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Aïd Al Adha : le prix des moutons varie de 800 à 3 500 DH
50% des abattages annuels ont lieu lors de l’Aïd. Le choix de l’animal à sacrifier est largement déterminé par des considérations régionales, voire individuelles. Le Sardi, éternel favori des Casablancais.

Les évolutions récentes de l’élevage ovin au Maroc convergent, selon les spécialistes, vers deux orientations importantes. Il s’agit d’abord de s’affranchir de la dépendance climatique, ce qui s’est traduit dans tous les systèmes par un surplus d’aliments achetés, particulièrement en périodes de sécheresse. Ensuite, l’essentiel des efforts est dirigé sur les ovins destinés à être valorisés sur le marché spécifique d’Aïd Al Adha. «Cette manifestation engendre en effet plus de 50% des abattages annuels d’ovins et représente donc un marché stratégique pour les éleveurs. Elle donne lieu à un réel transfert de fonds vers le monde rural ainsi qu’à d’intenses transactions sur les ovins, qui n’ont été que peu analysées», explique Mohamed Taher Sraïri, chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat.
En effet, les achats d’ovins lors de cette fête sont opérés directement par les ménages et l’apparence extérieure de l’animal vivant prime à cette occasion, ce qui concourt à des prix de vente généralement supérieurs à la valeur du poids de la viande de l’animal. «A cette occasion, les critères d’achat n’ont plus rien à voir avec ceux des chevillards et bouchers qui sélectionnent sur le poids des bêtes et leur rendement de carcasse prévisible», indique Lmaâti Lkhyati, éleveur de la région Tadla-Azilal, qui estime que les prix cette année varieront de 800 à 3500DH.
7 millions de têtes disponibles
Le secteur de l’élevage ovin est en passe de s’adapter à cette nouvelle donne, qui fait que la viande n’est pas le seul élément recherché. «Le choix de l’animal à sacrifier est aussi largement déterminé par des considérations régionales voire individuelles et chaque chef de ménage, selon ses origines, ses perceptions du standard à abattre et surtout son budget opérera l’achat qui lui permettra de combler les membres de sa famille», poursuit le Dr Sraïri. Les éleveurs ayant compris ces évolutions essaient de s’y conformer en mettant sur le marché des animaux qui plaisent aux acheteurs. Certains phénotypes et races ciblent des marchés spécifiques. «Au Nord, dans les villes de Tanger et Tétouan, les races à gueule de couleur acajou originaires du Moyen-Atlas et de l’Oriental (la Timahdite et la Béni Guil) sont les plus prisées, tandis qu’au niveau du Maroc Atlantique, surtout aux abords de l’agglomération de Casablanca, c’est la race Sardi qui est la plus estimée», explique Lkhyati. Il faut sûrement voir dans ces comportements d’achat des réminiscences d’habitudes de consommation, car la dynamique poussée d’urbanisation du pays a résulté d’un intense exode rural qui a ramené en ville un ensemble de pratiques préétablies dans l’arrière-pays. Par exemple, la race Sardi rappelle l’ovin de sa région d’origine, les plaines de la Chaouia et du Tadla et le plateau des phosphates de Khouribga.
Bref, l’ovin d’Aïd Al Adha acquiert non seulement une dimension festive, mais il symbolise un statut identitaire, expliquant la surenchère dont il est l’objet lorsqu’il s’agit de l’acquérir. Selon le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime, le marché sera suffisamment approvisionné ; 7 millions de têtes, toutes races confondues, sont disponibles.
