Agriculture
Hausse des prix de la volaille : La FISA s’explique
Les prix du poulet poursuivent leur envolée. Une situation qui suscite le désarroi du consommateur marocain qui s’interroge sur les raisons derrière cette flambée.

La filière avicole est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’agriculture marocaine, générant un chiffre d’affaires de 36,9 milliards de dollars, et créant 142 mille emplois directs et 328 emplois indirects en 2022.
Depuis 2008, la consommation des viandes de volaille et des œufs au Maroc n’a cessé d’augmenter pour atteindre respectivement 19.6 kg et 161 unités par habitant et par an en 2022. « La demande de viandes de volaille au Maroc est en constante augmentation et l’offre est également en hausse pour répondre à cette demande croissante », affirme Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA). « Le secteur couvre actuellement 100 % des besoins en viandes de volaille, représentant 55 % de la consommation totale, toutes viandes confondues, et 100 % des besoins en œufs de consommation », ajoute-t-il.
Dernièrement, une opacité entoure le prix de la volaille qui a augmenté de manière «astronomique». L’aliment grandement consommé par les familles aux revenus modestes n’est plus à la portée de tout le monde. Le kilo dépasse désormais 25 dirhams dans plusieurs marchés. Une hausse qui n’a pas laissé de marbre les consommateurs, dont le pouvoir d’achat n’arrive pas à suivre. Plusieurs internautes expriment leur indignation sur les réseaux sociaux, appelant à boycotter la volaille et les œufs. Une situation bouleversante qui a levé le voile sur l’anarchie qui sévit dans le secteur et qui mène à s’interroger sur les véritables raisons derrière cette flambée.
Les prix de la volaille s’envolent, voici pourquoi
La hausse des prix de vente des viandes de volaille et des œufs au Maroc résulte de plusieurs facteurs, selon le président de la FISA, notamment la hausse des coûts de production, la fluctuation des prix des matières premières, essentiellement le soja et le maïs qui représentent 80 % de la formule d’aliments, et le Covid-19. « La crise sanitaire a entraîné la fermeture des hôtels, des souks, ainsi que des voies de commercialisation des produits agricoles en général… Cette situation a provoqué un effondrement sans précédent des prix, notamment ceux des produits avicoles », explique Youssef Alaoui. « Pendant cette période, le prix de vente du poulet était de 6 dirhams le kilo, alors que le prix de revient était de 11,65 dirhams/kg en 2020. De même, la dinde se vendait entre 8,50 et 12 dirhams/kg, alors que le prix de revient était de 14,48 dirhams/kg en 2020. Enfin, le prix de vente de l’œuf a atteint 50 centimes l’unité, alors que le prix de revient était de 0,69 dirham/unité en 2020 », ajoute-t-il. Alaoui affirme que ces prix, du reste très bas, ont entraîné des pertes financières importantes pour les éleveurs, qui ont dû faire face à des difficultés économiques majeures. Nombre d’entre eux ont dû arrêter complètement leur production ou réduire leur activité pour faire face à cette situation difficile. « Malheureusement, cette situation perdure depuis 2020. Il convient également de noter que les coûts de production ont augmenté, en 2022, pour atteindre 16,02 DH/kg pour la viande de poulet, 19,30 DH/kg pour la viande de dinde et 1,02 DH/œuf », précise-t-il.
Quid des intermédiaires ?
Le marché de volaille compte énormément d’intermédiaires qui contribuent, entre autres, à la hausse des prix. Interrogé sur le rôle que joue la FISA pour mettre fin à ces pratiques et réglementer le secteur, son président répond : « Le secteur est confronté à un problème important d’intermédiaires qui ajoutent une marge bénéficiaire considérable entre le prix à la ferme et le prix de vente au marché de gros, entraînant une différence de prix d’environ 3 DH. Pour remédier à cela et améliorer la qualité des produits finaux, la FISA a mis en place une stratégie de développement en aval », soulignant que cette stratégie repose sur plusieurs initiatives, notamment la promotion de l’installation d’abattoirs avicoles agréés de faible capacité, l’encouragement de la modernisation des « Ryachates » pour les transformer en unités d’abattage de proximité de la volaille destinées aux besoins des ménages et comme des points de vente de produits avicoles.
Le président de la FISA révèle qu’il est difficile de prévoir une baisse des prix des produits avicoles à court terme, car cela dépend de nombreux facteurs, tels que la production, la demande, les coûts de production, les prix des matières premières et les conditions économiques globales. « Cependant, des mesures peuvent être prises pour encourager une production plus efficace et moins coûteuse en subventionnant les aliments composés pour la volaille comme ça a été fait pour la vache laitière, ce qui pourrait effectivement conduire à une baisse des prix de la volaille », conclut-il.
