mais si depuis la mise en place des tribunaux de commerce et la libéralisation croissante du droit des affaires, les structures françaises étaient les plus nombreuses à s’implanter au Royaume, ce sont aujourd’hui les cabinets anglo-saxons, attirés par le hub financier CFC, qui arrivent de plus en plus. Une situation que les professionnels francophones ne voit pas forcément d’un bon œil dans un contexte de resserrement du marché. Certaines activités, telles les fusions-acquisitions, tournent au ralenti. De plus, «nombre de maisons-mères de cabinets français, y compris les grands, ont actuellement des problèmes de trésorerie à cause de la crise et d’une mauvaise gestion des impayés», explique un avocat associé d’une firme française installée au Maroc au début des années 2000. Aussi, le contexte concurrentiel n’est plus le même puisque les entreprises n’hésitent plus à faire jouer la concurrence, et donc la guerre des tarifs fait rage. Dans cet environnement, les cabinets anglo-saxons, qui sont déjà très présents sur le marché, montent en puissance. Implantés depuis quelques années à peine, ils visent toujours plus haut. Baker & Mckenzie, Allen & Overy, Clifford Chance…, ils déclarent tous vouloir «faire partie des trois premiers» cabinets juridiques de la place casablancaise d’ici 2017 ou 2018.
Une réglementation de la profession à revoir
Les structures francophones qui, dans leur majorité, se sont installées avant le projet CFC, pestent aussi contre la réglementation inadaptée qui, selon beaucoup d’opérateurs, ne les a pas aidées à anticiper cette soudaine concurrence.
Outre l’impossibilité de se constituer en structures capitalistiques (la société professionnelle d’avocats est réservée aux opérateurs locaux), le statut de conseiller juridique se confond avec la profession d’avocat, les frontières étant en effet poreuses entre les deux corps de métier : des avocats qui plaident en droit des affaires font aussi du conseil juridique pour leurs clients, chose qui n’est pas, bien entendu, du goût des conseillers de métier. Légalement, le métier de conseiller juridique baigne dans le flou total : depuis le Dahir de 1945 relatif à l’activité des agents d’affaires (terme vaste auquel on peut inclure les promoteurs et agents immobiliers), texte ô combien désuet dans la plupart de ses dispositions, et, comble du vide, sans décret d’application, aucune loi n’est venue réglementer la profession. Résultat : pas de condition d’accès et une concurrence nécessitant une régulation urgente au vu du déséquilibre économique criant entre les acteurs du métier.
