Influences
Vidéo. Se soigner grâce à l’hypnothérapie
PORTRAIT Zohor El Amrani.
Faisant appel à notre inconscient, cette technique tend à soigner et résoudre différentes problématiques psychiques et somatiques. Visite chez ELAM, le premier centre marocain dédié à la thérapie par hypnose.
Dans un cadre épuré et serein, Zohor El Amrani, Maître hypnothérapeute et Maître-praticienne en programmation neurolinguistique, nous accueille avec un immense sourire, et propose de nous emmener en voyage dans le monde fascinant de l’hypnose et du subconscient. «Du moment où j’ai découvert l’hypnose, je me suis dit qu’il faut absolument transmettre cet outil de développement personnel. C’est juste incroyable d’avoir accès à notre inconscient qui est le réservoir de toutes nos connaissances et toutes nos possibilités», nous confie l’hypnothérapeute. Œuvrant dans le domaine depuis 2011, Zohor décroche son diplôme de l’École de formation professionnelle en hypnose du Québec, à Montréal, et décide, en 2013, de fonder son propre centre «ELAM», avec des concepts innovants et uniques, ayant pour objectif de démocratiser l’hypnothérapie au Maroc. «Cette technique emploie l’hypnose afin d’inciter l’inconscient du patient à trouver des solutions à ses problèmes», relève-t-elle, soulignant que l’état hypnotique est un état naturel et qu’une personne sous hypnose reste consciente et ne peut pas être manipulée. «Il y a beaucoup de fausses croyances concernant cette pratique. Il faut faire la différence entre deux pratiques, l’hypnose qu’on utilise dans un cadre thérapeutique et ce qu’on appelle le ‘Samawi’, cette influence pour manipuler des gens en se basant sur d’autres techniques», ajoutant «qu’on ne peut pas faire quelque chose à l’encontre du système de valeur de la personne. Sous hypnose, on est conscient et on garde notre libre arbitre».
Transformer le négatif en positif
Renforcer la confiance en soi, se libérer d’une phobie, arrêter de fumer, perdre du poids, diminuer l’angoisse, les tics et les TOC ou la dépression, autant de raisons valables pour choisir la thérapie par l’hypnose, qui peut être faite aussi bien avec des enfants dès qu’ils peuvent communiquer, normalement à partir de l’âge de 5 ans ou 6 ans. «C’est un outil efficace pour améliorer notamment la concentration, la rétention de l’information, l’apprentissage, etc.». En plus des problématiques psychiques, cette technique thérapeutique sert également à soulager des troubles somatiques. «Une douleur est un signal sensoriel. On arrive à travers l’art de la suggestion à transformer notre perception. Si on dit, par exemple, à une personne hypnotisée qu’il fait -10 °C, tout de suite, elle va ressentir un froid incroyable. Elle pourra même se mettre à grelotter», notant que «l’hypnose peut être une excellente alternative à l’anesthésie pour certaines interventions chirurgicales».
Dans sa pratique de l’hypnothérapie, Zohor commence par une anamnèse. Elle échange avec le patient pour disséquer ses pensées et détecter ses problèmes. «Au bout d’une demi-heure, on accompagne le patient au fauteuil d’hypnose et on démarre notre superbe séance d’hypnose, qui peut durer de 20 à 25 min, selon le besoin de la personne», explique-t-elle. Il s’agit d’un état de détente profonde et de relaxation, à laquelle l’inconscient devient très ouvert et réceptif à toutes les paroles que l’hypnotérapeute va prononcer. «Ces paroles se font absorber par l’inconscient qui, lui, va venir générer le changement et les nouveaux comportements voulus». Pour renforcer l’impact de la thérapie, l’hypnothérapeute remet au patient l’enregistrement audio de sa séance d’hypnose pour qu’il puisse la réécouter tranquillement à la maison. Par rapport au coût de la séance, l’experte affirme que ça varie entre 600 et 1.200 DH, selon l’hypnothérapeute et sa formation.
Grâce à cette discipline, Zohor El Amrani a mis en place un protocole inédit qu’elle appele «Hypnoéduc». Cinq séances qui permettent l’accélération de l’apprentissage d’une langue étrangère. «Lorsqu’on est sous hypnose, nous faisons appel à notre conscient, qui nous permet de potentialiser ce qui est déjà à l’intérieur de nous. En l’occurrence, notre capacité à nous concentrer, à mémoriser, à mieux s’exprimer et tout cela avec confiance et calme», explique-t-elle.
Formation en hypnothérapie
Après sept ans de collaboration avec l’École de formation professionnelle en hypnose du Québec (EFPHQ), Zohor El Amrani vient d’ouvrir son école à Casablanca, l’Institut supérieur des thérapies brèves (ISTB). Ce centre propose des formations accréditées et reconnues à l’international, dans le domaine des thérapies du bien-être et du développement personnel, notamment l’hypnothérapie, destinée au grand public et également aux professionnels de la santé, de la psychologie et de l’enseignement, ainsi que de l’entreprise. «Par rapport à la formation en hypnose, nous proposons deux niveaux, le premier est “l’initiation à l’hypnose”, une formation de 30 heures, qui nous apprend le phénomène hypnotique et nous fait acquérir des techniques simples qui peuvent servir pour l’auto-hypnose ou pour offrir de l’aide dans des cas comme le stress, les troubles de sommeil ou le tabagisme», précise-t-elle.
Mais on en est encore loin du statut de «Praticien en hypnothérapie». «C’est une formation plus approfondie qui se compose de 12 modules en une année. Afin de valider votre diplôme, un stage clinique de 25 séances d’hypnothérapie est obligatoire», souligne-t-elle. Pour accéder à ce domaine, le plus important pour Zohor est d’avoir une certaine maturité émotionnelle et d’aimer aider les autres. «Dans notre formation, on donne des cours de psychologie humaniste qui aident les futurs hypnothérapeutes à développer leur écoute active et leur empathie». L’experte assure que tant que l’hypnose n’est pas réglementée, ce domaine ne peut pas se développer. «On ne peut pas savoir si l’hypnothérapeute a les capacités nécessaires ou la bonne formation. L’hypnose au Maroc lui manque ce côté légitime et plus sérieux», déplore-t-elle.