Affaires
Fête du Trône. OCP, fer de lance de la politique africaine
C’est l’instrument du soft power marocain. Et c’est encore plus vrai en Afrique où la question de la souveraineté alimentaire se pose avec acuité. L’OCP s’impose non pas en sauveur, mais en partenaire.

L’adage souvent avancé est que l’Afrique peut survivre sans gaz et sans pétrole, mais pas sans nourriture. D’où le rôle de l’OCP, non pas pour l’aide au développement dans les pays d’Afrique, mais pour lancer les ponts du co-développement avec différentes régions du continent. Le Maroc est déjà sur cette voie depuis des années, mais en pleine crise consécutive à la pandémie, ses actions gagnent en diversité et en portée. En voici des exemples. Le 15 février, à l’occasion d’un séjour au Gabon, le Roi a procédé, en présence du Président gabonais, à la remise d’un don de 2.000 tonnes de fertilisants. Cette action de solidarité, est-il précisé, « s’inscrit dans le cadre de la sollicitude du Royaume du Maroc à l’égard des agriculteurs gabonais, notamment dans le contexte actuel, marqué par la crise alimentaire mondiale et les difficultés d’approvisionnement en engrais».
A la suite de cette opération, «une action structurelle sera entreprise avec l’objectif de permettre aux agriculteurs de ce pays frère l’accès à des fertilisants de qualité, abordables et spécifiquement adaptés aux besoins des sols et cultures de la région». Ce n’est pas que ce grand producteur du pétrole manque de moyens. Ce qui donne toute sa portée à cette initiative.
Quelques mois auparavant, le Maroc avait fait don de 5.000 tonnes d’engrais au profit des petits agriculteurs mauritaniens, dans le cadre d’un programme de soutien aux agriculteurs africains, lancé par le Groupe OCP. Durant la même période, un don du Maroc de 25.000 tonnes de produits phosphatiers a été remis au Sénégal, au profit des petits agriculteurs de ce pays. Un peu plus tôt, en août, le Groupe OCP a fait don de 50.000 tonnes d’engrais à un programme de développement de la culture estivale du blé irrigué en Éthiopie, selon l’agence de presse éthiopienne. Cette initiative vient en soutien à l’Ethiopie dans ses efforts pour atteindre l’autosuffisance en production de blé, s’engageant ainsi à soutenir ce pays dans l’agriculture et la sécurité alimentaire.
En pleine expansion
On peut continuer à énumérer les actions du genre qui couvrent également d’autres zones géographiques. En Afrique de l’Ouest, du Centre, ou de l’Est et même en Afrique centrale, la démarche est la même, soutenir ces pays pour qu’ils renforcent leur souveraineté alimentaire. C’est une démarche en rupture totale avec les programmes d’assistance et d’aide au développement initiés par des organismes internationaux et certains pays développés. Le Maroc a choisi une démarche d’accompagnement et de co-développement. La promotion de la coopération avec les pays du Sud en matière de développement durable, œuvre à travers l’OCP Africa, à développer les capacités du continent et créer de la valeur ajoutée en faveur des peuples. Il est même question dans certains pays de construire des unités de production, dont la première est déjà opérationnelle au Nigéria.
D’ailleurs, en plein contexte de crise alimentaire mondiale, le Groupe OCP a lancé la première phase de son programme d’engrais d’envergure, pour contribuer à une transition durable des systèmes agricoles dans le continent. Cette initiative est également le résultat de l’investissement important du Groupe depuis dix ans dans la R&D axée sur l’Afrique, réalisée en collaboration avec des instituts agronomiques et des universités de recherche sur l’ensemble du continent.
Le Royaume a fait de la sécurité alimentaire une priorité stratégique pour le Maroc et pour l’Afrique, via une coopération Sud-Sud toujours plus raffermie. Le Souverain demeure, en ce sens, fidèle aux choix et aux principes directeurs qui sous-tendent sa vision «d’un monde solidaire et d’une action collective pour dépasser, ensemble, les défis qui se posent devant l’humanité dans son ensemble et particulièrement pour notre continent africain».
Aujourd’hui, le Maroc se dit «fier d’être au cœur d’un partenariat solide dans la fourniture d’engrais, le soutien aux agriculteurs africains et le partage d’expertise dans le domaine agricole, en vue d’évoluer, ensemble, vers des systèmes agroalimentaires efficaces, résilients et durables». Bien sûr, l’OCP ne compte certainement pas s’arrêter à ce stade, le dernier programme d’investissement de 130 milliards de dirhams présenté devant le Roi, en décembre, pourra donner un nouvel élan au Groupe, avec nettement plus de marge de manœuvre et moins d’indépendants par rapport aux marchés mondiaux des instants et des matières premières.
