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Carrière

«Les budgets des augmentations salariales ne vont pas dépasser 2% en moyenne, tous secteurs confondus»

• L’impact de la crise sur les budgets prévisionnels d’augmentation serait maximum en 2021.
• L’individualisation des augmentations sera de mise, surtout pour les salariés à haut potentiel.

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Houcine Berbou Fondateur du cabinet Academus MB consultant expert en RH

Gel des salaires, augmentations timides…, les entreprises sont dans l’impasse en ce qui concerne les questions de rémunération. En 2021, la plupart des organisations continuent d’être confrontées à des difficultés financières et doivent maintenir des protocoles de réduction des coûts. En conséquence, une partie des entreprises va maintenir le gel salarial. Houcine Berbou, fondateur du cabinet Academus M&B – consultant expert en ressources humaines, donne un éclairage sur ce qui est attendu cette année.

• Primes, augmentations, bonus, 13e mois…, l’année 2020 a été frileuse pour les entreprises en matière de dynamique d’évolution des salaires ou d’octroi de bonus. Ont-elles été capables de le faire en 2020 ?
A l’instar des autres pays, la pandémie a engendré de lourdes conséquences humaines et économiques pour le Maroc. Les autorités gouvernementales sont à pied d’œuvre dans la mise en place de mesures pour rassurer la population et soutenir la relance. Pour les employeurs, ces défis historiques s’ajoutent à la transformation technologique. C’est dans ce contexte de perte de repères que les employeurs doivent plus que jamais faire évoluer leur doctrine en matière de décisions liées à la rémunération, de budgets d’augmentation de salaires et la définition des objectifs de rendement pour 2021.
Ainsi, le constat est que la grande majorité des entreprises a vécu des difficultés financières et en conséquence elles ont été poussées à prendre des décisions difficiles tout au long de l’année. Tous les secteurs ont été durement touchés, mis à part ceux qui sont en relation avec l’économie de la santé, les NTIC et dans une moindre mesure la grande distribution. En 2020, la majorité des entreprises ont opéré un gel salarial. Dans l’ensemble, les augmentations réelles pour 2020 sont très en deçà de ce qui était précédemment prévu.

• Ont-elles prévu de le faire en 2021 ?
Pour 2021, la majorité des entreprises vont observer beaucoup de prudence car la vraie reprise économique ne sera pas palpable avant juillet 2021. La plupart des organisations continuent d’être confrontées à des difficultés financières et doivent maintenir des protocoles de réduction des coûts. En conséquence, une partie des entreprises va maintenir le gel salarial en 2021, d’autres envisageront des augmentations individuelles ponctuelles. Mais en règle générale, les budgets des augmentations salariales ne vont dépasser en aucun cas 2% en moyenne, tous secteurs confondus.
En revanche, en ce qui concerne les bonus, les entreprises peuvent envisager de fournir des augmentations ciblées ou d’autres formes de récompenses pour les postes sensibles et les hauts performeurs. Toutes les organisations, qu’elles soient en difficulté, stables ou en croissance, doivent appliquer une combinaison d’économie et d’empathie lors de la conception de leur stratégie de rémunération globale.

• Dans de telles circonstances, si les entreprises envisageaient des augmentations salariales, celles-ci peuvent-elles se faire de manière générale ou individuelle ?
Comme signalé plus haut, l’année 2021 sera marquée par une baisse des budgets et une hausse de l’incertitude. L’impact de la crise sur l’évolution des salaires pourrait ainsi être davantage visible en 2021.
Le scénario le plus attendu est que les secteurs qui distribueront les plus faibles augmentations de salaires sont le commerce, l’hôtellerie, l’immobilier, les services, etc., tandis que la grande consommation, l’industrie de la santé et des nouvelles technologies devraient s’inscrire dans la fourchette haute des augmentations de salaires.
Pour 2021, les entreprises devraient davantage individualiser les augmentations salariales, pour attirer et fidéliser les salariés à haut potentiel. La part variable du revenu devrait être particulièrement touchée par la crise, ne serait-ce qu’à cause de la non-tenue des objectifs et de la baisse des performances des entreprises. Les bonus et les primes pourraient également être sacrifiés.

• La façon dont les entreprises aborderont l’évolution des salaires à l’avenir aura un impact sur l’engagement des salariés. A votre avis, quelle serait la stratégie adéquate ?
L’impact de la crise sur les budgets prévisionnels d’augmentation serait maximum en 2021, se résorberait en 2022 pour ne revenir aux tendances historiques d’augmentation qu’à partir de 2023.
Certes, la rémunération, lorsqu’elle est jugée inéquitable ou insuffisante, est souvent considérée comme le principal frein à l’engagement des salariés, mais attention, les études prouvent que lorsque le salaire est satisfaisant, il est loin d’être suffisant pour susciter l’engagement.
D’autres dimensions rentrent en jeu pour susciter un engagement optimal des salariés. On cite notamment les relations sociales. Le lien social est l’un des principaux leviers d’épanouissement au travail. Il a été mis à rude épreuve avec l’épidémie et le confinement. La suspension du travail pour les uns et le télétravail pour les autres ont mis à distance les équipes. Pourtant, il est prouvé que l’engagement affectif des salariés est renforcé grâce aux relations sociales qu’ils entretiennent. Plus ces liens sont forts, plus les collaborateurs sont attachés à l’entreprise. Que l’on accorde des augmentations ou pas, un effort doit être fait pour maintenir le lien social.

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