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Vidéo.Tourisme : L’heure est au renouveau et à l’action !
La destination Maroc se rebiffe, l’offre se réinvente et des moyens colossaux sont mobilisés. En parallèle, les grandes chaînes hôtelières scrutent les potentialités du Royaume pour une montée en puissance de la capacité d’accueil touristique. Compte rendu du débat organisé par La Vie éco le 21 mars dernier.

26 millions. C’est le nombre de touristes que le Maroc vise à capter à l’horizon 2030. Un objectif réalisable grâce au nouveau repositionnement de la destination Maroc, porté par une feuille de route ambitieuse et mobilisant d’importants moyens. Dans cette dynamique enclenchée et cet élan de renouveau, l’investissement sera la clé de la montée en puissance de la destination Maroc. En 2022, pas moins de 8,5MMDH ont été mobilisés pour de grands projets touristiques dans le Royaume. Entre 2023 et 2025, ce montant atteindra 9MMDH en moyenne par an, ceci alors que la moyenne des dernières années tournait autour de 7MMDH.
L’investissement bouge
Une chose est sûre, le Maroc séduit et la dynamique des investissements promet de se poursuivre les prochaines années. «Je reçois chaque jour des appels d’investisseurs intéressés par le Maroc. Sans exagérer, je reçois parfois des dizaines d’appels par jour», a lancé Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), le 21 mars 2023 à Casablanca, au parterre de professionnels touristiques, venus nombreux assister au débat de La Vie éco ayant pour thème «Tourisme : quels nouveaux enjeux et quelle vision pour le Maroc?». Hasard du calendrier ! Le jour même, la célèbre chaîne touristique Radisson Hotel Group a annoncé son plan d’expansion sur le continent africain, un programme «où le Maroc figure parmi les marchés clés en 2023», précise le groupe hôtelier.
Il ouvrira cette année de nouveaux hôtels à Casablanca, Taghazout et Saidia. Mi-septembre 2022, le groupe espagnol Barcelo avait, de son côté, annoncé la mobilisation de 500 MMDH pour des investissements touristiques au Maroc. Début 2023, le grand acteur américain, Robert de Niro, a ouvert un hôtel 5 étoiles à Marrakech. Un coup de pub supplémentaire pour la ville ocre.
Un parc hôtelier de 287.000 lits
Les annonces se multiplient et la cadence des investissements s’amplifie. Aujourd’hui, la capacité hôtelière du Maroc avoisine les 287.000 lits, a révélé Imad Berrakad lors du débat de La Vie éco. Le président du directoire de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) a livré une véritable radioscopie du parc hôtelier national. «Près de 60% de cette capacité est destinée au segment du luxe, 16% au moyen de gamme et 18% à l’entrée de gamme. Le reste est alloué à la partie camping», a précisé le patron du bras armé de l’Etat en matière d’investissement touristique. Sur le segment du camping, le Maroc a encore du chemin à faire. «Au niveau de certaines grandes destinations, près de la moitié des arrivées vont vers le camping. En France, par exemple, on réalise 33millions de nuitées sur une partie de clientèle au niveau d’un segment spécifique du camping», tient à comparer Barrakad. Malgré le retard pris par le Maroc sur ce volet et au niveau de plusieurs chantiers touristiques, l’heure est aujourd’hui au renouveau. C’est en tout cas ce qu’ont laissé entendre les intervenants de marque lors du débat de La Vie éco. Représentant les secteurs public et privé, ils ont tous salué la volonté du gouvernement de secouer le cocotier, en adoptant de nouveaux paradigmes et en innovant en matière d’offre touristique.
«Le Maroc offre une diversité d’expériences de voyages. Aujourd’hui, la gastronomie et le culturel ne suffisent plus à eux seuls. Il faut se réinventer et se renouveler. Et c’est là où nous intervenons pour créer des offres innovantes afin d’améliorer l’attractivité de la destination Maroc», souligne Imad Barrakad. Ces offres ont été déclinées dans le cadre de la nouvelle feuille de route du secteur, autour de 9 filières thématiques axées sur le naturel, le balnéaire et le culturel. S’y ajoutent 5 autres filières transverses pour la valorisation et la préservation du patrimoine immatériel.
Un reliftage de l’offre Maroc
Outre ces filières, le ministère du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire travaille, avec la SMIT, sur le renforcement du volet animation. «Au-delà des 14 grands projets d’animation prévus par la stratégie touristique, nous allons promouvoir l’investissement à travers plusieurs petits projets dans toutes les destinations, grâce notamment à l’allocation de subventions et un accompagnement personnalisé. Nous avons commencé par Agadir, Tanger et la région de Guelmim-Oued Noun. L’objectif est de doter, à moyen terme, toutes les régions du Maroc de projets d’animation», a lancé Barrakad. Ceci permettra, sans aucun doute, d’orienter l’investissement vers des écosystèmes et des filières indispensables pour l’émergence d’une nouvelle carte et offre touristiques du Maroc.
Rappelons qu’entre 2010 et 2019, le Maroc n’a généré que 3,6 millions de touristes supplémentaires. Aujourd’hui, la donne a changé. Le chantier du renouveau pour une véritable montée en puissance de la destination Maroc est lancé. Des moyens importants sont mobilisés, des accords stratégiques sont signés par l’ONMT pour le renforcement de l’aérien, les investisseurs se positionnent et l’offre connaît un reliftage. Une mutation s’opère actuellement dans le secteur, armée par-dessus tout d’une volonté sans faille de la plus haute autorité du pays.
Comment renforcer l’animation touristique ?
Maillon indispensable de l’offre touristique, l’animation a toujours été le parent pauvre dans l’offre de la destination Maroc. Aujourd’hui, la donne a changé. Une nomenclature a vu le jour en 2020, définissant clairement ce segment, et une gouvernance innovante a été mise en place par le ministère de tutelle. Ce dernier a pensé un système où toutes les parties prenantes seront impliquées pour l’émergence de projets d’animation dans toutes les régions. Des sociétés de développement régionales seront ainsi créées, en partenariat avec les régions, et qui seront considérées comme des incubateurs d’animation chargés de la mise en œuvre de projets adaptés aux spécificités locales. Une structure d’animation centrale chapeautera le suivi et l’exécution des projets des 12 structures d’animation régionales. Par ailleurs, une banque de projets a été initiée par la SMIT, consultable sur son site internet, en plus d’une application dédiée, et qui seront prochainement étoffées et complétées.
