Société
L’écosystème féministe se retrouve pour la deuxième édition des Assises
Promouvoir l’émancipation économique des femmes en débattant des inégalités et des discriminations dont elles sont encore victimes. Une initiative pour sensibiliser à la culture du plaidoyer…

Après une première édition organisée en 2023 des Assises du Féminisme, l’Association pour la Promotion de la Culture de l’Egalité remet cela. Le 17 mai, elle organise la deuxième édition qui vise à fédérer les voix militantes, des chercheurs, des professeurs, des sociologues et des politiques, autour des grands enjeux de l’égalité femmes hommes au Maroc. Cette nouvelle édition s’annonce comme un moment fort de réflexion, d’échange et de mobilisation en faveur des droits des femmes dans un contexte social et politique en pleine mutation. C’est pourquoi le 16 mai, la veille des Assises, l’APCE réunira en conclave environ une soixantaine de personnes, activistes et représentantes des associations féministes, pour «s’interroger sur le rôle des associations et définir ce qu’est le féminisme au Maroc», dit Aicha Zaimi Sakhri.
Avec pour thématique centrale «Les Inégalités économiques et leur Impact sur le Statut et la Condition des Femmes au Maroc», ces deuxièmes assises s’inscrivent dans une logique de continuité, explique Aicha Zaimi Sakhri, fondatrice de l’association, «dans la mesure où l’an dernier nous avons abordé la réforme du code de la famille. Et les points d’achoppement ou qui pose problème concerne l’argent et donc l’aspect économique, notamment l’héritage, le pension alimentaire, la reconnaissance de la paternité qui engage la responsabilité du père et donc ses finances etc… ». Toutes ces inégalités sont en fait des violences à l’égard des femmes, toutes catégories sociales et tous niveaux d’instruction confondus.
Si en 2023, les débats ont permis de mettre en exergue les limitations imposées par le cadre légal actuel sur l’autonomie et la capacité des femmes à participer équitablement à la vie économique, sociale et familiale d’une part et d’autre part, de lancer un appel pour repenser le Code pour mieux refléter les principes d’égalité et de justice, cette édition vise, selon Aicha Zaimi Sakhri, «à approfondir la compréhension des obstacles économiques spécifiques auxquels les femmes marocaines sont confrontées, leurs impacts sur les différentes catégories de femmes dans les milieux rural et urbain».
L’accent sera mis sur la situation économique des femmes
Et de poursuivre que « les deuxièmes assises seront axées sur la femmes rurale, oubliée du Maroc, pour souligner les inégalités qu’elles subissent ». Il faut reconnaître que ces femmes, devenues actrices essentielles du développement rural dans plusieurs régions, restent marginalisées, confrontées à des conditions de vie précaires, un accès limité à l’éducation, à la santé et à la propriété foncière et même à l’héritage ».
L’association pour la promotion de la culture de l’égalité, qui se positionne comme une ONG de plaidoyer, prévoit la publication des recommandations et d’un guide destiné à accompagner l’élaboration des stratégies pour l’autonomie économique des femmes. On notera qu’à l’issue de la première édition des assises, un rapport a été remis à la commission chargée du suivi de la réforme du code de la famille.
Le choix du thème « Les Inégalités économiques et leur Impact sur le Statut et la Condition des Femmes au Maroc», n’est pas fortuit puisque le Maroc occupe, selon le Global Gender Gap Report 2024 du Forum économique mondial, la 137e place sur 146 pays, reculant d’un point par rapport à 2023 avec un score global de 0,628.
Autre indicateur jouant en faveur de cette thématique: la stagnation, durant les dix dernières années, de la participation des femmes au marché du travail : le taux d’activité des femmes a enregistré une baisse régulière de 2013, où il se situait à 25,3%, à 2023 pour atteindre 19,9 % en 2023. Le taux d’activité des hommes, quant à lui, s’élève à 70,4%. Les statistiques officielles révèlent aussi que le taux de chômage féminin reste élevé et se situe à 13,5%. En milieu rural, la situation est encore plus critique, avec 21,8 % de femmes au chômage contre 10,3 % chez les hommes. Parmi les femmes au chômage, 88 % sont diplômées. Ce qui illustre la difficulté d’accéder à des emplois stables même avec un niveau d’éducation élevée. Pour la fondatrice de l’APCE, malgré les efforts dans l’éducation et d’autres initiatives, l’inclusion économique des femmes demeure limitée avec peu d’améliorations significatives dans les conditions de travail ou les opportunités d’emploi.
