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Le groupe OCP consolide sa présence en Afrique

Quinze filiales seront créées dans autant de pays par OCP Africa. Au moins 100 millions de dollars seront investis dans ces entreprises. Le groupe contrôle 70% du marché africain des engrais.

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OC Africa

Les ambitions continentales du groupe OCP se matérialisent. L’office a annoncé le 25 février à Marrakech, en marge de la conférence «Argus FMB Africa Fertilizer 2016», la création de sa nouvelle filiale, OCP Africa. Une structure qui «entend contribuer à relever le défi d’une agriculture structurée, performante et durable sur le continent africain en proposant aux producteurs agricoles tous les moyens de réussir : produits adaptés et abordables, services et accompagnement, solutions logistiques et financières», indique le management du groupe. Cette nouvelle entité, qui bénéficie du statut fiscal avantageux Casa Finance City, est chargée de piloter le développement du groupe public marocain sur le marché africain des engrais. OCP Africa créera un réseau de filiales dans 15 pays d’Afrique, tant à l’ouest qu’à l’est du continent et se fixe un objectif de 240 salariés d’ici un an. Le plan de route prévoit un investissement de l’ordre de 7 à 10 millions de dollars par «filiale pays», soit au moins 100 millions de dollars, et le recrutement de personnels locaux.

Ces filiales vont s’atteler à développer le marché des engrais qui reste encore peu étendu dans le continent. En effet, la moyenne de consommation d’engrais en Afrique est seulement de 10 kg par hectare contre une moyenne de 100 kg dans le monde, avec seulement quatre marchés réellement matures : l’Ethiopie, le Kenya, l’Afrique du sud et le Nigeria. En ajoutant à cette faible couverture en engrais un grave déficit en calories (une personne sur quatre) et une croissance soutenue de la population, on s’aperçoit que le marché est très porteur.

L’Afrique a absorbé 27% des exportations du groupe en 2014

C’est justement pour combler les besoins que le groupe avait décidé de construire, à Jorf Lasfar, African Fertilizer Complex, une usine géante d’engrais (MAP, DAP) dont la production est intégralement destinée au marché africain. Nouvellement inaugurée, cette infrastructure a demandé un investissement de 5,3 milliards de DH. 

En réalité, le continent est déjà devenu un relais de croissance majeur pour le groupe. En 2014, il y a exporté 1,3 million de tonnes de produits finis (engrais et TSP), soit 27% de ses exportations contre seulement 18,6% un an plus tôt. «Durant les 9 premiers mois de l’année, […] l’OCP a bénéficié de la reprise de la demande indienne ainsi que la poursuite des fortes exportations vers l’Afrique, qui ont compensé la baisse des importations d’engrais par le Brésil et la hausse significative des exportations chinoises», comme l’indique le rapport du troisième trimestre 2015 du groupe. «Aujourd’hui, nous détenons 70% du marché des engrais en Afrique, notre objectif n’est pas d’atteindre les 100%, mais que le marché passe lui-même de 100 à 500. Nous voulons agrandir le gâteau, plutôt que notre part du gâteau», insiste Tarik Choho, directeur général adjoint du groupe et nouveau PDG de OCP Africa.

Comment ? En développant des engrais adaptés aux besoins des sols, ainsi que de nouvelles usines de production, mais aussi en améliorant les voies d’accès terrestre, la distribution, le stockage, ainsi que les semences. «Nous discutons avec des sociétés de commercialisation de semences. Certaines utilisent encore des engrais qui étaient employés au XIXe siècle en Europe. Avec ces semences, les engrais auront un effet sur le rendement agricole, mais il restera largement inférieur à celui que l’on peut obtenir en associant les engrais à des semences adaptées. Nous adoptons donc une approche globale et intégrée. L’objectif est de débloquer les conditions d’une grande agriculture», affirme le PDG de OCP Africa.

Les ambitions de l’OCP s’inscrivent dans le mouvement initié dans les années 2000 pour une Révolution verte en Afrique et soutenu aujourd’hui par des organisations comme l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) financée par la Fondation Rockefeller et Bill et Melinda Gates depuis 2006 ou par la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée par le G8 en 2012.