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Influences

Vidéo. Zakaria Achkour, la voix qui compte double

Les téléspectateurs ne connaissent pas son visage. Il campe pourtant plusieurs rôles de personnages populaires sur le petit écran : Diablo, Firas, Sinan. Rencontre avec un comédien de l’ombre.

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Zakaria Achkour est comédien,des millions de téléspectateurs sont fans des personnages qu’il interprète, pourtant son visage est inconnu du grand public. Vous l’aurez deviné, Zakaria est doubleur, plus précisément, de séries étrangères diffusées sur 2M. Plus jeune, ce trentenaire natif de Tétouan a un faible pour les séries doublées en darija. «Le personnage de Fréjélito m’a beaucoup attiré, je voulais faire la même chose», se souvient ce jeune licencié en littérature arabe, lauréat de l’Institut de journalisme et des métiers de l’audiovisuel et de l’Institut des Arts dramatiques de Casablanca.
«Tous ces domaines me passionnent et contrairement à plusieurs de mes amis de la fac, j’ai refusé de me lancer dans l’enseignement. Ce n’est pas fait pour moi», martèle Zakaria, qui a cru en ses rêves. «J’ai postulé trois fois sans succès à Plug’In, avant d’être sélectionné pour un casting, suite à une quatrième tentative. C’est un ami, comédien et traducteur, qui m’a encouragé, et je ne regrette pas», poursuit Zakaria qui décroche un premier rôle, en 2008, dans la série américaine «Khoubaraa Manhattan». Par la suite, et à partir de 2009, les contrats s’enchaînent pour plusieurs séries turques et sud-américaines comme Mektoub, 3awdet Al Mountakim ou encore Min Ajal Ibni, où il interprète plusieurs personnages : Diablo, Alsina, Marouane, Evan, Christobal, Firas et Commissaire Ali…

Une voix et six personnages…
Quant à son apprentissage, il s’est fait sur le tas : «J’ignorais tout de ce métier et de ses techniques, mais mon talent de comédien et ma curiosité pour le doublage en darija m’ont permis de réussir en dépit des difficultés et des contraintes techniques et de temps».
Le doubleur est avant tout un comédien qui joue sans public, sans être applaudi, souvent seul dans un studio, empruntant un visage qui n’est pas le sien, mais celui d’un autre acteur, s’imprégnant de ses gestes et de son personnage. Son rôle est de permettre au téléspectateur de s’oublier devant son écran et de ne plus faire attention à la lecture labiale, explique Zakaria Achkour. En bref, d’oublier qu’il regarde une série doublée en darija. Et c’est là que réside la difficulté. D’autant plus que, contrairement à ce que l’on peut croire, les acteurs n’apprennent pas le texte mais le découvrent le jour même de l’enregistrement. «Il est écrit sur un écran et on le lit tout en regardant l’image afin de s’imprégner du personnage, de sa gestuelle et de ses émotions. C’est pourquoi le doubleur doit avoir une mémoire émotionnelle qui lui permet de reproduire les émotions de l’acteur», explique Zakaria Achkour. Un exercice tout sauf évident, car il faut également s’adapter au débit des acteurs, surtout lorsqu’il s’agit de séries brésiliennes. «Les acteurs parlent rapidement et beaucoup, donc pour une bonne synchronisation labiale, nous sommes parfois contraints de rajouter du texte pour l’adapter au débit des acteurs», souligne «Diablo», qui ajoute que la traduction se fait dans une darija neutre, proche de l’arabe afin d’être accessible à un large public.

Vivre sa passion
De l’autre côté de la cabine, l’ingénieur du son dirige la voix et s’occupe de la synchronisation pour un rendu de qualité. «Et quand ce n’est pas bon, on refait la prise jusqu’à obtenir le résultat voulu», souligne ce doubleur très connu auprès du public, à travers les séries et les campagnes de sécurité routière. Présent quotidiennement dans les studios, son travail est minutieusement programmé : quatre à cinq heures d’enregistrement par jour en moyenne en fonction du rôle à jouer. Il faut dire que la cadence est soutenue chez Plug’In, qui enregistre six épisodes par semaine. Le métier fait-il vivre son homme? Zakaria Achkour affirme que oui. «Et dans mon cas, il me permet également de vivre ma passion pour le théâtre et l’animation dans la mesure où le doublage m’a permis de rester en contact avec le milieu artistique», conclut ce doubleur qui annonce qu’il jouera un « rôle particulier et original dans une nouvelle série qui sera prochainement programmée par 2M».