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Intelligence économique : l’Afrique devra être plus agressive…
Les premières assises africaines sur l’intelligence économique ont eu lieu le 3 juin à Casablanca. Le lobbying est perçu en Afrique comme un procédé «non-déontologique».

Dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, l’intelligence économique (IE) est devenue une arme importante non seulement pour les entreprises, mais aussi pour les Etats. Sans recourir aux méthodes peu éthiques de l’«espionnage économique», l’IE se compose d’un triptyque assez simple: la veille (acquérir l’information stratégique pertinente), la protection des informations (ne pas laisser connaître ses informations sensibles) et l’influence (propager une information ou des normes de comportement et d’interprétation qui favorisent sa stratégie). Alors que ce concept a déjà fait son entrée et s’est développé au Japon, aux USA et en Europe durant le siècle dernier, l’Afrique prend le train en marche. Et c’est la raison pour laquelle l’Institut de l’intelligence économique a organisé les premières assises africaines sur la question à Casablanca le 3 juin. Cette rencontre s’est fixé pour principal objectif de dresser un bilan de la discipline sur le continent. «La plupart des acteurs opérant en Afrique font un travail remarquable en termes de veille mais s’arrêtent là où commence le lobbying», indique Alexandre Medvedowsky, PDG de ESL Agence Publics Maroc. Ainsi, selon la majorité des intervenants, le lobbying est perçu en Afrique comme un procédé «non-déontologique», contrairement aux Etats-Unis où cette pratique est de plus en plus répandue et est même intégrée dans les stratégies de compétitivité. De plus, le processus de collecte de l’information économique répandu dans le continent est souvent calqué sur le cycle de renseignement utilisé par les Etats. Sauf que l’accélération des rythmes de la compétition (cycles technologiques courts, vélocité sur les marchés, mouvements stratégiques rapides) rend ces cycles de renseignement lourds, centralisés, inefficaces et peu productifs. Elle nécessite donc une décentralisation des processus de formulation des stratégies d’entreprise. Ainsi, le mur entre recueil et analyse de l’information doit être aboli pour que les agents de terrain puissent produire l’interprétation (analyse) lorsque les ruptures apparaissent dans l’environnement ou dans le comportement des acteurs. Autant dire que l’intelligence économique devient une discipline à part entière, et sert de «bras armé» des Etats et des entreprises dans la protection de leurs secteurs vitaux. Au Maroc, l’Association marocaine d’intelligence économique (AMIE) a été créée en novembre 2006 par des acteurs appartenant au secteur privé, à l’administration et au monde de la recherche. Elle se fixe comme objectif d’être un cercle de réflexion et un levier d’impulsion à la disposition de toutes les organisations (entreprises, administrations et associations professionnelles) pour les informer, les accompagner et les assister en matière d’intelligence économique.
