Affaires
Dessalement : Le privé s’organise
Plus de 300 décideurs, experts et industriels réunis à Agadir autour de la question du dessalement et des énergies renouvelables lors d’une conférence internationale organisée par la FENELEC. Un écosystème à construire et des opportunités de business à saisir dans un chantier d’avenir

«Il n’y aura pas de développement durable sans accès sécurisé à la ressource en eau et il n’y aura pas de dessalement viable sans efficacité énergétique, innovation locale et coopération régionale». C’est autour de ces questions que la FENELEC (Fédération nationale de l’Electricité, de l’Electronique et des Energies renouvelables) a démarré ce matin à Agadir un forum sur le dessalement et les énergies renouvelables.
Le choix de la thématique et du lieu n’est pas fortuit. Le dessalement est aujourd’hui une nécessité pour une croissance durable. Et le Souss Massa abrite actuellement la plus grande station de dessalement d’eau de mer du royaume. Le programme national de dessalement est aussi un potentiel business pour les entreprises.
Comment capter un maximum de valeur ajoutée de ces programmes d’investissement liés au dessalement et aux énergies renouvelables, c’est une des questions soulevées par Ali El Harti, président de la FENELEC.
Dans ce contexte, l’intervenant a cité un passage du discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du 29 Juillet 2024 à l’occasion de la fête du Trône : «Pour produire de l’eau, les stations de dessalement doivent être alimentées avec de l’énergie propre. C’est pourquoi il faut accélérer la réalisation du projet d’interconnexion électrique qui vise à acheminer l’énergie renouvelable, à partir des provinces du sud, vers le Centre et le Nord. A cet égard, Nous appelons au développement d’une industrie nationale de dessalement de l’eau, à la création de filières de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés, à l’encouragement de la constitution d’entreprises nationales spécialisées dans la réalisation et l’entretien des stations de dessalement».
Les Directives Royales appellent ainsi au développement d’une industrie nationale du dessalement, alimentée par des énergies renouvelables en particulier à partir des provinces du Sud. Des projets phares illustrent cette ambition, notamment : La station de Dakhla, alimentée à 100 % par énergie éolienne, produira 37 Mm³/an dont 30 pour l’irrigation. La station de Casablanca, en cours de construction, deviendra la plus grande d’Afrique, avec une capacité de 300 Mm³/an, elle aussi 100 % alimentée en énergie propre, a exposé, Abdelfetah Sahibi, secrétaire générale du ministère de l’Equipement et de l’Eau.
Pour rappel, le Maroc dispose aujourd’hui de 17 stations de dessalement opérationnelles, produisant environ 320 Mm3/an, destinés à l’eau potable, à l’irrigation et à l’industrie. En plus des projets de dessalement existants, 4 projets sont en cours de réalisation (stations de dessalement: Casa, jorf lasfar, safi et dakhla) pour une capacité de production totale de 532 Mm3/an. Afin de structurer et d’amplifier cet effort, le ministère de l’Équipement et de l’Eau, en partenariat avec différents acteurs, a élaboré un programme national ambitieux.
Ce programme intègre 13 projets de dessalement répartis dans plusieurs zones stratégiques, notamment Rabat, Tanger, Essaouira, Tan-Tan, Guelmim, Boujdour, ainsi que les régions du Souss Massa et de l’Oriental. L’objectif est d’atteindre une capacité de production de plus de 1,7 milliard de mètres cubes par an d’ici 2030, ce qui garantira la satisfaction de plus de 50% des besoins en eau potable de notre pays.
Cette ambition soulève cependant des défis importants, en particulier la consommation énergétique élevée des unités de dessalement, qui pèse directement sur les coûts de production. C’est pour cette raison que le département ministériel en charge de l’Eau a fait le choix de l’intégration des énergies renouvelables comme levier de durabilité et de rentabilité, souligne Abdelfatah Sabihi. Il est question en effet de mettre en place un dessalement plus propre, plus efficient, et plus résilient, conformément à la Vision Royale.
Cette démarche doit cependant s’accompagner de programmes de formation spécialisés pour les techniciens, ingénieurs et opérateurs et de soutien à la Recherche et Développement nationale. Objectif de la démarche construire un écosystème national à travers la mise en place d’une industrie nationale de dessalement pour le renforcement de l’autonomie nationale en la matière. Et cette conférence est un pas de plus pour bâtir un modèle de dessalement efficient pour une gestion durable des ressources en eau.
