Carrière
Télétravail : quand les salariés traînent les pieds pour revenir à leur bureau
• Craintes pour la santé, garde d’enfants, incertitude sur le plan personnel et professionnel…, si certains sont contents de retrouver leur bureau, d’autres rechignent à le faire.
• Un casse-tête pour les entreprises qui jouent sur une corde sensible avec la communication.

«Revenir au bureau ? Ah, non merci. Tout ce que je vois quand je sors, c’est le manque de distanciation sociale, la rafale de microbes qu’on peut choper dans le Tram, le manque de civisme vis-à-vis des mesures sanitaires… Et au bureau, n’en parlons pas. Ce n’est pas envisageable pour moi de retourner au bureau pour le moment».
Depuis l’instauration du télétravail au sein de son établissement, Sara, opératrice téléphonique, ne regrette en rien le travail à distance. «Même si l’entreprise a envisagé le retour progressif aux locaux depuis le mois d’août, je n’y retournerai pas».
Il en est de même pour Ali, consultant informaticien, qui apprécie également ce nouveau mode de travail. «Etant casaoui, j’avais l’habitude de faire la navette pour me rendre à nos locaux à Rabat chaque jour. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il m’arrive de m’y rendre très rarement, juste le temps de régler des affaires administratives. Même les collègues, la plupart du temps, je les vois en visio. Cela ne me dérange pas», dit-il.
Envisager un retour au bureau n’est pas primordial pour lui, surtout qu’il s’est senti lâché dans la nature. «On nous parle de mobilisation et de solidarité pour dynamiser l’entreprise. Franchement, je n’ai plus envie de m’investir», ajoute-t-il.
Et c’est toute la difficulté aujourd’hui pour bon nombre d’entreprises qui n’arrivent pas à faire revenir les salariés au travail ou à les remotiver. Car, si certains sont fort contents de retrouver leurs bureaux, d’autres rechignent à le faire. Et ce pour plusieurs raisons : craintes pour la santé, garde d’enfants, incertitude sur le plan personnel et professionnel…
Les salariés en quête d’autonomie
Pour Ghita Mseffer, psychologue, d’autres facteurs jouent dans cet éloignement, notamment la découverte d’une plus grande autonomie. Comme elle l’explique, des salariés ont pris goût à une certaine liberté. «Ils ont ressenti du soulagement face à la possibilité de s’affranchir de leur hiérarchie. En quête d’autonomie, ils ont pu s’organiser comme ils l’entendaient».
In fine, la communication devrait jouer un rôle important pour rassurer mais aussi et surtout pour soigner le lien de l’entreprise avec son salarié, notamment via une communication régulière. Car il ne faut pas oublier que les entreprises font face désormais à des fake news.
Les situations de crises ne cesseront jamais. C’est des moments qui permettent aux managers et responsables de faire preuve d’un sens de leadership inné et d’influencer positivement leurs équipes pour rétablir la sérénité rapidement sans trop de secousses ni de casses.
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