Carrière
Le pouvoir aux «bisounours» en 2018 ?
Je ne comprends pas pourquoi il est si difficile aujourd’hui d’être généreux et bienveillant au travail (ou même dans la vie tout court) sans être taxé automatiquement de «bisounours». Faut-il se transformer en requin en cravate (ou en talons), être le cynique et égoïste «level pro» du service pour réussir et se faire respecter? Est-on moins intelligent lorsqu’on fait simplement preuve d’humanité ? Je voudrais prouver qu’on peut être à la fois bienveillant et pro. Croyez-vous que c’est possible ? R.Y.- Tanger

C’est non seulement possible mais même inéluctable ! Je suis convaincue comme vous que la bienveillance (et ses «ambassadeurs» les bisounours) sera de plus en plus la norme en entreprise. Et ce pour une raison très simple: on travaille mieux dans un environnement où on se sent en confiance ! Un environnement où on sait qu’on ne guettera pas chacun de nos faux pas pour «prendre plus de place», où les collègues s’entraîdent et SE FONT CONFIANCE, où l’encadrement donne de réelles responsabilités et le droit à l’erreur. Et quand on travaille mieux, on PERFORME PLUS ! Toutes les études le démontrent ! Alors que dans un environnement stressant, où la méfiance et le chacun pour soi règnent, les gens sont tellement occupés à défendre leur pré-carré qu’ils n’ont plus le temps de produire de vrais résultats !
Alors tenez bon: vous avez raison de croire qu’il est non seulement possible de performer en étant bienveillant mais que cela deviendra même une composante indispensable pour y arriver !
Soyez un bisounours éclairé
Bon, ce qui est reproché aux «bisounours» c’est qu’ils seraient tellement pétris de bonnes intentions et émotions qu’ils en oublieraient de «réfléchir», d’être factuel etc. Alors, vous allez devoir en faire un «peu plus» que les autres, voilà tout ! Lorsque vous voulez vendre une idée, ne vous appuyez pas seulement sur vos émotions, ou sur le «bien-fondé» de votre position. Apportez des faits tangibles, des faits BUSINESS surtout ! Cela rassurera les «lucides» et crédibilisera votre argumentation.
Sachez également vous séparer de cette idée tenace qu’un bisounours est une personne crédule, «trop bonne» qui ne sait pas dire non et se fait marcher sur les pieds. Apprenez donc vous aussi à être bienveillant vis-à-vis de vous-même, et à refuser certaines demandes: dire non ne veut pas dire être malveillant, n’est-ce pas ?
Entraînez vos collègues avec vous
Il est vrai que de nos jours, rencontrer quelqu’un de tout simplement bienveillant sans un «agenda caché» en tête est de plus en plus rare. Et c’est pourquoi beaucoup de bisounours restent des incompris au mieux et au pire des personnes taxées d’opportunisme déguisé ! Mais votre «constante bienveillance» finira par avoir raison de leurs doutes et ils s’apercevront qu’il est quand même plus agréable de travailler dans ce type d’environnement et qu’il en va de la responsabilité de chacun d’y contribuer. Alors donnez le ton, mais laissez aussi de la place aux autres «bisounours» pour jouer leurs partitions et à leurs manières!
Ainsi, une expérience que nous avons suggérée chez un de nos clients : chaque semaine, dédier une heure de son temps à aider un collègue sur un sujet quelconque (même s’il s’agit d’une tâche ingrate, voire quelque chose qui n’a rien à voir avec le travail !), une heure de son temps donnée «pour rien». Cette expérience a donné des résultats incroyables sur la qualité des échanges entre collaborateurs, la réactivité, la capacité à gérer certains désaccords !
Enfin, je terminerai avec un de mes «bienveillants préférés» qui a su éveiller nos consciences avec tant de génie en nous révélant l’importance du lien, de la compassion et de l’humanité : «Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n’est plus que violence et tout est perdu», dixit Charlie Chaplin.
Bonne année 2018 des bisounours et des autres !
