Influences
Mehdi Nafti : «Il ne faut pas voir la Botola comme petite par rapport au championnat espagnol…»
«Je me suis vite renseigné à propos du Wydad. Et dès qu’on évoque le club, on pense à ses supporters». Ainsi parle le nouveau coach de son nouveau club le WAC avec lequel il affrontera, sans complexe, la Coupe du monde des clubs.

Âgé de 44 ans, Mehdi Nafti a récemment été désigné entraîneur du Wydad. Le coach franco-tunisien a déjà dirigé plusieurs équipes en Espagne comme Leganes, Marabella FC ou plus récemment le club de Levante. Mehdi Nafti va devoir relever plusieurs défis dans un club exigeant où le public demande et le résultat et la manière. La mission de Nafti est tout sauf une sinécure. Explications.
Comment avez-vous été approché par le Wydad ? Votre ami, Walid Regragui, a-t-il joué un rôle ?
Tout s’est fait en moins de douze heures. Tout est allé très vite. Le premier janvier à midi, j’avais organisé un repas de famille et un ami avec qui je maintenais des contacts m’a appelé et m’a demandé si l’idée d’entraîner le Wydad de Casablanca m’intéresserait… Comme j’ai démarré la saison avec Levante en Espagne – où on n’a le droit d’entraîner qu’un seul club par saison – je me trouvais dans l’obligation de sortir de l’Espagne. Je me suis vite renseigné à propos du Wydad, grand club, champion en titre du Maroc et champion d’Afrique. Et dès qu’on évoque le Wydad, on pense directement aux supporters. C’est un public auquel je m’identifie, car je suis quelqu’un qui vit son métier avec énormément de passion. Le soir même j’ai pris l’avion, j’ai rencontré le président et le lendemain tout était réglé…(sourire). Quant à Walid Regragui, je ne pense pas qu’il y était pour quelque chose dans un premier temps. Après… que le club ou le président aient discuté avec lui, pendant les démarches, c’est possible qu’il aurait donné un avis.
C’est un peu dans les mêmes circonstances, il y a dix ans, que votre concitoyen Fouzi Banzarti avait pris les rênes du Raja quelques jours seulement avant le Mondialito. Qu’en pensez-vous ?
Oui c’est une coïncidence, je ne connais pas Banzarti personnellement, mais je connais l’entraîneur. On m’a dit qu’il a parlé de moi en bien donc c’est toujours gratifiant de recevoir des éloges de coachs qui ont réussi.
Comment préparez-vous le Mondialito et la possibilité d’affronter des géants du foot ?
Je l’ai répété pendant plusieurs conférences de presse, je n’y pense pas. A l’heure actuelle, ça «ne m’intéresse pas», tout ce qui m’intéresse c’est le match à venir. Quand j’ai vu le tirage au sort, bien évidemment on rêve, on imagine et on se pose des questions avec le staff, genre « tu imagines une finale contre le Real Madrid?» ou n’importe qui d’ailleurs, «tu imagines si on gagne ? Que dans un mois on pourrait être champions du monde»… Puis la réalité revient et on repense aux entraînements et au match imminent. Car la meilleure manière de préparer une compétition c’est de gagner les matchs de championnat, donc on ne pense réellement qu’à gagner au championnat.
Est-ce que vous connaissiez la Botola auparavant ?
Du tout. Ni le championnat marocain ni le tunisien. Vous savez, quand on entraîne un club on a des priorités. On est tellement submergé par le travail qu’on n’a plus le temps de suivre un autre championnat, si ce n’est comme un amateur de football devant sa télé. On a fait un apprentissage express, surtout sur le premier match, le deuxième et le troisième… On a un bon staff et je suis bien entouré, et donc je reçois beaucoup d’informations en très peu de temps.
Quelles sont vos premières impressions au sujet des équipes marocaines ?
Pour l’instant, et d’après les matchs que j’ai regardés de la Botola, je peux dire que je ne vois pas de grande différence ou une supériorité énorme des clubs supposés être très grands comparativement aux «clubs qui jouent le maintien ou le bas du tableau», je ne vois que des 2-1, 1-0…, beaucoup de buts marqués dans les dernières minutes. Maintenant, j’imagine que lors des matchs retour, les différences se marqueront un peu plus. Mais pour le moment, aucune équipe du bas du tableau ne m’a déçu et aucune du haut du tableau ne m’a impressionné. Jusqu’à présent, je n’ai pas encore vu de match exceptionnel, j’ai vu beaucoup d’équilibre en ce qui concerne le niveau.
Une comparaison à faire entre les championnats marocain et espagnol ?
Il ne faut surtout pas voir le championnat marocain comme plus petit par rapport au championnat espagnol, vous avez l’exemple de la Coupe du monde il n’y a pas si longtemps que ça. Il ne faut pas se considérer petit. C’est vrai que tactiquement il y a du boulot, mais chaque championnat a ses avantages et ses inconvénients. Je trouve que le championnat marocain est beaucoup plus intense physiquement que le championnat espagnol, je parle de la deuxième division de la Liga, je trouve que les joueurs font beaucoup plus de course, sont plus généreux dans les efforts. Ici il y a de la fraîcheur, il y a des joueurs qui prennent des risques, il y a de très belles séquences de jeu à voir…
Vous ne vous dites jamais que vous risquez gros en cas d’échec, notamment pour votre carrière ?
Je suis entraîneur depuis maintenant six ou sept ans et je vis au jour le jour et je ne me pose pas les questions genre «et si on cas d’échec ?». Mon seul objectif c’est d’être à la hauteur des espérances du club, à la hauteur de l’ambition des supporters et faire progresser mes joueurs.
Avec la sélection tunisienne, vous avez joué contre le Maroc en finale de la Coupe d’Afrique 2004… Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?
C’est l’un des plus beaux, si ce n’est le meilleur des souvenirs que j’ai dans ma carrière en tant que footballeur. Gagner une Coupe d’Afrique n’est pas donné à tout le monde, d’autant que c’était chez nous devant notre public et nos familles… C’était un beau match entre deux équipes du Maghreb et puis il y avait des amis dans cette équipe du Maroc comme Regragui, Naybet, Ouaddou, El Karkouri, Safri, Jaouad Zairi, Chamakh…
Vous venez de vous installer à Casablanca, comment vous trouvez la plus grande ville du Maroc ?
Pour l’instant, Casablanca c’est les bouchons, le trafic, l’hôtel et le boulot. Ma famille vient de me rejoindre et nous allons essayer de nous installer le plus vite possible pour avoir notre petit confort et trouver nos marques.
