Affaires
Edition juridique : après la structuration, la croissance…
Le marché représente 8% des publications professionnelles en 2015, soit une hausse de 5 points par rapport à 2012. Les praticiens jugent les prestations des éditeurs chères. Ils réclament des produits en ligne qui intègrent des outils de recherche documentaire performants.

La décision de la Cour de cassation de déléguer la publication et la diffusion de son contenu aux éditeurs privés a eu un impact positif sur le marché de l’édition juridique. Celui-ci représente près de 8% des publications professionnelles parues en 2015 (selon les derniers chiffres du ministère de l’industrie), soit une hausse de plus de 5 points par rapport à 2012. «La Cour de cassation continue d’être le principal pourvoyeur de contenu pour les éditeurs», explique-t-on auprès de la Haute cour. «Seulement, les attentes des professionnels étant de plus en plus exigeantes, la Cour de cassation a décidé de soumettre son jurisclasseur à des professionnels (LexisNexis, Remald, Artémis) qui sauront l’adapter en fonction de l’évolution de la demande». Les professionnels du droit des affaires, principale clientèle des éditeurs, sont satisfaits de ce basculement mais trouvent les prix pratiqués élevés. Il faut compter en moyenne un peu plus de 18 000 DH par an pour un cabinet comptant un seul praticien et près de 130000 DH/an pour les cabinets de 15 praticiens et plus. A titre de comparaison, la Cour de cassation proposait un abonnement annuel de 5 000 DH pour l’accès différé à ses jurisprudences. Seulement, la prestation n’est pas la même. «Les éditeurs proposent des textes et des jurisprudences annotés, des articles de juristes spécialisés, ainsi que d’autres prestations qui expliquent cette différence de prix», justifie-t-on auprès d’Artémis.
Le CD-ROM est encore très répandu
La cible des éditeurs est composée de deux segments: le marché professionnel constitué d’étudiants, d’enseignants et de professionnels du droit (avocats et notaires principalement) et le marché des non-juristes, auxquels sont destinés les produits de vulgarisation. Les prestations sont majoritairement dématérialisées, mais il existe des exceptions en fonction de la nature des documents. Les revues juridiques traditionnelles ne sont pas diffusées en ligne de façon régulière, les éditeurs préfèrent encore les mettre sur CD-ROM et les transmettre à leurs abonnés. Ceux-ci réclament des produits en ligne qui intègrent des outils de recherche documentaire performants. En matière de manuels, rien n’est encore fait en matière de dématérialisation et seule la REMALD produit des textes de qualité, selon les praticiens, même si son existence est largement remise en cause pour des questions financières. «Sans les subventions de la Fondation allemande Hanns Seidel (qui ne dépassent pas 500 000 DH par an), nous aurions fermé boutique il y a une dizaine d’années», avoue son fondateur, Ahmed Bouachik, qui compte sur l’accord avec la Cour de cassation pour relancer son activité.
Artémis reste leader sur le marché
Au niveau de la structure du marché, Artémis, l’éditeur historique (fondé en 1993) reste leader. Le portefeuille de la filiale de FinanceCom demeure, par rapport à ses concurrents, relativement imposant : 3000 clients. Ce qui constitue près de 50% du marché, si l’on ventile ce chiffre par rapport au nombre d’avocats, de notaires, de conseillers juridiques et d’experts-comptables (environ 6 000). Cependant, l’installation de LexisNexis, filiale du groupe anglo-néerlandais Reed Elsevier, un des tout premiers groupes mondiaux d’édition et d’information professionnelle (avec un chiffre d’affaires 2013 de plus de 150 millions d’euros) en septembre 2013 a bouleversé la donne. En effet, la déclinaison marocaine du portail est arrivée avec beaucoup d’agressivité. Son site contient l’édition française du Bulletin officiel marocain depuis 2010, plus de 3 000 décisions de la Cour de cassation et des Cours d’appel de Casablanca, Rabat et Fès. Les arrêts en arabe sont commentés en français… La jurisprudence du Conseil constitutionnel y est aussi ainsi que des synthèses thématiques.
