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Agriculture

Oléagineux : Pourquoi le Maroc mise sur cette filière?

Le Maroc est familier avec cette culture puisqu’il était un grand producteur d’oléagineux dans les années 90. Tout l’enjeu est de reprendre cette filière compte tenu de ses nombreux avantages en matière de souveraineté alimentaire et d’amélioration des revenus des agriculteurs.

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Les acteurs clés des filières oléagineuses du Maghreb et de la France se sont réunis, lors de la 2e édition des Rencontres Maghreb Oléagineux, la 1re ayant été initiée en Tunisie en 2022.

Organisée sous le thème «La filière oléagineuse : levier de résilience face au changement climatique et aux enjeux de souveraineté alimentaire au Maghreb», Mohammed El Baraka, président de la Folea (Fédération interprofessionnelle des oléagineux) a précisé que les oléagineux ne représentent pas juste des cultures, mais des piliers fondamentaux de la sécurité alimentaire. D’autant qu’elles répondent à des problématiques agricoles. «Elles peuvent être cultivées en rotation avec d’autres cultures, notamment le sucre et les céréales», ajoute El Baraka.

En effet, elles contribuent non seulement à augmenter les rendements de ces cultures, en laissant des résidus qui enrichissent le col en matière organique, mais également à assurer des revenus supplémentaires aux agriculteurs. De plus, elles trouvent des débouchés dans les usines de trituration à travers les tourteaux et participent aussi à l’amélioration des rations alimentaires des animaux.

Le Maroc a pris conscience de l’intérêt et des enjeux énormes de cette culture, il y a bien longtemps. D’ailleurs, elle n’est pas nouvelle au pays. Comme l’a rappelé Mustapha Chehhar, directeur du Domaine Vert, Groupe Crédit Agricole du Maroc : «la culture des oléagineux est passée par trois phases : la 1re, qui s’est étendue de 1980 à 1993, était une période d’expansion où il y avait des barrières douanières sur l’importation des tourteaux et des huiles. La superficie avait atteint, pour la seule culture du tournesol, plus de 200.000 ha, pour une production de 165.000 tonnes de graines». D’autant que l’opérateur Comapra (Compagnie marocaine de commercialisation de produits agricoles) jouait un rôle important dans la fourniture des semences, la collecte de la production et l’encadrement de la filière.

Retournement de tendance de 1996 à 2012 avec la libéralisation de la filière et l’arrêt de tout soutien étatique à cette culture. «Un désintérêt flagrant des agriculteurs a marqué cette période. La superficie cultivée des grains de tournesol avait fortement reculé et la production ne dépassait pas 5.000 tonnes», ajoute Chehhar.

Ce n’est qu’à partir de 2013 que la culture a commencé à renaitre de ses cendres avec la signature du 1er contrat-programme entre l’interprofession (Folea) et le gouvernement, dans le cadre du plan Maroc Vert. Actuellement, le taux de croissance annuel moyen de la production est de 7% avec des superficies de 18.000 ha pour le tournesol et 10.000 ha pour le colza.

Le 2e contrat-programme qui rentre dans le cadre de la stratégie Génération Green est qualifié de prometteur et réaliste. Rappelons qu’il vise à atteindre une superficie de 160.000 ha et une production de 268.000 tonnes.

Pour cela, des défis restent à relever, dont l’élargissement de cette culture aux agriculteurs de petite taille. Notons qu’une exploitation moyenne de tournesol est d’une superficie de 30 ha contre 120 ha pour le colza. Il s’agit également de l’approvisionnement en semences, de l’accessibilité aux moyens de production, au matériel et au conseil agricoles.

Tout l’enjeu alors est de développer une agriculture plus compétitive mais plus résiliente également.